vendredi 14 mai 2010

Les oraisons funèbres de Bossuet éditées par Louis Jou


Bossuet était-il marié ?

Le type même de question qui tombe comme un cheveu sur la soupe ! D'abord, la soupe c'est dépassé et tout juste bon à sustenter un bibliophile hors d'age et le cheveu dans la soupe ça vous dégoûterait d'avaler ce breuvage, si par politesse vous vous en serviez… Ce petit préliminaire pour bien vous préciser que la question posée en prologue s'adresse à une toute petite catégorie de la population française qui aime la soupe éventuellement garnie d'un cheveu mais pas du tout à l'ensemble du reste du monde…

C'est Voltaire, qui dans Le siècle de Louis XIV avait le premier lancé ce brûlot, propagé cette étonnante nouvelle d'un mariage secrètement contracté par Bossuet durant sa jeunesse. Il appuyait son affirmation sur les déclarations d'un certain Jean-Baptiste Denis, prêtre chassé de la paroisse de Meaux pour ivrognerie (heureuse période où les prêtes étaient révocables pour faute) et inconduite habituelle. Témoignage, on en conviendra, bien suspect si un soi-disant proche de ses derniers jours, le chanoine Le Gendre, n'avait relayé l'information dans ses mémoires.


Quelques jours après la mort de Bossuet, une demoiselle - Mlle de Mauléon - se présenta comme étant sa veuve et réclama " son douaire et ses conventions ". Ce fut une joie bruyante chez les anticléricaux, vous imaginez ! F.L Crouslé et après lui, Alfred Rebelliau démontrèrent l'incohérence de ces affirmations. " Nous tombons dans des ragots contradictoires " avaient-t-ils précisé.

Mais Mlle de Mauléon existait pourtant ! Nous devons au chanoine Urbain d'avoir trouvé la réponse à ce mystère. Cette dame, amie de Bossuet, désireuse d'augmenter ses revenus, éprouva, un jour, l'ambition d'acquérir une halle aux poissons dans sa bonne ville. Ce pour quoi, elle emprunta 45.000 livres sur cautionnement fourni par Bossuet. Pour des raisons qui sont restées inconnues (le début de la crise, peut-être) l'entreprise périclita. L'adjudicatrice ne put rembourser le prêt et c'est lors de la succession du prêteur que la caution et le nom de Bossuet furent associés à la débitrice.


Un peu de lumière vient donc, maintenant, de filtrer des ténèbres de cette malencontreuse histoire. Le contrat de cautionnement fut pris pour un contrat de mariage, c'est tout ! Voilà l'origine de cette méchante fable qui perdure encore dans les salons du livre ancien et qui porte un préjudice notoire à la valeur vénale des œuvres de Bossuet. Nul doute que, dorénavant, le cours d'un de nos plus grands écrivains français va monter en flèche…

Mais, direz-vous, cette amie très chère ? " Cela n'est pas notre propos et regarde la miséricorde de Dieu " Pierre


BOSSUET (Jacques-Benigne). Oraisons Funèbres de Bossuet, Fléchier, et autres orateurs avec un discours préliminaire et des notices par M.Dussault. Paris, Chez Louis Janet, 1820. Un seul volume in-8 sur les quatre de la série, mais complet en lui-même des oraisons de Bossuet. Lv-474 pp, reliure demi basane noire, dos lisse orné de motifs et titres dorés tranches marbrées. Un feuillet légèrement décalé. 10 jolies gravures par Fragonnard et Leroux. 29 € + port

BOSSUET (Jacques-Benigne). Oraisons funèbres de Messire Jacques Benigne Bossuet, évêque de Meaux. Paris, Les Livres de Louis Jou, 1939. In-4, couverture brochée rempliée. Couverture crème, premier plat illustré d'un grand décor de feuilles et fleurs stylisées en spirale blanc sur fond noir et blason en couleurs au centre. 1 f blanc, 5 ff avec armes de Bossuet en couleurs, portrait de l'auteur gravé en camaïeu et pièces de titre ornées, 142 pp, 4ff avec table et justification, 1 f blanc. Lettrines armoriées en couleurs en tête de chaque oraison funèbre. Oraisons funèbres de Henriette Marie de France, reine de la Grande-Bretagne ; de Henriette Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans ; de Marie-Thérèse d'Autriche, Infante d'Espagne, reine de France et de Navarre ; de la princesse Anne de Gonzague de Clèves, princesse Palatine ; de seigneur Messire Le Tellier chevalier, Chancelier de France. Exemplaire Nº109 des 150 sur papier vergé Barcham Green et Son de Maidstone. On ajoute la lettre envoyée par Louis Jou aux souscripteurs sur beau papier et typographie maison indiquant le thème et la justification de l'ouvrage. Exemplaire à la vente. Vendu


LEBARQ (Abbé). Oeuvres oratoires de Bossuet, édition critique complète. Paris, Desclée de Brouwer et Cie. 4 volumes in-8 ( 24 x 17 cm) brochés. Un portrait ou une gravure en frontispice sur chaque volume. Tome I (1926) : 1648-1655, LXII-595 pp. Tome II (1924) : 1655-1659, XVIII-575 pp. Tome III (1916) : 1659-1661, II-770 pp. Tomes IV et V manquants, Tome VI (1924) : 1670-1702, 560 pp. très bel état. 17 € le volume + port

LETELLIER Albert. Bossuet, notre plus grand écrivain. Goupil et Cie, Paris 1920 - 1 frontispice et 7 planches hors texte – quelques annotations au crayon de papier – Bel ouvrage. 320 pages. 20 € + port

8 commentaires:

Jeanmichel a dit…

Donc, pour Louis Jou on ne sait pas le prix...
Est-ce parce que la somme est si grosse qu'elle semble imprononçable ou parce qu'à l'instar de certaines annonces immobilières un dessous de table est envisagé ?
En tout cas l'exemplaire semble très beau. Il ne faudrait pas qu'il m'en tombe trop sous la main de ce genre de livres, j'y attraperais un mauvais virus.

Pierre a dit…

En fait, je suis attaché à cet exemplaire dont les lettrines sont de toute beauté.

Deux raisons peuvent me faire m'en séparer : Un gros besoin d'argent ou une personne qui le désire autant que moi (je réalise que nous ne sommes jamais propriétaire d'un livre). Et dans les deux cas, le prix sera raisonnable. La côte d'un Louis Jou reste, malgré tout, assez facile à cerner car des exemplaires équivalents peuvent passer dans les salles de vente ou sont proposés chez des confrères.

Les ouvrages "parisiens" de Louis Jou gardent cependant une certaine cote et nul doute que la réhabilitation que je viens de faire de Bossuet va voir la valeur officielle de ses œuvres s'envoler ;-)) Pierre

calamar a dit…

ah, je vais être sympa : je ne vais pas vous acheter ce livre... qui pourtant doit être fort agréable à feuilleter !
tant pis pour moi...

Pierre a dit…

Avez-vous vérifié la collation du votre ? (je fais comme si vous aviez un exemplaire identique, bien sûr...)

C'est vrai que j'ai fait ce billet en pensant que l'article vous intéresserait. Pierre

calamar a dit…

je ne l'ai pas encore reçu ! la librairie a un peu oublié de me l'expédier... mais je vous dirai ça bientôt, j'espère.
Et merci pour le billet, c'est sympa. Je vous tiendrai au courant de mes prochaines acquisitions, ça vous fera des sujets !

Pierre a dit…

C'est entendu ! Chaque ouvrage produit par Louis Jou a ses points forts. Ici les lettrines, dans un autre les gravures, dans certains, l'association avec une reliure exceptionnelle...

J'ai rencontré, en début de semaine, un responsable de la Fondation Louis Jou aux Baux de Provence qui grâce à la gestion d'un petit patrimoine immobilier réalise des manifestations ou des publications ayant pour but de garder le souvenir de ce grand typographe éditeur. C'est, en partie, en raison de cet appui que la cote des ouvrages de Louis Jou présente une valeur soutenue.

Pierre

calamar a dit…

ayest ! je l'ai reçu... exemplaire num 112. Sans la lettre aux souscripteurs (qui n'était pas annoncée). Exemplaire identique par ailleurs, parfait, non coupé, dans son emboîtage. Jour de fête !

Pierre a dit…

Un Pomerol est de rigueur pour le repas ! Bravo. Pierre