Le frontispice est détaillé en fin de billet... |
L’ouvrage intitulé Les Délices des Pays-Bas
connut un grand succès de librairie au cours du XVIIIème
siècle. En effet, de 1697 à 1786, huit éditions se succèdent. La première,
réalisée en 1697, est suivie de trois autres en 1700, 1711 (notre exemplaire) et
1713, dans un temps où la domination espagnole continue de s’exercer sur une
large partie des provinces méridionales. Les publications de 1720 et 1743 sont
présentées sous le titre modifié d’Histoire générale des
Pays-Bas, mais la mention des "Délices" est rappelée dès le premier
chapitre.
Le livre est édité d’abord par François Foppens,
successeur de son père depuis 1688, puis par sa veuve de 1730 à 1743. Il passe,
en 1769, chez un opérateur liégeois, J.-F. Bassompierre, propriétaire selon lui
d’un des plus beaux ateliers d’Europe. Il paraît enfin sous la marque d’un
Anversois, C.M. Spanoghe, en 1786. Encore conviendrait-il d’ajouter à ce bilan
une traduction flamande en 1785 et une publication en français, demeurée inachevée
en 1793. Le Conseil de Brabant, mécontent de la manière dont étaient rapportés
les événements de 1789-1793, ordonne alors la destruction du tome I et
interrompt ainsi la réalisation en cours.
Au fil du temps, le texte sera modifié, réactualisé par l’évocation des
événements les plus récents et l’iconographie se trouve elle aussi progressivement
enrichie. La présence d’illustrations constitue d’ailleurs, dès l’origine, une
des caractéristiques majeures de l’ouvrage. Les éditions ultérieures restent,
elles aussi, anonymes. La participation des deux frères Foppens dans
l’élaboration de l’œuvre paraît plausible. François Foppens, second du nom, est
réputé pour sa vaste culture et ses connaissances linguistiques en latin, en
français et en espagnol, à l’instar de son père auquel il a succédé. En
revanche, le patronyme Jean-Baptiste Christyn comporte plus d’ambiguïté. Il
correspond à deux personnages, tous deux jurisconsultes et historiens de renom,
l’un devenu chancelier de Brabant en 1687 et décédé en 1690, l’autre, son
neveu, membre du conseil de cette province, disparu en 1707.
Le frontispice est entouré d’un rideau qui paraît se
lever sur la scène d’un théâtre, avec un décor semi-circulaire, percé d’une arcade
ouvrant sur l’extérieur. Les blasons de toutes les provinces sont accrochés
pour une part aux tentures elles-mêmes et pour le reste à la frise du décor. Au
centre, sur un piédestal, se dresse la statue d’une jeune femme brandissant
dans la main droite une lance surmontée d’un chapeau tandis que la main gauche
repose sur un panier de fleurs et de fruits. Ce personnage représente la vierge
des Pays-Bas. Au bout de la lance, le chapeau qu’elle paraît agiter est celui
de la liberté. L’on a avancé que ce symbole était puisé à des sources romaines
et évoquait la fin de l’esclavage. En effet, lors de leur affranchissement, les
esclaves libérés offraient leur chevelure à la déesse Feronia, leur
protectrice, dans son temple de Terracine, aux portes de la Campanie et
coiffaient un bonnet, le pileus. Pendant
les fêtes célébrées en son honneur, celle-ci recevait en offrande des fleurs et
des fruits que nous retrouvons symboliquement dans la main gauche de la statue.
À la base du piédestal, figure une double exécution
capitale. Un premier condamné gît déjà sur le sol et le second est livré au
bourreau qui lève son glaive. L’évocation de l’exécution, sur ordre du duc
d’Albe, des comtes de Hornes et d’Egmont en 1568 à Bruxelles est ici patente.
Elle rappelle le prix de la liberté que certains aux Pays-Bas, même parmi les
nobles de renom, avaient payé de leur vie. Au-dessus, dans un médaillon, un
cavalier paraît charger l’arme à la main. À gauche se tient Mercure, ami du
négoce et des marchands, coiffé d’un pétase muni de deux petites ailes et
tenant le caducée, au côté de balles de marchandises. Sur l’une d’elles est
dessiné un cœur surmonté du chiffre 4 qui suggère la nature du contenu. En
effet, cette marque de reconnaissance était spécialement utilisée par les
libraires-éditeurs ou par les graveurs.
À droite une femme est occupée à écrire dans un registre
au contenu mystérieux. Surement un livre de comptes ! Derrière elle, se penche
le dieu Saturne, le maître du temps, brandissant la faux qui coupe tout ce qui
vit. Sa présence tend à nous rappeler le caractère éphémère de l'enrichissement…
C'est pourquoi je propose cet ouvrage à un prix raisonnable ! Pierre
FOPPENS (François)
/ CHRISTYN (Jean Baptiste). Les Délices des Pais-Bas contenant une description
générale des XVII provinces. Edition nouvelle divisée en III. Volumes, augmentée
de plusieurs Remarques curieuses, & enrichie de Figures. Brusselle, François
Foppens, 1711. Seul Tome I qui comprend les Duchez de Brabant et de Limbourg,
le Comté de Flandre, Le Marquisat du St Empire, & la seigneurie de Malines.
Reliure plein veau, dos à nerfs, caissons fleuronnés, pièce de titre maroquin cerise,
roulette sur les coupes, tranches mouchetées rouges. 1 frontispice, 28 gravures
dépliantes, 1 portrait en pleine page. Des brunissures irrégulières, intérieur
très frais, cartes parfaitement pliées. Une
restauration coiffe supérieure. Bel état. Vendu
1 commentaire:
On pourrait avantageusement comparer cet ouvrage avec un exemplaire édité à la même époque : Les délices de la Hollande . Ce que je ferai, bien évidemment demain... Pierre
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