vendredi 8 octobre 2010

Apulée. L'Âne d'or à l'enseigne du Pot Cassé… La présentation est de Jean-Pierre, fidèle lecteur du blogue.


Écrivain et philosophe néo-platonicien du II° siècle (aux derniers temps ou vers la mort d'Adrien), Apulée est surtout connu comme l'auteur d'un roman d'aventures à tendance philosophique intitulé L'Âne d'or ou Les Métamorphoses.

St Augustin, dans la "Cité de Dieu", l'appelle le "philosophe platonicien de Madaure", sa ville natale algérienne. Il appartient donc à cette "Africa" qu'illustreront quelques dizaines d'années plus tard des écrivains chrétiens comme Tertullien ou Minicius Felix.


Issu d'une famille aisée voire illustre, il bénéficia de tous les soins pour son éducation : Carthage, Athènes où il s'adonna à l'étude de la philosophie de Platon dont il devint un des plus zélés sectateurs, puis Rome qui le vit brillant orateur. Sa curiosité insatiable le poussa par la suite à se faire initier aux grands mystères religieux : ceux d'Isis en Grèce, d'Osiris à Rome et d'Esculape à Carthage où il s'établit probablement définitivement.


Apulée est d'abord un érudit curieux de tout ,un auteur de traités sur les plantes, l'astronomie, la médecine. C'est aussi un orateur dont sont conservés quelques fragments de discours (Les Florides) et surtout l'Apologie, ce chef-d'œuvre de rhétorique érudite, mais surtout ironique, où il présente sa défense dans un procès qu'on lui avait intenté pour captation d'héritage par procédures magiques en employant un curieux système de défense qui confondit ses accusateurs et lui donna l'absolution. C'est aussi un philosophe et un théologien des "daimones" (Eparistera Daimones" - A ma gauche, les démons") de Socrate. Les daïmônes étaient pour les Grecs de ce temps des forces surnaturelles et - au sens de Socrate - " les esprits gardiens de la race humaine ".


C'est surtout le merveilleux conteur des Métamorphoses qui est peut-être le premier vrai roman de la littérature occidentale. L'histoire du jeune Lucius qui, à la suite d'une méprise, se voit métamorphosé en âne est une succession d'aventures extraordinaires que le personnage raconte lui-même, avec le regard distancié sur le monde que lui donne son nouvel état, jusqu'au moment où la déesse Isis lui rend forme humaine.


L'Âne d'or est aussi l'histoire d'une initiation religieuse. L'aisance et la liberté du récit, la variété et le goût des épisodes, la science de l'écrivain et la richesse de son style ont donné à cette oeuvre une fortune qui n'a été dépassée que par celles de Virgile et d'Horace. On ne compte plus les sculpteurs, les peintres, les poètes qui ont été inspirés par l'épisode d'amour de Psyché et de Cupidon (Raphaël, Van Dyck, Boucher, Molière, La Fontaine).


Enfin s'il aimait la gloire, s'il cherchait à la mériter, à l'obtenir, l'or avait peu de prix aux yeux d'Apulée et sa libéralité le répandait. Toute sa vie parut offrir la pratique de cette maxime qui révèle sa noble pensée : "Je voudrais acheter, au prix de mon patrimoine, le mépris de ce même patrimoine" . JPP


Apulée : L'âne d'or. 1929. 2 volumes en très bon état, protégés par le papier cristal d'origine. Non coupés. Quelques rousseurs sur les tranches. 40 € + port

11 commentaires:

calamar a dit…

très bel article ! difficile de résister à l'achat !

Pierre a dit…

10% des bénéfices engrangés suite à la parution de l'article iront à son auteur qui lui seront versés sous la forme d'une ristourne substantielle sur un ouvrage en vente à la boutique...

Le patron est vraiment généreux ;-))Pierre

Textor a dit…

C'est fou ce qu'Apulée est tendance en ce moment sur les blogs de bibliophilie. Super article. Merci JPP !

Textor a dit…

Savez-vous que je cherche toujours à savoir pourquoi l’âne d’or s’appelle l’âne d’or, je veux dire, Asinus , d’accord, mais Aureus, pourquoi ?
On connait le Veau d’or mais l’âne d’or, il n’en est pas question une seconde dans tout le roman.
Et pourtant je l’ai lu attentivement, il y a des tas de scènes hilarantes (hi-an !) l’histoire des vieux invertis masochistes-exhibitionnistes complètement exaltés qui rançonnent la région au nom d’une déesse orientale, ou cette meunière débauchée et cruelle, ou l’affranchi qui prostitue Lucius à une aristocrate zoophile… On ne s’ennuie jamais, il faut acheter ce livre d’urgence !

Anonyme a dit…

Je me souviens de la jeune Photis et de sa position dite de la Vénus suspendue et de l'histoire salace du couple et du tonneau, reprise par Boccace.
Le côté philosophique, j'avoue l'avoir un peu oublié...

Un bon Satiricon maintenant, Pierre pour accompagner Apulée ?

Montag

Pierre a dit…

Jamais je n'oserais, Montag !

Je peux demander à Philippe Gandillet s'il a ce livre bien illustré. Lepape l'a mis à l'index, je crois... Pierre

Pierre a dit…

Cela n'a pas de rapport avec l'âne d'or mais j'ai découvert, il y a peu, une fonction statistique qui m'a permis de visionner quelques chiffres sur la fréquentation du blogue. Cette option est en place depuis début juin sur le site.

J'essaye d'être détaché de ce type de contingences, aujourd'hui, car je sais qu'elles sont angoissantes. Pourtant je dois reconnaitre que ces statistiques (fréquentation journalière, etc) sont, dans ce cas, rassurantes. Mon seul baromètre, jusqu'à là, était le nombre de membres inscrits et je constatais avec un peu de déception que d'autres blogs beaucoup moins drôles ( je blague) me dépassaient largement...

Donc, je voulais vous remercier ! Vous êtes nombreux à partager ma passion dilettante pour les livres et la bibliophilie. Un grand merci aussi aux lecteurs d'outre-atlantique pour leur soutien ! Je mets dans mes articles un peu de mon enthousiasme, un peu de mes valeurs et un peu de mon détachement même si ce blogue peut être qualifié de "marchand". Ma boutique vous est ouverte par ce portail mais vous pouvez aussi pousser la porte ;-)) Pierre

Nadia a dit…

Moi, pour pousser votre porte, il me faut des bras de géante ! et c'est justement là que ce blog trouve tout son intérêt : une passerelle entre vous et tous les bibliophiles de France et de Navarre, fussent-ils de "livres anciens" ou de "livres contemporains".

Ah les statistiques ! ah les commentaires ! je connais aussi cet engouement pour les taux de fréquentation, toute parution de quelque chose qui nous tient à coeur sur le net le justifiant.

Les choses sont différentes pour ce qui me concerne : le site d'échange de photos sur lequel je publie croise toute sorte de populations allant de ceux qui prennent des photos sans goût particulier, à ceux qui y mettent plus de recherche et de talent, en passant par ceux qui ont un vrai oeil et dont les galeries sont un régal à explorer. Mais peu de professionnels traînent par là, et en aucun cas les commentaires sont constructifs. C'est très consensuel. J'appelle ce genre de relation : "socio-politique".

C'est différent pour vous : de vrais professionnels apparaissent sur votre blog, des gens passionnés par leur métier, et même si on peut assister à certaines joyeuses digressions, pour la majorité, vous touchez un public initié.

Le taux de fréquentation, même il n'est pas suivi de commentaires (que seuls les initiés peuvent écrire, au risque, sinon, de passer - comme moi - pour une terrible perturbatrice) suffit à vous démontrer que ce blog a une vraie utilité. J'espère que tous nos étudiants français y font un tour régulièrement ! (au lieu de passer leurs soirées sur Facebook... les pôvres !).

Bonne journée.

p.s : Pierre, tout cela, une fois de plus, fait appel à notre éternel besoin de reconnaissance et d'amour. Nous avons besoin des autres, de leur appréciation sur nous, et même ceux qui s'en défendent n'y échappent pas...
(c'était le couplet : psychologie de grande surface).

jpp a dit…

Je ne peux qu'être trés flatté de ces appréciations et en remercie tous leurs auteurs.
Pour ce qui est du qualificatif AUREUS, je n'ai pas de réponse précise à apporter à TEXTOR sinon peut-être l'idée qu l'or est aussi "la chair des dieux" comme le pensaient les Egyptiens.
Je souscris également à un article sur Petrone et le Satyricon - la comparaison est intéressante même si nous en savons trés peu sur le véritable auteur de cette oeuvre.

Pierre a dit…

Merci, Nadia, d'avoir satisfait mon besoin de reconnaissance !

L'analyse est fort bien tournée et m'incitera à ne regarder le volet statistiques qui s'est ouvert sur mon blogue que de façon très ponctuelle et lors de profondes périodes de dépressions aptes à assouvir mon désir de mortification ;-))

Vous faites de la photo ? Il y a sur la partie gauche du blogue, un intitulé "Bonnes adresses". Allez faire un tour chez " Benoit, mon photographe " pour voir ! Vous me direz. Pierre

Textor a dit…

Les derniers commentaires de ce billet m'avait échappés. Merci JPP pour votre réponse à ma question. Le mystère d'Isis reste entier...
Pierre, nous n'avions aucun doute sur le taux de fréquentation de votre blog, marchand mais si peu, qui doit approcher ceux de vos ainés. (vu que les mêmes vont de l'un à l'autre, à commencer par moi !)
On a toujours plaisir à lire vos articles instructifs et joyeux , continuez !
Textor