Georges Duhamel (1884-1966), à peine obtenu son diplôme de médecin, fut mobilisé comme chirurgien dans une ambulance du front au début de la "Grande Guerre". De cette terrible expérience, il a rapporté un livre injustement oublié de nos contemporains "La vie des martyrs". C'est cet ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente. Publié chez René Kieffer en 1924, il s'agit ici d'une édition remarquablement illustrée par Paul Baudier.
Voici un témoignage
terriblement pathétique sur l'immense tragédie physique et humaine de la
guerre, la souffrance et l’héroïsme de milliers de blessés qu'il a croisés.
André J. Fabre dans un excellent article consacré à Duhamel nous dit qu'il
s'agit, en même temps, d'un hymne à la pitié mais une pitié qui n'est pas une
embrassade larmoyante mais une compassion au sens étymologique du terme :
souffrir avec... Il est alors intéressant de confronter "La Vie des
martyrs" aux autres témoignages qui sont parus à cette l'époque. Et ils
sont nombreux !
Henri Barbusse en
1914, âgé de 41 ans et malgré des problèmes pulmonaires, s'engage
volontairement dans l'infanterie (malgré ses positions pacifiques
d'avant-guerre) et réussit à rejoindre les troupes combattantes en décembre 1914
au 231e régiment d'infanterie avec lequel il participe aux combats en premières
lignes jusqu'en 1916. Il en ramène un livre "Le Feu", qui obtiendra
le prix Goncourt. De son côté, Roland Dorgelès obtint pour son œuvre "Les
Croix de bois" le Prix Fémina en 1919. Maurice Genevoix dans "Ceux de
Quatorze" évoque aussi ses souvenirs. Il n'avait que 24 ans lorsqu'il prit
le commandement d'une compagnie au mois d'août 1914. Jour après jour, tandis
que se tissaient des relations faites d'entraide et de peur, il fit face à
l'horreur des combats, des cadavres mutilés, de l'inimaginable. Trois balles le
blessèrent grièvement et mirent fin au cauchemar. Un récit de guerre
bouleversant.
Ernest Hemingway,
publie en 1929 son "Adieu aux armes". La encore, il s'agit d'un récit
autobiographique dont l'action se déroule en Italie pendant la Première Guerre
mondiale. Dans un style froid et laconique, Hemingway dépeint une guerre futile
et destructrice, le cynisme des militaires et l'indifférence de populations.
Ernst Junger, du côté allemand, publie en 1920, "Orages d'acier",
récit autobiographique qu'il a vécu comme soldat de bout en bout…
Il y a aussi Léon
Lecerf dont les carnets du front ont été publiés par ses descendants sous le
titre : "L'œil et la plume, Carnets du Docteur Léon Lecerf, médecin et
photographe de la Grande Guerre ". Et puis d'autres encore comme Axel
Munthe, Erich Maria Remarque avec son best-seller autobiographique " À
l'Ouest, rien de nouveau", Romain Rolland avec une série de pamphlets
intitulée "Au-dessus de la mêlée", etc…
On est toujours
surpris de constater que ces récits, œuvres des plus éminents écrivains de ce
siècle, unanimement couronnés d'un légitime succès d'édition, lus par les
plus grands de ce monde, n'aient jamais empêché la survenue d'une deuxième guerre
mondiale quelques années plus tard, tout aussi horrible que la première ! La
guerre est-elle une part de la nature humaine ou ne survient-elle que dans certaines circonstances socio-culturelles ? Vie des martyrs,
sous-titré 1914-1916, est le premier roman de Georges Duhamel publié au Mercure
de France en 1917. Ce roman préfigure le suivant Civilisation pour lequel son
auteur obtiendra le Prix Goncourt en 1918… Pierre
DUHAMEL Georges. Vie
des martyrs. Illustrée d'eaux-fortes (20) et de gravures sur bois de Paul
Baudier. Paris, René Kieffer 1924. Un volume grand in-8 (25,5 x 17 cm). Broché
sous couverture rempliée. Tirage à 580 exemplaires, un des 500 sur papier
vélin. Chaque page est agrémentée d'un bandeau tiré en rouge sombre, nombreuses
petites vignettes, en-tête et culs-de -lampe gravés sur bois et 20 gravures à
l'eau-forte H.T. avec remarques. 190 € + port
2 commentaires:
ces livres sont poignants, et le fait que certains d'entre eux (la Vie des martyrs, le Feu) aient été publiés pendant la guerre en question, montre bien qu'ils n'ont malheureusement aucune influence...
au passage, le fameux "bourrage de crâne" dont on nous dit qu'il était important, n'allait pas jusqu'à atteindre ces témoignages.
Ces livres ne seraient-ils qu'un exutoire pour soulager notre mauvaise conscience ?
Par moment, je finis par comprendre les "taiseux", les "A quoi bon ?". Et puis ma capacité d'indignation reprends le dessus... Pierre
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