lundi 16 mars 2015

Histoire du Bas-Empire par Charles Le Beau et M. Ameilhon. Un exemplaire irréprochable…


Le Bas-Empire constitue avec le Haut-Empire l’une des deux découpes de l'Empire romain vue par les historiens français. Ces termes sont des concepts très usuels, mais leurs limites chronologiques respectives ne sont pas fixées de façon unanime. On fixe la plupart du temps cette période entre les années 284 avec l’Empereur Constantin et la création de Constantinople et 1453 avec la disparition de l’Empire byzantin et la chute de cette même ville. Le Bas-Empire est donc la période finale de l'Empire romain d’occident et d’orient. L'expression date de la publication de l'Histoire du Bas-Empire, de Charles Le Beau, œuvre que je propose aujourd’hui à la vente en 24 volumes continuée par  Ameilhon. L'emploi de l'adjectif « bas » n'était pas négatif à cette époque. Depuis les basses Alpes et le bas Rhin, rien n’est plus comme avant !


C’est Charles Le Beau dans sa préface qui nous explique ses intentions : « Je me propose d’écrire l’histoire de Constantin et de ses successeurs, jusqu’au temps où leur puissance, ébranlée au dehors par les attaques des Barbares, affaiblie au dedans par l’incapacité des Princes, succomba enfin sous les armes des Ottomans. L’Empire Romain, le mieux établi qui fut jamais, fut aussi le plus régulier dans ses degrés d’accroissement et de décadence. Ses différentes périodes ont un rapport exact avec les différents âges de la vie humaine. […] 


L’ouvrage que j’entreprends est l’histoire de sa vieillesse : elle fut d’abord vigoureuse, et le dépérissement de l’État ne se déclara sensiblement que sous les fils de Théodose. De là à la chute entière, il y a plus de mille ans. La puissance des Romains avait la même consistance que leurs ouvrages : il fallut bien des siècles et des coups réitérés pour l’ébranler et pour l’abattre. Et quand je considère d’un côté la faiblesse des Empereurs, de l’autre les efforts de tant de peuples qui entament successivement l’Empire, et qui sur les débris établissent tous les Royaumes de l’Europe en deçà du Rhin et du Danube, je crois voir un ancien palais, qui se soutient encore par sa masse et par la stabilité de sa structure, mais qu’on ne répare plus, et que des mains étrangères démolissent peu à peu et détruisent à la longue, pour profiter de ses ruines.


Il est vrai que les siècles antérieurs présentent une scène plus vive et plus brillante. On y voit des actions plus héroïques, et des crimes plus éclatants : les vertus et les vices étaient des effets ou des excès de vigueur et de force. Ici, les uns et les autres portent un caractère de faiblesse : la politique est plus timide, les intrigues de la Cour succèdent à l’audace ; le courage militaire n’est plus dirigé par la discipline ; les Romains de ces derniers temps ne songent plus qu’à se défendre, quand leurs ancêtres osaient attaquer ; la scélératesse devient moins entreprenante, mais plus sombre ; la haine et l’ambition emploient le poison plus souvent que le fer ; cet esprit général, cette âme de l’État, qu’on appelait amour de la Patrie, et qui en tenait toutes les parties liées ensemble, s’anéantit et fait place à l’intérêt personnel ; tout se désunit et les Barbares pénètrent jusque dans le cœur de l’Empire.»


La publication de cette Histoire du Bas Empire couvrant presque douze siècles s’étalera sur plusieurs années. Le Beau n’en verra pas la fin, puisqu’il meurt après avoir rédigé le vingt-et-unième volume. (il était parvenu à l’an 1255). Son œuvre sera continuée par Ameilhon qui dans cette édition d’époque se termine au 24eme volume (1341).


La Révolution arrive qui interrompra la publication ! Elle reprendra après cette parenthèse… Quelques années plus tard, un libraire nommé Ravier établira deux volumes de tables. C’est pourquoi on trouve souvent cette œuvre avec des reliures différentes. Ici, nous avons à faire à une reliure uniforme alors à la mode dans le style du XVIIIème siècle : c’est assez rare pour le mentionner ! L’œuvre de Charles Le Beau (1701-1778) peut judicieusement s’adosser avec celle de son confrère contemporain Edward Gibbon (1737-1794) que je propose aussi sur le blog (on peut cliquer). Pierre


LE BEAU (Charles) – AMEILHON. Histoire du Bas-Empire en commençant à Constantin Le Grand (Continuée par M. Ameilhon pour les trois derniers volumes).Tome 1 à 24. Paris, Desaint et Saillant, Nyon successeur,  1757-1786. 24 volumes in-12 (17/10cm). Reliure plein veau marbré, encadremeent des plats par un filet estampé, dos à nerfs, caissons fleuronnés, filet sur les coupes  et les coiffes, gardes marbrées coquille, toutes tranches rouges. Grande fraicheur extérieure et intérieure. Menus défauts de reliure. Très bel exemplaire en reliure uniforme 18eme siècle. 720 € + port  

2 commentaires:

Anonyme a dit…

LE BEAU livre

Textor

Pierre a dit…

Comme vous me le faisiez remarquer sur un autre support, entre le Haut-Empire et le Bas-Empire, il y a l'Empire du Milieu qui n'a pas été traité par l'auteur ! Question d'époque, peut-être...

Un information surprenante qui m'a fait pensé à présenter l'ouvrage aujourd'hui : L’œuvre a été proposée sur Ebay la semaine dernière et a affiché pas moins de 52 enchères pour arriver à un prix final qui se rapproche du mien ! Les lecteurs existent...

Pierre