lundi 30 mars 2015

Histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel par Adrien Baillet.


Philippe le Bel devient roi de France en 1285. Pendant son règne, six Papes se succèdent : Honorius IV, Nicolas IV, Célestin V, Boniface VIII, Benoît XI et Clément V. Les relations entre Rome et Paris n’appellent aucune remarque particulière pendant le pontificat des trois premiers. Par contre, ses relations avec Boniface VIII furent si difficiles qu'elles aboutirent à l'ancrage des Papes à Avignon pendant près d'un siècle…


Il est bien difficile, aujourd’hui, de juger de la sincérité du roi quand il traite Boniface VIII en usurpateur. Ce qui est certain, c’est qu’il avait tort : Boniface VIII était bien pape et aucun de ses successeurs ne verra en lui un anti-pape ! [on en verra plus tard]. Et les méthodes royales ne furent peut-être pas toujours dignes d’un prince chrétien ! Le fait que Philippe le Bel ait été absous par son successeur n'en fait pas un enfant de cœur, en fait… Le besoin d'argent, qui augmentait à mesure que grandissait l'action du pouvoir royal et que s'étendait sa dispendieuse administration, fut, sinon l'unique, du moins le principal mobile de la politique de Philippe le Bel. Cette nécessité pressante, qui devait décider l'abolition de l'ordre des Templiers, qui cherchait des ressources dans les impôts nouveaux, dans l'altération des monnaies, dans l'expulsion des juifs et la confiscation de leurs biens, amena la lutte la plus importante de la fin du treizième siècle, celle dans laquelle la papauté, jusqu'alors supérieure à toutes les puissances, reçut une violente atteinte.


La querelle de Philippe le Bel contre Boniface VIII, à laquelle s'intéressent non seulement la France et l'Italie, mais l'Europe entière commença par une question d'argent, comme d'hab ! Philippe le Bel pour continuer la guerre contre l'Angleterre, voulut soumettre le clergé de France aux redevances générales ;  il lui demanda de payer l'impôt. Le pape, qui prétendait que le clergé relevait de sa seule autorité, ordonna de résister aux ordres du roi de France ; et par une première bulle, il excommunia tout clerc qui consentirait à payer un impôt sans l'ordre du saint-siège, et tous ceux qui établiraient un pareil impôt, quels qu'ils fussent… Ce fut l'origine de ce débat, dont les proportions s'agrandirent bientôt et qu'envenima rapidement le caractère des deux adversaires.


A la bulle pontificale qui défendait au clergé de consentir à aucune dîme sans l'autorisation du pape, Philippe répondit en prohibant la sortie hors de son royaume de l'or, de l'argent, des vivres et des chevaux. C'était frapper indirectement Rome, qui tirait ses ressources des divers impôts levés sur le clergé européen. Boniface VIII adressa au roi une bulle nouvelle qui se terminait par ces paroles sévères  ; "Nous exhortons donc ta sérénité royale à recevoir avec respect les remèdes que t'offre la main paternelle et à corriger ton erreur, conserve notre bienveillance et celle du saint-siège, et ne nous force pas à recourir à des moyens inusités que nous n'emploierions que malgré nous alors que nous y serions réduit par la justice."  Puis le pape adressa à Philippe le Bel une bulle demeurée célèbre, et qui commence ainsi ; "Écoute, mon fils, les conseils d'un père," et dans laquelle il expose et incrimine sans ménagement, avec amertume, l'administration du prince.


Le roi, transporté de fureur fit répandre une pièce falsifiée d'une insolence brièvement injurieuse et une réponse remplie de grossièreté.  Il convoqua une assemblée, où les trois ordres de l'État étaient réunis ; ce fut la première réunion des États Généraux.  Les trois ordres s'associèrent à la cause royale, la noblesse et les députés des villes avec véhémence, le clergé avec une certaine réserve. Le pape fut publiquement accusé de simonie, d'hérésie et de vices infâmes… Il prépara alors contre Philippe le Bel une bulle de déposition qui transférait la couronne à Albert d'Autriche ! Il fallut donc que Philippe Le Bel - la mort dans l'âme - fasse appel à des hommes des basses œuvres, il fallut qu'il achète des magistrats pour que, la veille du jour où devait être lancée la bulle de déposition, ils pénètrent dans la résidence de Boniface aux cris de "Meure le pape, vive le roi de France" ! Durant trois jours, livré à cette troupe furieuse, le successeur de saint Pierre subit tous les outrages. L'expédition de Nogaret remplit d'horreur le monde chrétien terrorisé ; mais personne ne s'arma pour la défense du saint siège… 


Cet ouvrage est l'un des plus importants de l'historien janséniste Adrien Baillet (1649-1706), qui fut bibliothécaire de Lamoignon et auquel on doit la première biographie de René Descartes. Cette seconde édition parut la même année 1718 que l'originale : l'une et l'autre sont posthumes, mais la différence tient aux ajouts et corrections effectués par J. Le Long dans la seconde. L'ouvrage se veut le complément indispensable du recueil de documents donné par les frères Dupuy sur l'affaire des Templiers, comme il est indiqué dans la préface. Pierre


BAILLET (Adrien). Histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel, Roi de France. Seconde édition revûe & corrigée. Paris, François Barois, 1718. Un volume in-12 (17 x 10 cm),. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs, pièce de titre, caissons fleuronnés dorés, tranches rouges mouchetées, gardes colorées.[1f bl], [4ff titre],366pp,[1f priv], [1f bl]. Bel état, grande fraicheur. 90 € + port

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