vendredi 4 février 2011

Histoire de l'impression sur étoffe par Jacqueline Thomé-Jacqué et Véronique de Bruignac.


Si vous êtes de passage ou en vacances du côté de Tarascon, allez faire un tour au Musée Soulieiado (on prononce souleiade'), encore appelé Musée du tissus provençal au centre ville de la cité. Ou bien alors, si vous êtes un, ou une passionnée de l'histoire des tissus, feuilletez avec moi l'ouvrage que je mets à le vente aujourd'hui et qui est le fruit de la collaboration de deux grandes régions de l'impression sur étoffe : le Japon et la région Alsace-Lorraine.

Revenons à Tarascon. Notre musée retrace l'histoire de l'étoffe en Provence. Je vous en rappelle les grandes lignes :


L'histoire de Soulaiedo débute à la fin du XVIème siècle. Arrivent sur le port de Marseille des tissus en coton de provenance indienne aux coloris très vifs. Ces cotonnades frappent les négociants par l’inaltérabilité de la teinture, le lavage ne faisant qu’aviver les couleurs. Elles sont alors destinées au marché national et à l’exportation. En 1648, dans un contexte de pénurie d’indiennes, s'ouvre à Marseille le premier atelier d’indiennage. Ces cotonnades sont principalement destinées aux gens du peuple qui ne peuvent s’offrir les belles et véritables indiennes importées.


La vogue de ces tissus se développe fortement à partir de la création de la Compagnie des Indes Orientales par Colbert en 1664. La haute bourgeoise s’arrache alors ces étoffes, Madame de Sévigné lance la mode à la cour de Louis XIV. En 1669, Colbert affranchit le port de Marseille favorisant les importations. Les indienneurs marseillais n’ont plus le choix. Pour conserver leurs clients, ils doivent progresser en qualité. Dès 1672 ils font venir avec l’appui de Colbert à Marseille une colonie de négociants et de techniciens arméniens dont le savoir-faire est reconnu depuis des siècles.


La mort de Colbert en 1683 va changer la donne et la situation devient plus aiguë avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685 qui provoque une fuite d’argent et de compétences hors du royaume. Pour lutter contre la crise économique qui s’installe, en octobre 1686, Louvois fait prendre par Louis XIV un arrêt de prohibition visant les toiles peintes aux Indes ou "contrefaites dans le royaume". L’objectif est de mettre un terme à la vogue des indiennes et de protéger les grandes industries textiles françaises que sont le lin, la soie et la laine. Avec cet arrêt c’est non seulement la fabrication, mais aussi le commerce et l’usage des cotonnades imprimées qui sont interdits.


La prohibition prend fin en 1759. Une fiscalité défavorable et des salaires plus élevés, provoquent alors une délocalisation des entreprises marseillaises d'importation vers la Provence, et de là, le développement d’une véritable industrie des toiles peintes dans toute la France. Les importations des Indes lourdement taxées sont alors progressivement remplacées par la production nationale. Ces cotonnades imprimées légères, d’un prix modique, faciles d’entretien, aux motifs floraux et aux couleurs chatoyantes envahissent la France, mais c’est le marché provençal qui restera toujours le plus important, les provençaux en faisant grand usage.


Au début du XIXème siècle, le déclin de la foire de Beaucaire et la rude concurrence alsacienne et anglaise entraîneront sa disparition progressive jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une seule fabrique d’indiennes provençales au début du XXème siècle, Souleiado à Tarascon, qui vivotera jusqu'en 1916. C’est un pharmacien de Beaucaire, Charles Henri Deméry, tombé littéralement amoureux de cette manufacture, qui décide de la sauver. Elle va, grâce à lui, prospérer sous l'impulsion de son fils Charles Demery. Elle survivra après sa disparition. En avril 2009, Souleiado est reprise par Daniel et Stéphane Richard, provençaux d’origine, qui décident de lui réinsuffler un peu de vie.


Sur les lieux même de l'entreprise familiale, le musée, fondé le 4 juillet 1988, mêle les souvenirs de la fabrique Souleiado, tout en retraçant l'histoire passionnante de l'impression sur étoffe qui s'instaura en Provence au 18e siècle. Comme une leçon de chose, le visiteur découvrira avec intérêt les secrets de la fabrication des célèbres Indiennes et l'utilisation de ces étoffes au travers des traditions populaires provençales. L'ouvrage magnifique et superbement illustré que je vous présente est réservé aux passionnés de l'histoire des étoffes, bien sûr ! Pierre


THOME-JACQUE (Jacqueline). Chef-d'œuvres du musée de l'impression sur étoffes, Mulhouse. Publication dirigée par Jacqueline Thomé-Jacqué, conservateur du musée de l'impression des étoffes à Mulhouse avec la collaboration de Véronique de Bruignac et une rédaction de Takahiho Sano. Tokyo, édition Gakken, 1978. 3 tomes in folio. Reliure percaline bleue. 4eme plat orné d'une pièce de titre en français et lettres dorées avec un motif de bouquet bleu roi, ce 4eme plat étant aussi le premier plat puisque l'ouvrage peut se lire indifféremment en japonais ou en français… Jaquette rigide transparente. Contreplat et page de garde en papier façon toile de Jouy. Dos orné d'une pièce de titre en lettres japonaises et d'une tomaison en chiffre arabe. Etui en percaline bleue orné d'une illustration centrale d'une étoffe.
Tome I : Planches : Alsace et France autre que Jouy + Texte. XXXVII, 243pp.
Tome II : Planches : France,Jouy et Nantes, Grande-Bretagne, Europe, Inde et perse, asie centrale + Texte. XXIV, 247pp.
Tome III : Planches : Dessins alsaciens, de Jouy et atelier de Schaub, Empreintes d'alsace de Zuber, de Jouy et de Grande-Bretagne+ Texte. XXVII, 233pp.
Ouvrages en excellent état. Dos et tranche supérieure des étuis légèrement insolés. Cet ouvrage complet de ses trois tomes est peu fréquent à la vente. Référence sur l'histoire des étoffes. Vendu

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Un monument de culture internationale et une belle histoire De Famille et d'Artisans Entrepreneurs.. J'adore.
Si vous voulez bien me le reserver pour dans 3 mois... je vous l'achète.Sinon, je n'ai plus qu'à espérer que personne ne vous le prenne.

Merci Pierre.
Bien à vous;
Sandrine

Nadia a dit…

Très intéressant cet historique d'une si célèbre fabrique.

Bon w. end à tous.