lundi 30 novembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Un ingénieux ingénieur.


Il faut le reconnaître, ce n'est pas une de mes moindres qualités que celle d'être bricoleur.

Pour vous donner un exemple, ce dimanche, après le devoir conjugal, j'ai démonté la machine à laver dont le joint spi présentait une usure anormale, j'ai enduit la façade du voisin qui présentait quelques fissures inesthétiques (la façade, mais vous l'aviez deviné) et j'aurai terminé un petit meuble en bois pour changer ma table de nuit si je n'avais pas été appelé en urgence à Tricastin pour une petite fuite de chaudière sans importance. C'est pour vous dire.

A ce propos, je ne sais si des femmes lisent la chronique que me réserve Pierre le lundi, car après tout il doit bien exister des femmes bibliophiles, mais elles doivent sûrement se dire deux points, ouvrez les guillemets : " Mon dieu, mon Dieu, quel plaisir serait-ce d'avoir un mari aussi bricoleur !". C'est pourquoi le petit ouvrage que m'a laissé Pierre aujourd'hui va intéresser tous les hommes désireux d'être, comme moi, porté aux nues par leur adorable épouse aux yeux embués par les larmes de la reconnaissance.

Un simple aparté, une simple digression sans rapport avec ma brillante chronique : Je trouve que Pierre en fait un peu trop, en ce moment, dans le genre "Barbey sur le retour". Si vous pouviez lui en toucher un mot, à l'occasion. Il me fait de l'ombre… Si cela continue, il finira par écrire mes causeries du lundi, nom d'un petit bonhomme !


Donc, les " Petites Causeries d'un Ingénieur " de Max De Nansouty vont vous offrir l'occasion d'impressionner votre famille, vos amis et même le gouvernement par la sagacité des propositions que vous allez leur faire. Quelques exemples pris au hasard.

Un sourd-muet rencontre un aveugle-muet ; le hasard est parfois étrange. Comble de chance, ils désirent engager une conversation à bâtons rompus. Max (au regard des bienfaits qu'il a apporté à l'humanité son simple prénom fera dorénavant office de carte de visite si vous le voulez bien) a trouvé la solution pour permettre la chose. Il suffit en effet de quelques fils conducteurs et d'un petit générateur comme tout le monde en a dans ses poches pour que la conversation s'engage.


Les cheminots sont souvent en grève. L'espace dédié aux lignes S.N.C.F grève également le budget de notre belle entreprise. Tout cela coûte bien cher. Max a trouvé la solution pour diviser par deux le kilométrage des lignes à entretenir ou multiplier par deux le nombre de train sur les rails. Il suffit que les trains se chevauchent au lieu de se croiser !! Les plus rebelles au changement seront encore les vaches, à coup sûr. La méthode est simple et reconnaissez qu'à 39 € frais de port compris, l'investissement sera vite rentabilisé.

Je passe rapidement sur le seau démontable absolument indispensable, le procédé pour fabriquer de la baleine artificielle, le canot mécanique d'entraînement à monter soi même le jour où la mer est démontée et le signal d'alarme électrique et automatique pour empêcher les navires de toucher sur les récifs qui aurait permis d'éviter une catastrophe un an plus tard (le livre est de 1911). Non vraiment, Max est un génie !


Pour les amoureux des livres, maintenant : Max a inventé un petit montage à placer sur vos lunettes permettant de lire sans se fatiguer les yeux. Il suffit pour cela de poser sur les verres une lentille opaque et oblique. Encore fallait-il y penser ! De la même façon Max a trouvé la solution pour se débarrasser de vos insectes bibliophages. Les vapeurs de sulfure de carbone se dégageant dans une bibliothèque fermée de façon parfaitement hermétique feront fuir ces ennemis des livres anciens vers des rayonnages plus avenants en raison de l'odeur insupportable qu'ils dégagent. Aux esprits chagrins qui diront "Oui mais si l'on ferme les portes de façon hermétique, comment ils font pour sortir ces p'tits bêtes ?", je répondrai "C'est leur problème, après tout ! Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Aide-toi, le ciel t'aidera !" Soyez néanmoins prudent à l'installation car le mélange de sulfure de carbone est très inflammable.

Les bibliophiles se lèvent pour applaudir, tapent sur leur bureau et le Président demande une interruption de séance…

Votre dévoué. Philippe Gandillet

NANSOUTY (Max de) Petites causeries d'un Ingénieur. Paris, librairie Armand Colin, 1911. Broché in-8 de 152pp avec 80 gravures. Nombreuses vignettes et culs de lampes façon art-déco. Prix indiqué plus haut. Vendu

4 commentaires:

christophe a dit…

sans commentaire

Pierre a dit…

Voilà quelqu'un qui n'ose cautionner le phallocentrisme de Philippe Gandillet mais qui s'en réjouis.

Comment voulez-vous que j'approuve ces propos, moi aussi ? Pierre

christophe a dit…

Tout est dit.

Sans approuver le fond, la surface brillante renvoi toute impertinence à son auteur. Et comment ne pas respecter les paroles du Maître des lieux.

Lauverjat a dit…

"Anopistographe....on ne le rencontre plus guère aujourd'hui." si, si, vu dans un catalogue de libraire parisien voici un ou deux ans.