lundi 9 août 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : De l'estimation du prix d'un livre et en particulier d'un ouvrage de poésie de G. Devaquys…


Éternel problème que l'évaluation du prix d'un livre ancien

J'aime assez faire rebondir la conversation sur ce thème quand les sujets de polémique mondaine sont épuisés et qu'un silence pesant s'installe dans les salons littéraires où je suis invité. Pierre, d'ailleurs, ne se prive pas de faire appel à mes lumières quand il hésite sur une estimation. J'avais encore le souvenir de la vente de son Plotin en 7 volumes, aux éditions des belles lettres dans un état proche du neuf pour une somme que j'avais voulu raisonnable…

PLOTIN (Plotinus). Enneades. 6 volumes en 7 tomes. Edité par Emile Brehier. (Collection des Universités de France) Paris. Société d'édition des belles lettres, 1954. Texte en français et en grec. Bel état.


Acte 1 : Scène 1

Moi : Avez-vous remarqué que, depuis le triste incendie de leurs locaux, les "Editions des belles lettres" commercialisent leurs ouvrages, brochés aujourd'hui collés, à des prix qui avoisinent les 60 €, le livre ? C'est un scandale !

A ma droite : Personnellement, je trouve les mêmes ouvrages dans les librairies modernes en format de poche pour 10 fois moins !

Moi : A ce prix, j'imagine que la typographie et le papier ne sont pas comparables, cher ami ?

A ma droite : Même pas, cher maître. Les cahiers sont collés dans les deux cas !

A ma gauche : Bémol ! Le livre de poche ne fournit pas, en astérisque, les références des ouvrages grecs qui ont servi à la traduction. Vérifiez, je vous prie !

Moi : C'est en effet contrariant pour moi qui préfère les versions originales. Il est évident que la différence de prix ne plaide pas en faveur des éditions modernes des belles lettres, quand même… Il vaut mieux, donc, se tourner vers son libraire d'ouvrages anciens ?


A ma gauche : C'est cela même. Je connais, à cet égard, une librairie fort bien fournie en textes anciens sur Tarascon, en Provence.

La fille du Monsieur à gauche, invitée à notre dîner car la bonne est en vacances au Portugal : Ouais et il est super beauuuuuuuuuu, le mec… ^^ , ♥☺♫♥♥***. Il est sur facebook, il ai trot top !!!!!

Moi : Mouais… Simple succès d'estime, vous savez, mademoiselle ;-))

A ma droite : De toute façon, aux prix où, ils les achètent, ils peuvent bien les vendre à un prix raisonnable, leurs livres. Les vendre à leur vrai prix serait du vol !

Un avocat en face de moi : Erreur, cher ami. Du dol, par du vol ! Les scrupules sont plus minces et l'affaire est plaidable. Je me permettrais de développer cette ambiguïté, dans un de vos billets à venir, si vous le souhaitez.

Moi : Votre proposition désintéressée me comble de joie, cher Maître !

Lui : Le prix d'une simple consultation vétérinaire, cher ami… ;-))


Aussi, quand ce matin, il m'a fallu présenter ce magnifique ouvrage de poésie de Georges Delaquys numéroté et illustré par les plus grands peintres et dessinateurs provençaux de l'époque que sont Leo Lelée ou Chabaud, je me suis cantonné aux plus irréfutables préceptes de la morale chrétienne et aux règles les moins contestées de la morale commerciale pour faire une estimation qui ôte, en cas de vente de cet ouvrage, à notre libraire tarasconnais tout risque de se trouver sous un chef d'accusation qui le mène en droite ligne dans les geôles de France… (phrase qui peut éventuellement se dire d'une seule traite)

Votre dévoué. Philippe Gandillet.


DELAQUYS Georges. Les confidences lyriques. Poèmes illustrés par A. Chabaud, Léo Lellée, Bergier, etc… Les belles éditions du trésor d'art provençal. Broché, in-4 à couverture cartonnée. Nombreuses illustrations in texte et hors texte. Portrait de l'auteur en frontispice. Presses de Henri Peladan, 1945, 238pp et table des matières et illustrations. Un des 150 exemplaires sur vélin Navarre. 55 € + port

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il ai vrément trot top !

L'acheteur du Plotin en 7 volumes.

Pierre a dit…

Mon expérience récente de Facebook, où je recycle quelques articles de Philippe Gandillet pour me faire connaitre, m'apprennent à me familiariser avec cette écriture approximative.

Heureusement, je ne suis pas un ayatollah de l'orthographe ! On peut être croyant sans être pratiquant, il est vrai ;-))

Pierre a dit…

Plotin a cet avantage d'être un traité de bon sens. C'est ainsi qu'était comprise la philosophie.

Il a fallu les "post-modernes" qui n'avaient plus rien à dire pour faire de la philosophie, une matière pour initiés avec son jargon caractéristique comme peut l'être celui des juristes et des médecins !

"Post-moderne" ! Le terme lui même ne veut rien dire ou bien pourrait avantageusement être remplacé par "contemporain". Une blague de potaches, en fait !