jeudi 18 juin 2015

Les Lettres de mon moulin illustrées par Fraipont et Roy.


Le principal talent de Alphonse Daudet consistait dans le mélange de l'ironie et de la sensibilité. Il voulait émouvoir et faire rire à la fois : Fromont jeune et Risler aîné est extrêmement touchant ; Tartarin de Tarascon est d'une ironie charmante... Il en est deux autres plus caractéristiques encore : Jack, où la sentimentalité est obtenue au prix des plus singulières invraisemblances (c'est, dit-on, l'œuvre que le romancier préférait) et l'Immortel, qui touche à la caricature.


Alphonse Daudet meurt à Paris en 1897. Il laisse le souvenir d'un être généreux, plein de sollicitude pour ses camarades malchanceux et attentif à son époque : il sera l'un des premiers à apprécier et à prendre la défense des impressionnistes.


Reconnu tardivement de son vivant par ses pairs, Alphonse Daudet aura toutefois le soutien de Zola, des frères Goncourt, et de Maupassant. Il sera également l'un des fondateurs de l'Académie Goncourt (sa mort prématurée, en 1897, l'empêchant d'en être membre). Très aimé du grand public qui voit en lui le chantre généreux et tendre d'une Provence idéale en même temps qu'un "Dickens" à la française, Daudet fut à la fois romancier, conteur, dramaturge et poète. Il n'en souffre pas moins d'être prisonnier du succès des Lettres de mon moulin et de Tartarin de Tarascon ! Et puisqu'il est difficile d'échapper à son destin, on peut relire Les lettres de Mon Moulin, une œuvre certes légère mais immortelle.


Ces lettres de mon moulin ont été rédigées en partie avec Paul Arène entre 1866 et 1869 et publiées tout d’abord dans la presse (Le Figaro, L’Evènement, Le Bien Public). L’édition originale ne comportait que 19 lettres. Celle de 1879, chez le même éditeur en comporte 24. Il y en a ici davantage...


Le premier charme de ce recueil est de restituer les odeurs de la Provence et d’y camper des personnages pittoresques : Le curé gourmand, l’amoureux, le poète, le berger, le joueur de fifre, les voyageurs de la diligence… Dans ce recueil, Daudet parvient aussi à allier tendresse et malice. Il se moque avec gentillesse des manies d’un pape avignonnais, de douaniers paresseux, d’un prêtre épicurien, ou d’une femme légère.


Le conte le plus connu est, je crois, la chèvre de Monsieur Seguin. Rien que de l'évoquer et déjà, ma gorge se noue et des larmes me montent aux yeux... Ah ! Qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! Qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande! Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre ! Pierre


DAUDET (Alphonse). Lettres de mon moulin.  Paris, Ernest Flammarion, sans date (1904). Un volume grand in 8 de 412 pages. Reliure demi-veau bleu nuit, dos lisse, filets dorés, tranches mouchetées, couverture colorée conservée. Illustré par José Roy et G Fraipont. Très bel exemplaire. 75 € + port

2 commentaires:

calamar a dit…

vous m'vez convaincu Pierre ! on réduit trop Daudet aux Lettres de mon Tartarin. Du coup je renonce, à regret, à ajouter cette magnifique édition à ma (volumineuse) collection d'éditions de Moulin de Tarascon.

Pierre a dit…

Seul " Le petit Prince " coiffe sur le poteau " Les lettres de mon moulin " dans les succès éditoriaux, je crois. Pierre

" La Bible " est hors-jeu bien évidemment...