Il y a des livres qui valent essentiellement par leur illustrateur. Imaginez un seul instant la meilleure adéquation entre l'auteur et l'illustrateur et vous aurez en main l'ouvrage que je présente aujourd'hui à la vente…
" Les nouvelles en vers dont ce livre fait part au public,
et dont l'une est tirée de l'Arioste, l'autre de Boccace, quoique d'un style
bien différent, sont toutefois d'une même main. L'auteur a voulu éprouver
lequel caractère est le plus propre pour rimer des contes. Il a cru que les
vers irréguliers ayant un air qui tient beaucoup de la prose, cette manière
pourrait sembler la plus naturelle, et par conséquent la meilleure ". Point
de propos graveleux, point de pornographie là dedans ! Un lecteur non averti n'y
verrait que du feu. Il s'agit pourtant de contes licencieux où La
Fontaine n'utilise pas la triviale expression "faire l'amour", mais
mettre "le diable en enfer". Le "diable" remplace le sexe
masculin, et "l'enfer", bien entendu, le sexe
féminin…
La Fontaine a été source d'inspiration pour beaucoup de
peintres, graveurs et dessinateurs : Jean-Baptiste Oudry,
Gustave Doré, Grandville dans un lointain passé, Brunelleschi et Charles Martin,
hier. Beaucoup ont essayé, certains y passent encore leur vie aujourd'hui.
Charles Martin (1884-1934) débute dans des revues légères
puis, dès 1912, dessine dans les revues d’élégance françaises telles que
« La gazette du bon ton », « Fémina » ou américaines comme « Harper’s
bazaar », « Vanity Fair ». Il s’oriente rapidement vers le luxe et l’art décoratif,
à travers la mode, les flacons de parfumerie, les meubles, les papiers peints
et les affiches. Ses techniques de prédilection sont l’eau-forte et le pochoir
rehaussé d’un trait typographique.
Il a illustré une vingtaine de livres, principalement pendant les années 1920-1930 (au
total une vingtaine environ), soit des classiques de la littérature française,
soit des modernes : Mon cheval, mes amis et mon amie de Marcel
Astruc (Paris, La Renaissance du Livre, 1921), L’illusion héroïque de Tito
Bassi d’Henri de Régnier (Paris, La Roseraie, 1925), Les silences du
colonel Bramble d’André Maurois (Bruxelles, Éditions du Nord, 1929), les Œuvres
d’Alfred de Musset (en 10 volumes, chez le même éditeur, 1930), enfin, l’Histoire
de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux de l’abbé Prévost (Paris, La
Méridienne, 1934) ainsi que Les
fables de la Fontaine que je présente ici.
Un livre signé par Emmanuel Pollaud Dulian est consacré
au dessinateur. Né à
Montpellier, il étudie à l’École des Beaux-Arts dans cette ville, puis à
l’Académie Julian à Paris, avant d’entrer dans l’atelier de Fernand Cormon. Ses
techniques favorites sont l'eau-forte et le pochoir. Influencé par le cubisme,
son style épuré est caractérisé par un trait précis, non dénué d'une certaine
ironie, qui est certainement à rapprocher de celui de Georges Lepape. Francis
Carco écrit de lui : « Chaque production nouvelle de cet artiste,
d'ailleurs, vaut la surprise d'une trouvaille, importante ou menue. Ici c'est
la grâce d'une arabesque, le caprice d'une mise en place inattendue. Plus loin,
un costume, une attitude.» Cet ouvrage mériterait qu'il soit bien relié pour être lu à tête reposée. Pierre
Les Contes et Nouvelles en vers de Jean de La Fontaine. 2 volumes
in-4 (29x23). Paris,
Librairie de France 1930. Broché sous couverture rempliée imprimée en 2
couleurs. Chaque volume de 302 pages. Tirage de tête. Exemplaire CCVI, un des
350 sur papier d'Arches. Illustrés de 64 remarquables hors-texte par Charles
Martin, dont 32 en couleurs. Truffé d'un prospectus de souscription et de sa gravure
couleur. Une fine auréole sur la couverture et la page de titre du tome 1. Sans
son état des 15 eaux-fortes. Dos un peu sali, grande fraicheur intérieure,
certains feuillets non coupés. 290 € + port
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