Philippe le Bel devient roi de France en 1285. Pendant son règne, six Papes se succèdent : Honorius IV, Nicolas IV, Célestin V, Boniface VIII, Benoît XI et Clément V. Les relations entre Rome et Paris n’appellent aucune remarque particulière pendant le pontificat des trois premiers. Par contre, ses relations avec Boniface VIII furent si difficiles qu'elles aboutirent à l'ancrage des Papes à Avignon pendant près d'un siècle…
Il est bien difficile, aujourd’hui, de juger de la
sincérité du roi quand il traite Boniface VIII en usurpateur. Ce qui est
certain, c’est qu’il avait tort : Boniface VIII était bien pape et aucun
de ses successeurs ne verra en lui un anti-pape ! [on en verra plus tard].
Et les méthodes royales ne furent peut-être pas toujours dignes d’un prince
chrétien ! Le fait que Philippe le Bel ait été absous par son successeur
n'en fait pas un enfant de cœur, en fait… Le besoin d'argent, qui augmentait à mesure que
grandissait l'action du pouvoir royal et que s'étendait sa dispendieuse
administration, fut, sinon l'unique, du moins le principal mobile de la
politique de Philippe le Bel. Cette nécessité pressante, qui devait décider
l'abolition de l'ordre des Templiers, qui cherchait des ressources dans les
impôts nouveaux, dans l'altération des monnaies, dans l'expulsion des juifs et
la confiscation de leurs biens, amena la lutte la plus importante de la fin du
treizième siècle, celle dans laquelle la papauté, jusqu'alors supérieure à
toutes les puissances, reçut une violente atteinte.
La querelle de Philippe le Bel contre Boniface VIII, à
laquelle s'intéressent non seulement la France et l'Italie, mais l'Europe
entière commença par une question d'argent, comme d'hab ! Philippe le Bel pour
continuer la guerre contre l'Angleterre, voulut soumettre le clergé de France
aux redevances générales ; il lui
demanda de payer l'impôt. Le pape, qui prétendait que le clergé relevait de sa
seule autorité, ordonna de résister aux ordres du roi de France ; et par une
première bulle, il excommunia tout clerc qui consentirait à payer un impôt sans
l'ordre du saint-siège, et tous ceux qui établiraient un pareil impôt, quels
qu'ils fussent… Ce fut l'origine de ce débat, dont les proportions
s'agrandirent bientôt et qu'envenima rapidement le caractère des deux
adversaires.
A la bulle pontificale qui défendait au clergé de
consentir à aucune dîme sans l'autorisation du pape, Philippe répondit en
prohibant la sortie hors de son royaume de l'or, de l'argent, des vivres et des
chevaux. C'était frapper indirectement Rome, qui tirait ses ressources des
divers impôts levés sur le clergé européen. Boniface VIII adressa au roi une
bulle nouvelle qui se terminait par ces paroles sévères ; "Nous exhortons donc ta sérénité
royale à recevoir avec respect les remèdes que t'offre la main paternelle et à
corriger ton erreur, conserve notre bienveillance et celle du saint-siège, et
ne nous force pas à recourir à des moyens inusités que nous n'emploierions que
malgré nous alors que nous y serions réduit par la justice." Puis le pape adressa à Philippe le Bel une
bulle demeurée célèbre, et qui commence ainsi ; "Écoute, mon fils, les
conseils d'un père," et dans laquelle il expose et incrimine sans
ménagement, avec amertume, l'administration du prince.
Le roi, transporté de fureur fit répandre une pièce
falsifiée d'une insolence brièvement injurieuse et une réponse remplie de
grossièreté. Il convoqua une assemblée,
où les trois ordres de l'État étaient réunis ; ce fut la première réunion des États
Généraux. Les trois ordres s'associèrent à la cause royale, la noblesse
et les députés des villes avec véhémence, le clergé avec une certaine réserve. Le
pape fut publiquement accusé de simonie, d'hérésie et
de vices infâmes… Il prépara alors contre Philippe le Bel une bulle de
déposition qui transférait la couronne à Albert d'Autriche ! Il fallut donc que
Philippe Le Bel - la mort dans l'âme - fasse appel à des hommes des basses œuvres,
il fallut qu'il achète des magistrats pour que, la veille du jour où devait
être lancée la bulle de déposition, ils pénètrent dans la résidence de Boniface
aux cris de "Meure le pape, vive le roi de France" ! Durant trois
jours, livré à cette troupe furieuse, le successeur de saint Pierre subit tous
les outrages. L'expédition de Nogaret remplit d'horreur le monde chrétien terrorisé
; mais personne ne s'arma pour la défense du saint siège…
Cet ouvrage est l'un des plus
importants de l'historien janséniste Adrien Baillet (1649-1706), qui fut bibliothécaire
de Lamoignon et auquel on doit la première biographie de René Descartes. Cette
seconde édition parut la même année 1718 que l'originale : l'une et l'autre sont
posthumes, mais la différence tient aux ajouts et corrections effectués par J.
Le Long dans la seconde. L'ouvrage se veut le complément indispensable du
recueil de documents donné par les frères Dupuy sur l'affaire des Templiers,
comme il est indiqué dans la préface. Pierre
Histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel,
Roi de France. Seconde édition revûe & corrigée. Paris,
François Barois, 1718. Un volume in-12 (17 x 10 cm),. Reliure plein veau
marbré, dos à nerfs, pièce de titre, caissons fleuronnés dorés, tranches rouges
mouchetées, gardes colorées.[1f bl], [4ff titre],366pp,[1f priv], [1f bl]. Bel
état, grande fraicheur. 90 € + port
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