Esprit Fléchier est né en Provence en 1632. Il eut une jeunesse pauvre, reçut son éducation à Tarascon (avez-vous remarqué que notre bonne ville est comme le passage obligé de tous les grands de ce monde ?) au sein de la congrégation des Doctrinaires, dans laquelle il entra en 1648. Il la quitta en 1658, après avoir enseigné quelque temps la rhétorique à Narbonne.
En 1659, il devint précepteur dans la famille Caumartin à Paris. Présenté dans les salons de Mlle de Scudéry et de Mme Deshouillères, il fut apprécié comme homme d'esprit sachant tourner le madrigal. En 1665, il accompagna le conseiller d'État Caumartin à Clermont et assista aux événements qu'il relate dans ses Mémoires sur les Grands Jours d'Auvergne. Il fréquenta ensuite l’hôtel Rambouillet, devint sous-précepteur, puis lecteur du Dauphin et aumônier de Mme la Dauphine.
Poète français et latin, remarquable orateur sacré, il prononça des oraisons funèbres, dont les plus renommées sont celles de Turenne et du duc de Montausier. Nommé à l’Académie Française en1672, il fut reçu le 12 janvier 1673, le même jour que Racine et Gallois. Son discours eut un succès qui déconcerta Racine, parlant après lui et qui le fit paraître inférieur au premier. Perrault disait de lui « Le premier qui fut reçu après moi fut M. l’abbé Fléchier, évêque de Nîmes. Il y eut une foule de monde et de beau monde à sa réception... On peut dire que l’Académie changea de face à ce moment ; de peu connue qu’elle était, elle devint si célèbre, qu’elle faisait le sujet des conversations ordinaires. »
Fléchier fut nommé évêque de Lavaur, en 1685, puis de Nîmes, 1687 où il laissera le souvenir d'un personnage d'exception. Sa charité était inépuisable et il fut regretté même des protestants !
Vous savez que l'oraison funèbre est un discours
solennel prononcé pour honorer la mémoire d’un défunt illustre. Les
"Bossuet", les "Fléchier" sont malheureusement rares
aujourd’hui et la plus élémentaire précaution, si vous voulez qu’on fasse de
vous un éloge un peu classieux au cours d’une liturgie bien menée, est encore
d’écrire votre propre oraison si, comme moi, vous avez quelques prétentions (je
ne dis pas "talent") pour l’écriture… Reste à trouver un évêque à l'élocution savante,
au timbre clair et à la gaité aimable pour honorer votre mémoire ! Vous
pouvez aussi me demander ce service si, par bonheur, je vous survis…
Il n'empêche que je trouve détestable cette habitude que
nous avons de ne dire du bien des gens qu'après leur mort. Ça doit être
tellement déchirant pour le défunt d'entendre tant de gentillesses et de ne
pouvoir en remercier leurs auteurs ! Il y a bien la résurrection finale mais ça
peut prendre du temps... Et si on complimentait Apollonius pour les qualités de son fils, dès
maintenant ? Pierre
FLECHIER. Oraisons funèbres. 2 volumes
in-12. Paris, Renouard, 1802. Reliure plein veau fauve, encadrement des plats
par une élégante roulette, Armes du Lycée de Montpellier, dos ornés, caissons
fleuronnés, roulette sur les coupes et les coiffes, gardes colorées, toutes
tranches dorées, ex-praemio. Frontispice. Notice sur Fléchier, Oraisons funèbres de madame la duchesse de
Montausier, de madame la duchesse d'Aiguillon, du maréchal de Turenne, du
Président de Lamoignon, de Marie-Thérèse d'Autriche reine de France, de Michel
Le Tellier, de Marie-Anne-Christine de Bavière ; Panégyrique de Saint François
de Sales, de sainte Thérèse, de Saint Louis; Examen des oraisons funèbres par
Thomas. Bel exemplaire. État remarquable. 110 € + port
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