vendredi 25 juin 2010

Clause-Joseph Dorat. Le conte en vers au 18eme siècle.


Il y a un petit mystère Dorat... Tout d'abord il publia ses œuvres sous couvert d'astéronyme, ou sans nom, ce qui est surprenant puisqu'il propose souvent en préface de ses livres un panégyrique de lui-même, et parce qu'il s'est, peut-être en raison de la haute idée qu'il avait de son talent, entouré d'illustrateurs (Eisen) et d'éditeurs prestigieux ( beaux papiers, belles typographies, grandes marges) qui font que son nom, plus que ses écrits – des contes - sont restés dans la mémoire des bibliophiles.


SI l'on examine l'œuvre des Conteurs du temps passé et plus particulièrement du XVIIIeme siècle, on est frappé par la diversité et la technique particulière de ce genre de littérature. Le conte en vers, avec sa facture légère, retrace en quelque sorte les mœurs d'une époque ; mais il « n'appartient pas plus à la poésie que le roman historique à l'histoire ». La crudité des expressions et la négligence du style constituent les conditions indispensables à son existence.

L'évolution du conte en vers se divise en deux périodes bien distinctes. La première s'étend de 1675 à 1745, c'est-à-dire de La Fontaine à Piron ; les contes tirent alors leur origine des poèmes italiens et des fabliaux français du Moyen âge. La seconde va de 1765 à 1800 et les auteurs s'inspirent des faits plaisants et connus ou de bons mots colportés un peu partout.


Les délicats conteurs, pour satisfaire aux fantaisies du moment, rivalisèrent de libertinage, de grivoiserie, de frivolité. Ils recherchèrent même la galanterie pimentée et, poussant quelquefois jusqu'à l'érotisme, s'ingénièrent à chanter la volupté et les variétés de tous les plaisirs sensuels. A cet égard, certains n'hésitent pas à classer les œuvres de Dorat dans le thème " curiosa " et en particulier son conte " Les cerises ". Je vous assure, par expérience personnelle que les contes de Dorat n'ont eu aucun effet positif sur ma libido vieillissante… En dépit de son agrément, le conte en vers finit par disparaître au 19eme siècle, parce qu'il ne correspondait plus aux habitudes qui prirent naissance après la Révolution.


Quelques mots sur l'auteur : Clause-Joseph Dorat vit le jour à Paris en 1734. Livré de bonne heure à lui-même, Dora se destina au barreau pour satisfaire au désir de ses parents ; mais il ne tarda pas à quitter la robe pour se faire mousquetaire. Puis, il renonça à la vie militaire pour complaire à une vieille tante janséniste qui ne croyait pas que sous le large chapeau et la brillante casaque il fut aisé de trouver son salut. Il se consola bientôt en se lançant dans la carrière des Lettres qu'une fortune raisonnable lui permettait de soutenir.


Les principaux ouvrages de Dorat sont les suivants :

- Régulus, tragédie, précédée d'une lettre au solitaire dut Guélaguel. Parié, 1765, in-8, avec figures d'Eisen, et Paris, 1782, in-8, avec frontispice de Marillier.
- Les Tourterelles de Zelmis, poème en trois chants, s.l. n.d. Paris, 1766 et 1767, in-8, et Rouen 188o, in-8.
- Œuvres, avec figures d'Eisen. Paris 1766-1776, 18 volumes in-8. Un exemplaire figurait dans la bibliothèque de Marie-Antoinette.
- Mes Fantaisies. La Haye et Paris, 1770, in-8.
- Les Baisers, précédés du Mois de Mai, La Haye et Paris 1770, in-8; édition originale avec figures d'Eisen, et Rouen 1880, in-8, réimpression textuelle.
- Recueil de Contes et de Poèmes, par M. D*** ci-devant mousquetaire. La Haye et Paris, 1770, 1776, in-8, avec vignettes d'Eisen. L'édition de 1776 a été augmentée du Coureur Alerte et de La Moissonneuse.
- Les Sacrifices de l'Amour ou Lettres de la vicomtesse de Senanges et du chevalier de Versenai, suivies de Sylvie et Moléshoff, Paris, 1772, 2 volumes in-8, avec figures de Marillier.
- Les Malheurs de l'Inconstance ou Lettres de la marquise de Syrée et du comte de Mirbelle. Ouvrage anonyme. Amsterdam et Paris, 1772, 2 volumes in-8 ; figureà de Queverdo.
- Fables ou Allégories philosophiques. Paris, 1772, in-8, vignettes de Marillier.
- Collection complète des Œuvres de Dorat. Neufchâtel, 1776, 6 volumes in-8.
- Le Faux Ibrahim, conte arabe et Le Rêve impatientant, conte français, suivis des Réformes de l'Amour. Paris 1777, in-8.
- Lettres d'une chanoinesse de Lisbonne à Melcour, officier français, suivies de l'Épître intitulée : Ma Philosophie, et de quelques pièces fugitives. Paris, 1780, in-8, ornés de vignettes d'Eisen et de Marillier.
- La Muse Libertine ou Œuvres posthumes (sic), s.l. 1783, in-8 de 76 pages. Il convient de reconnaître, à la décharge de Dorat, que l'attribution de la Muse Libertine est très incertaine.
- Œuvres choisies, précédée, d'une notice biographique et littéraire par M. Desprès. Paris, 1827, in-8.


Dorat écoula les dernières années de sa vie dans l'amertume et en procès avec ses libraires qui lui reprochaient le luxe des ornements dont il avait décoré ses moindres productions. Harcelé par ses créanciers, Dorat rendit le dernier soupir, à Paris en 1780. Pierre


DORAT. Recueil de Contes et de Poèmes, par M. D*** ci-devant mousquetaire. La Haye et Paris, 1770, Curiosa petit in-8, avec vignettes d'Eisen. Relié plein veau, dos lisse orné, encadrement de 3 filets dorés aux plats. Coiffe supérieure grossièrement restaurée. Beau papier, grandes marges-5 gravures et bandeaux de EISEN-184 p. Ex libris Bibliothèque de Mr De Rivalz de Gincla, Receveur général des Finances dans l'Aude (1795-1807). Vendu

DORAT Claude-Joseph. Mes fantaisies. Troisième édition. Considérablement augmentée. La Haye, et se trouve à Paris : Delalain, 1770. In-8, frontispice, 363 pp Veau raciné, roulette dorée en encadrement sur les plats, dos lisse orné, roulette dorée sur la coupe. Coiffe supérieure grossièrement restaurée. Troisième édition, augmentée, de ce recueil de "fantaisies" en vers. Les Fantaisies sont précédées d'un Discours sur la Poësie en général, particulièrement sur les Pièces Fugitives. Tout comme les précédentes, cette édition est illustrée d'un joli frontispice, de deux vignettes, dont l'une sur le titre, et d'un cul-de-lampe, gravés par de Ghendt d'après Eisen. La meilleure des trois éditions, illustrée avec la même qualité. - Les pages passent de 271 à 277 sans manque. La page 272 est chiffrée 222. Coiffes arasées, mors fendu localement, coins non usés. Ex libris Bibliothèque de Mr De Rivalz de Gincla, Receveur général des Finances dans l'Aude (1795-1807). Intérieur en très bon état. 110 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

http://bogros.blogspot.com/2009/08/claude-joseph-dorat-1734-1780.html

Pierre a dit…

Je m'adosse pour mes présentations à des articles, des revues ou des livres de référence. Le blog de Olivier Bogros de Lisieux est de ceux-là et j'en profite pour vous conseiller de le mettre dans vos favoris.

http://bogros.blogspot.com/

J'ai, à cette occasion, utilisé un texte de FERNAND MITTON sur les conteurs du 18eme siècle pour présenter les deux ouvrages de Dorat à la vente. Pierre