mardi 26 octobre 2010

Les "Cahiers verts" de chez Grasset. La vie littéraire des années 20…


On retrouve parfois chez les bouquinistes (plus que dans les librairies anciennes) une collection d'ouvrages à la présentation semblable qui a marqué le début du siècle : Édition numérotée à grands tirage sur vergé bouffant + quelques grands papiers pour les collectionneurs, grandes marges, typographie claire, pas d'illustrations, que du texte réservé à des auteurs contemporains… Il s'agit des "Cahiers verts" édités par Grasset, avec la contribution de Daniel Halevy, son responsable (directeur de la collection des Cahiers verts aux Éditions Grasset de 1921 à 1937).


Je ne pense pas que l'on puisse parler d'ouvrages de bibliophilie pour ces livres car leurs succès ont permis sur de grands tirages. Ils ne seront donc jamais rares…ni chers… ce qui désespère un libraire avide de spéculation comme moi. Bon ! J'en ai… Je vous les présente ;-))


Né en 1881 à Montpellier, Bernard Grasset monte à Paris et s'installe rue Gay-Lussac, avec son ami Louis Brun. Il fréquente le Café Vachette où il rencontre Moréas, Faguet, Giraudoux... En 1907, il fonde « Les Editions Nouvelles » et publie son premier livre Mounette, suivi de plusieurs autres, souvent à compte d'auteur, jusqu'au premier et énorme succès de A la manière de... pastiches signés Paul Reboux et Charles Muller. Deux Goncourts consécutifs en 1911 et 1912 : Monsieur des Lourdines d'Alphonse de Chateaubriant et Filles de la pluie d'André Savignon viendront asseoir la renommée de la maison Grasset. Il s'installe alors au 61 rue des Saints Pères : les Éditions Grasset y sont toujours.


En 1913, il publie à compte d'auteur le premier livre d'un certain Marcel Proust Du côté de chez Swan après que le manuscrit eut été refusé au Mercure, chez Ollendorf et chez Fasquelle. En 1920, s'ouvre pour lui sa grande période ; il lance les quatre M : André Maurois, François Mauriac, Henry de Montherlant et Paul Morand. En 1921, il confie à Daniel Halevy la prestigieuse collection « Les Cahiers verts » avec comme premier titre Maria Chapdelaine de Louis Hémon, et le succès que l'on sait.


Puis s'attachent à lui Cocteau, Radiguet, Cendrars, Drieu la Rochelle, Guehenno, Giono, Soupault, Delteil, Ramuz, Malraux... Puis la coupure de la guerre, et en 1944 l'accusation de collaboration qui déboucha sur un non-lieu. Bernard Grasset reprit en 1950 la direction de la maison. Il découvrit Hervé Bazin et Jacques Laurent, entre autres, avant de céder le capital de sa maison à Hachette en 1954. Bernard Grasset meurt en 1955.

Pour éviter un billet un peu long, je ne vous présente pas de notice pour chaque ouvrage mais une liste. Je propose tous les livres à 10 € + port. Ils sont en très bon état. Pierre


Bertrand Louis, n° 7, Flaubert…
Lasserre Pierre, n° 18, Renan…
Halevy daniel, n° 21, Vauban
Estaunié Edouard, n° 24, L'infirme…
Thibaudet Albert, n° 25, Paul Valery
Dominique Pierre, n° 37, Notre-Dame…
Malaurie Albert, n° 38, La Femme…
Barbey Bernard, n° 45, Le coeur…
Roubaud Louis, n° 49, Les enfants…
Mauriac François, n° 50, Le désert…
Delteil Joseph, n° 53, Jeanne d'Arc
Arnoux Alexandre, n° 55, Suite…
Hémon Louis, n° 60, Battling…
Giraudoux Jean, n° 61, Bella
Franck henri, n° 62, Lettres…
Mayran Camille, n° 63, Hiver
Vaudoyer Jean-Louis, n° 66, Beautés…
Dreyfus Robert, n° 68, Souvenirs…

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous livre l'hommage appuyé du " Professeur Nabokov " dans l'Original de Laura aux 4 M auxquels il ajoute Malraux:
"pratiquement tous ces auteurs étaient des médiocrités stupéfiantes en tant qu'écrivains;
ce qui nous sidère, c'est qu'ils étaient censés représenter une époque et que de tels représentants pouvaient se tirer d'affaire avec une écriture si exécrable, du moment qu'ils représentaient leur époque."

Une grève intempestive m'ayant privé de mes vacances en Bretagne, j'ai relu Nabokov avec délectation au bord du lac Léman où ces lignes ont été écrites.

Frs

ps: le commentaire est peut être hors sujet,
quoique...

Pierre a dit…

Il est vrai que l'encre de Nabokov n'est pas miscible dans Montherlant, Mauriac ou Malraux (que j'adore). Par ailleurs, je connais mal Nabokov. Peut-être est-il un génie après tout ! Son jugement sans appel ne plaide pas en sa faveur. Grasset se trompait peu, quand même. Pierre

Textor a dit…

Pierre, vous auriez le "Du côté de chez Swan" publié à compte d'auteur par un certain Proust Marcel, je vous en débarrasserais.
je me sens prêt psychologiquement pour tenter une 8ème fois de lire Proust. J'ai échoué les 7 premières ...

Pierre a dit…

L'avantage avec Proust, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue. Je crois l'avoir plus "picoré" que "dévoré", ce qui fait qu'il ne m'a jamais paru indigeste...

Il est, comme Rousseau, plus connu par les commentaires que l'on a fait de son œuvre que par son œuvre, elle même. Il y a des fois où c'est un avantage - Je vous prépare une semaine de "J.J Rousseau" dont vous me direz des nouvelles ! Pierre

Textor a dit…

J'adore JJRousseau ! et Diderot et Voltaire, toute cette belle langue du 18ème, on a pas fait mieux depuis. D'ailleurs je viens d'acheter une EO de Jacques le fataliste à la vente des Almanachs.
Pour Proust, c'est une autre affaire, Il faut savoir lire en apné. Remarquez, l'avantage avec Proust, d'un point de vue bibliophilique, c'est que les exemplaires sont souvent à l'état de neuf. :)

calamar a dit…

M'enfin ! certains volumes (pas tous, c'est vrai) sont très lisibles, et pleins d'humour. Si, si ! il est très cruel avec les snobs et les riches (tout en en faisant partie, bien sûr). Il faut essayer encore !
(d'autant que le premier volume est facile à lire, il se passe des trucs, alors que la suite...)

Pierre a dit…

Je ne crois pas révéler un secret d'état : Nous étions quatre à table, ce vendredi midi et la conversation s'est portée sur J.J Rousseau puisque François, mon ami était venu à Montauban pour acquérir une belle édition in quarto des œuvres complètes de notre philosophe suisse. C'est un inconditionnel ! A sa décharge, il l'a lu...

J'adore la plume de Rousseau mais le personnage m'irrite au plus au point. Il s'est toujours posé en homme traqué pour nous cacher qu'il était, par moment, détraqué... Et puis son côté "tartuffe" ! Nous en reparlerons... C'était surtout un grand botaniste ;-))

Mgr Ginoux et Sœur M.O Munier nous invitaient et je sentais bien que le match allait être inégal, Rousseau ayant toujours été un honnête chrétien.

Et bien, je dois remercier Mgr Ginoux de m'avoir soutenu, face à François, habile contradicteur, dans mes convictions ! Pour lui, les idées de Rousseau , comme celles de Voltaire, ont eu une influence discutable sur la jeunesse et la Foi de Rousseau, marquée plus par l'intuition que par l'exemple n'est pas à mettre à son bénéfice (je schématise et m'excuse à l'avance de raccourcis trompeurs).

Le lendemain, à l'issue d'une petite conférence que j'ai donné, en revenant de Montauban, l'organisateur m'a offert - devinez quoi ? - un ouvrage de J.J Rousseau ! C'est un signe. Depuis, je le relis ... Pierre

Pierre a dit…

une conférence que j'ai donnée... il faut que je me relise aussi !