Claude Sixte Sautreau de Marsy (1740-1815) est un recalé de l'Académie – je compatis. En 1766, il participe au concours proposé par l'Académie française sur le sujet : « Éloge de Charles V ». Mais son ouvrage n'est pas couronné ; c'est La Harpe qui remporte le prix. Sautreau en appelle au public en publiant, l'année suivante, son discours de réception….
Sa vie tend à se confondre avec son activité de
compilateur. Il est recensé comme un homme de lettres peu connu. Ce qui
n'étonne pas dans la mesure où la plupart de ses productions sont des
compilations publiées anonymement. C'est le cas de l'ouvrage que je propose à
la vente aujourd'hui : Les tablettes d'un curieux où cohabitent Diderot, Franklin
et la fine fleur de la littérature classique (nous sommes en 1789 !).
Pendant la Révolution, il observe une attitude prudente
et réservée, tout en continuant à éditer divers recueils. Apprécié pour ses
qualités d'amabilité et de politesse, non dénué de connaissances, sinon de
goût, il sera membre du clan Fréron contre Voltaire : "L'autre jour, au
fond d'un vallon, un serpent piqua Jean Fréron. Et que croyez-vous qu'il arriva
? Ce fut le serpent qui creva"… Mauvais choix !
Dès 1765, il entreprend avec Mathon de La Cour l'Almanach
des Muses (Paris, Delalain, 1765-1833, 69 t. in-12, annuel). C'est un recueil
de pièces fugitives qui ont paru (ou non) dans l'année. Destiné surtout aux
provinces, où l'on est avide des productions de la capitale, il est fondé sur
un choix qui n'a pas paru toujours heureux. Des notes critiques sont mises au
bas de chaque pièce, qui suscitent des réserves ou des épigrammes. Masson de Morvilliers compose ces vers piquants : "Qu'il est petit ce petit éditeur qui,
tous les ans, de petites notices, flanque un recueil dont il est rédacteur
" : Mauvais choix ! Car sont critiquées aussi, pour leur laconisme ou
leur partialité, les notices finales consacrées à tous les ouvrages de poésie
qui ont paru dans l'année. Cependant, en dépit des jugements mêlés et des plaisanteries dont
elle est l'objet, la collection où Sautreau insère ses propres poésies et
celles de ses amis (Fréron) se soutient et se poursuit jusqu'en 1789. Elle est
alors continuée par Vigée jusqu'en 1820 et dure jusqu'en 1833. De 1754 à 1776, Sautreau collabore activement à L'Année
littéraire. A partir de septembre 1764 et jusqu'en 1778, il collabore également
au Journal des dames (Paris, 1759-1778). Quand il se charge de la rédaction, Ce
journal commencé en 1759, interrompu pendant deux ans, puis repris, n'aurait eu
que sept souscripteurs...
Je vous propose aujourd'hui un recueil – un mélange dit
le rédacteur dans sa préface - d'excellents textes rassemblés sous forme de
deux tomes dans une très belle présentation d'époque. De la réflexion (sur la
différence du grand homme et du héros), de la biographie par les meilleurs
écrivains de l'époque (Diderot, Franklin, etc). Voyager dans le temps sur un
fier navire… Pierre
Tablettes
d'un curieux, ou variétés historiques, littéraires et morales. 2 volumes in-12
(17/11cm). Bruxelles et Paris, Dujardin et Defer de
Maisonneuve, 1789. Reliure plein veau marbré, dos lisse, caissons fleuronnés,
pièces de titre et de tomaison en maroquin cerise, roulette sur les coiffes,
filet sur les coupes, gardes colorées, tranches marbrées. Tome I : [4ff titre-
préf], 448 p. Tome II : [1f], 407 p. Remarquables reliures. 110 € + port
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