mercredi 20 octobre 2010

Edition Alphonse Lemerre : Poésies d'Alfred de Musset


Restons un peu dans la poésie du 19eme siècle avec les œuvres d'Alfred de Musset.

Un lecteur me demandait, hier, si je connaissais le nombre d'auteurs édités par Alphonse Lemerre dans le format in-16, si caractéristique de la maison.

- Chez les grands auteurs, anciens, classiques et romantiques, j'ai compté 18 écrivains.
- Chez les auteurs contemporains autres que les parnassiens, j'en ai compté 17 avec plusieurs tomes par auteur
- Il faut ajouter quelques anthologies.

Il est raisonnable de penser qu'un collectionneur qui voudrait posséder tout ou partie des ouvrages imprimés par Alphonse Lemerre, en format in-16, aurait une petite centaine de livres de l'éditeur sur ses étagères. En reliure éditeur (demi maroquin à coin, demi chagrin…), l'effet doit être réussi. Ce même lecteur quant à lui possède des éditions plein cuir (plein maroquin) quelquefois signées. Quelle chance !


Parlons d'Alfred !

Musset, né à Paris en décembre 1810, est issu d’une famille aisée et cultivée. À partir de 1828, il fréquente le cénacle romantique de Charles Nodier (1780-1844) après avoir entrepris des études (restées inachevées) de droit et de médecine.

Il connaît un échec en décembre 1830 avec sa première comédie en prose, La Nuit vénitienne. Dès lors, il prône le « théâtre dans un fauteuil », c’est-à-dire un théâtre destiné à être lu (et non pas à être représenté sur scène). Pourtant, Lorenzaccio avec Gérard Philippe, c'est quelque chose !


Il rencontre George Sand (1804-1876) en 1833 et séjourne avec elle en Italie. Ils rompent définitivement avec le passé en mai 1835 tout en entrant dans l'histoire de la littérature… Musset a été bibliothécaire au ministère de l’Instruction publique et a été élu à l’Académie française en 1852. Il est mort à Paris en mai 1857.

Les œuvres poétiques que je présente dans ces deux recueils sont : Contes d'Espagne et d'Italie - Poésies diverses – Spectacle dans un fauteuil – Namouna – Rolla – Les nuits – Poésies nouvelles – Contes en vers. Pierre


MUSSET (Alfred de). POESIES 1828-1833. Editions Alphonse Lemerre à Paris. 404pp, In-16. Contes d'Espagne et d'Italie - Poésies diverses - Spectacle dans un fauteuil - Namouna. Reliure de l'époque demi maroquin lie de vin à coins, double filet séparateur frappé or sur les plats, dos à nerfs ornés d'un filet poinçonné frappé or, caissons fleuronnés encadrés d'un double filet frappé or et agrémentés de motifs végétaux frappés or en coins, titre frappé or encadré d'un filet doré, coiffes ornées de multiples filets rectilignes et filets en poinçons frappés or, tête dorée. Le texte est décoré de bandeaux, lettrines et culs-de-lampe gravés sur bois.

MUSSET (Alfred de). POESIES 1828-1833. Editions Alphonse Lemerre à Paris. 404pp, In-16. Rolla - Les Nuits - Poésies nouvelles - Contes en vers. Reliure de l'époque demi maroquin lie de vin à coins, double filet séparateur frappé or sur les plats, dos à nerfs ornés d'un filet poinçonné frappé or, caissons fleuronnés encadrés d'un double filet frappé or et agrémentés de motifs végétaux frappés or en coins, titre frappé or encadré d'un filet doré, coiffes ornées de multiples filets rectilignes et filets en poinçons frappés or, année d'édition frappée or sur la coiffe inférieure, tête dorée. En frontispice, un portrait en médaillon de l'auteur gravé sur acier sous serpente par Martinez d'après David. Le texte est décoré de bandeaux, lettrines et culs-de-lampe gravés sur bois. Bel exemplaire. Vendu

19 commentaires:

Textor a dit…

Alfred de Musset est surtout connu pour avoir été le bibliothécaire du ministère de l'Intérieur sous la Monarchie de Juillet, puis celui du ministère de l'instruction public.
S'il était biliothécaire, cet homme là ne devait pas être foncièrement mauvais !

T

Pierre a dit…

Nous sommes d'accord mais je crois qu'il est plus connu comme amant de Georges Sand à qui il faisait cette déclaration ;-))

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez -vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cour
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

calamar a dit…

la reliure éditeur est vraiment assez flatteuse, pour cette catégorie d'ouvrages. Mais je trouve que le rognage (est-ce bien le bon terme ?) n'est pas parfait, le feuilletage n'en est pas facilité.

Pierre a dit…

C'est une présentation fréquente sur les "Lemerre" qui permet de garder les ouvrages à grandes marges. Seule la tranche supérieure est dorée pour empêcher la poussière de rentrer.

Ce procédé fait "grand papier". Les différences de format sont minimes et l'ouvrage se lit facilement contrairement aux vrais "grands papiers".

Si quelqu'un peut m'expliquer le pourquoi de ces "grands papiers", je suis preneur. Un billet là dessus ? Pierre

Anonyme a dit…

Les papiers du tirage de tête peuvent être grands à la fois par la qualité et par la taille, celle-ci étant souvent supérieure à celle du tirage courant. Si le texte est réimposé pour les grands papiers, les marges restent régulières, dans le cas contraire les marges sont dissymétriques et conduisent à des décalages parfois considérables en queue et en gouttière. Au moment de la reliure trois attitudes sont possibles : 1° - on ne rogne rien du tout sauf la tête qui normalement est dorée, 2° - on rogne partiellement pour réduire le décalage, 3° - on dresse parfaitement les trois tranches. C'est une question de choix personnel.

Pour les Musset édition Lemerre, il ne s'agit pas de décalages comme ceux rencontrés sur les grands papiers, là aussi le rognage est strictement affaire de goût, pour ma part je préfère laisser intactes les tranches de queue et de gouttière plutôt que de les voir "tondues au bol", parfois j'applique un très léger ponçage pour éliminer l'herbe qui dépasse trop.

Je suis loin d'être un expert infaillible et si je suis dans l'errance je n'en voudrai à personne de me contredire et de me corriger.

René de BlC

Pierre a dit…

Merci pour vos précisions, René, et je suis comme vous qui n'ose présenter un billet sur un sujet que je connais mal. Mais j'aimerais apprendre...

J'ai acheté, il y a quelques années de cela, les "cahiers" de Montesquieu chez Grasset en édition grand papier pour les lire. Je peux vous dire que l'expérience m'a fait arrêter tout de suite l'achat de ce type d'ouvrage (N°9 sur vélin pur fil). En gouttière l'écart irrégulier peut être supérieur à 3 cm, le livre s'écrase donc en gouttière naturellement, c'est plus difficile à couper au coupe-papier et ensuite cela fait un décalage inesthétique dans les rayonnages.

Maintenant, voyons les avantages... Qui peut m'aider ? Pierre

Nadia a dit…

Pierre, faites vous aussi de la reliure, parmi vos activités ? si oui, à l'occasion, j'aimerais bien voir ça. Ou sinon, je vous demanderai l'adresse d'un relieur. J'ai dû aller sur Google faire une recherche pour voir ce qu'étaient donc ces queues, gouttières... voilà un monde bien mystérieux pour moi.

Ce matin, je lisais un article dans un magazine qui proposait un comparatif pour l'achat de livres numériques, et je me suis dit que c'était impensable pour moi... ne pas avoir la sensation du papier entre les mains, l'odeur, la texture, toute cette noble matière.

Et en plus, je déteste lire sur un écran !

Anonyme a dit…

Voici mon humble avis de relieur amatrice : nul besoin de chercher les avantages des témoins (en reliure on appelle témoins les écarts de hauteur ou de largeur des feuillets), si un livre a des témoins il conviendra pour le relieur traditionnel de les respecter, donc d'éviter le rognage. Et si on veut éviter que la poussière ne pénètre le livre, on fait le ménage souvent avec un joli plumeau! Un léger ébarbage en gouttière peut être envisageable toutefois. Le relieur devra combler les cahiers un à un pour obtenir une masse harmonieuse après la cousure, opération très longue et un peu ingrate. L'idée est de conserver au maximum le livre "dans son jus" et d'intervenir le moins possible sur sa structure.
Nadia, si vous voulez des renseignements sur la reliure, je suis la femme qu'il vous faut!
Aimée

Nadia a dit…

Merci bien, dame Aimée...
Et vous reliez où ?

Pierre a dit…

Je confirme qu'Aimée est à la fois compétente, désintéressée et sympathique, Nadia (bon ! je sais, cela fait un peu brosse à reluire).

Je pense aussi qu'un léger ébardage en gouttière quand on a plus de 3cm de différence entre les feuilles, même s'il ne respecte pas la volonté de l'éditeur facilite la lecture - qui est une des composantes non négligeable du livre ;-))

Je vous envoie vos coordonnées respectives en externe. Il doit bien y avoir un ouvrage technique de référence à conseiller à Nadia. Pierre

Pierre a dit…

Et en plus, je déteste lire sur un écran !

Je réalise que j'impose la torture à mes lecteurs car moi aussi, en dehors du côté recherche et diffusion de l'information, en dehors du côté commercial qui s'appuie sur mes billets, je n'aimerais pas lire un livre sur un écran :-((

Nadia a dit…

Nous nous faisons bien volontiers torturer par vous, très cher Pierre... il est certaines douleurs qui peuvent être délicieuses...


(brosse à reluire, bis).

Nadia a dit…

D'accord pour un ouvrage, pour mieux saisir toutes les subtilités de la reliure, mais j'avoue que je préfèrerais voir, sentir, observer, discuter...

Textor a dit…

Puisqu'on en est aux bonnes adresses, j'aimerais bien avoir celle où l'on trouve un plumeau efficace ! Mon édition du IIIéme voyage de Cook est sur grand papier - je le découvre en lisant vos commentaires - du coup, on dirait un in-folio pour cette EO qui est in-8 je crois. Mais alors, bonjour la poussière ! il y a plus de bêtes dans les ébarbures que le capitaine Cook n'en a jamais rencontré dans toutes ses expéditions !
T

Lauverjat a dit…

Bonsoir,

Conserver le plus possible le livre dans son jus conduit cependant à des horreurs. Dans les années 20-30, les grands papiers présentent parfois des débords irréguliers en gouttière monstrueux. J'ai dans les mains un roman in-8 sur hollande de 182 mm x 116 mm dont des feuillets débordent de 60 mm, le relieur a tout conservé. Avec les chasses, le format du livre devient carré et avec le temps les plats se sont pincés inventant un nouveau type de reliure : la reliure "bec de canard"! ;))
Pour moi un texte réimposé et bien positionné sur un papier de qualité et de grand format donne beaucoup d'élégance au livre, en revanche un papier qui déborde outrageusement la composition n'apporte rien sinon la perte de l'équilibre de la page et les bizarreries sus-dites.

(Chasse = partie intérieure de la reliure qui dépasse les tranches)

Lauverjat

Textor a dit…

Bec de canard ? Chasse ? Lauverjat, votre commentaire cynégétique est bien vu . J'ai déjà croisé ce genre de reliure en bec de canard, c'est affreux! Je pense tout pareil. Un texte réimposé est souvent plus élégant.

Nadia a dit…

J'ai une question de néophyte (encore)... ne peut-on pas adapter la reliure aux pages ? ces fameux grands papiers ne peuvent être contenus dans une reliure à la bonne dimension ?

Pierre a dit…

Merci Lauverjat pour cet exemple qui montre bien que le mieux est l'ennemi du bien... Mes témoins en gouttière de 35mm semblent presque dérisoires pour le coup et j'aurai moins de pudeur à vous le présenter dans l'avenir ! L'effet sur la reliure auquel je n'avais pas pensé devrait faire réfléchir les propriétaires.

Sans rire ! J'ai essayé les plumeaux qui retiennent la poussière ;-(( Le mieux est le chiffon... Pierre

Pierre a dit…

Le problème avec les grands papiers (on les dit grands par la qualité), c'est que les feuilles sont cousues sans que le papier soit raboté (ébarbé, rogné) pour que toutes les pages soient au même format. Je sais ! Cela va vous paraitre ridicule mais les bibliophiles aiment çà car on se rapproche de la présentation originelle de la feuille pliée au départ...

Donc le reliure dépasse des feuilles les plus grandes de façon normale - cela se comprend - mais dépasse aussi de beaucoup - trop - les pages qui sont d'un format plus petit. Je vous envoie une photo samedi.

Aimée va se régaler de vous dévoiler tout çà, d'autant qu'elle est spécialisée dans la reliure qu'elle pratique de façon amateur ! Après çà, vous croirez que les bibliophiles ont, quelquefois, l'esprit un peu tordu ;-))

Mais vous apprendrez aussi qu'ils sont très respectueux du travail des artistes et artisans du livre. Pierre