Le Bas-Empire constitue avec le Haut-Empire l’une des deux découpes de l'Empire romain vue par les historiens français. Ces termes sont des concepts très usuels, mais leurs limites chronologiques respectives ne sont pas fixées de façon unanime. On fixe la plupart du temps cette période entre les années 284 avec l’Empereur Constantin et la création de Constantinople et 1453 avec la disparition de l’Empire byzantin et la chute de cette même ville. Le Bas-Empire est donc la période finale de l'Empire romain d’occident et d’orient. L'expression date de la publication de l'Histoire du Bas-Empire, de Charles Le Beau, œuvre que je propose aujourd’hui à la vente en 24 volumes continuée par Ameilhon. L'emploi de l'adjectif « bas » n'était pas négatif à cette époque. Depuis les basses Alpes et le bas Rhin, rien n’est plus comme avant !
C’est Charles Le Beau dans sa préface qui nous explique
ses intentions : « Je me propose d’écrire l’histoire de Constantin et
de ses successeurs, jusqu’au temps où leur puissance, ébranlée au dehors par
les attaques des Barbares, affaiblie au dedans par l’incapacité des Princes,
succomba enfin sous les armes des Ottomans. L’Empire Romain, le mieux établi
qui fut jamais, fut aussi le plus régulier dans ses degrés d’accroissement et
de décadence. Ses différentes périodes ont un rapport exact avec les différents
âges de la vie humaine. […]
L’ouvrage que j’entreprends est l’histoire de sa
vieillesse : elle fut d’abord vigoureuse, et le dépérissement de l’État ne se
déclara sensiblement que sous les fils de Théodose. De là à la chute entière,
il y a plus de mille ans. La puissance des Romains avait la même consistance
que leurs ouvrages : il fallut bien des siècles et des coups réitérés pour
l’ébranler et pour l’abattre. Et quand je considère d’un côté la faiblesse des
Empereurs, de l’autre les efforts de tant de peuples qui entament
successivement l’Empire, et qui sur les débris établissent tous les Royaumes de
l’Europe en deçà du Rhin et du Danube, je crois voir un ancien palais, qui se
soutient encore par sa masse et par la stabilité de sa structure, mais qu’on ne
répare plus, et que des mains étrangères démolissent peu à peu et détruisent à
la longue, pour profiter de ses ruines.
Il est vrai que les siècles antérieurs présentent une
scène plus vive et plus brillante. On y voit des actions plus héroïques, et des
crimes plus éclatants : les vertus et les vices étaient des effets ou des excès
de vigueur et de force. Ici, les uns et les autres portent un caractère de
faiblesse : la politique est plus timide, les intrigues de la Cour succèdent à
l’audace ; le courage militaire n’est plus dirigé par la discipline ; les
Romains de ces derniers temps ne songent plus qu’à se défendre, quand leurs
ancêtres osaient attaquer ; la scélératesse devient moins entreprenante, mais
plus sombre ; la haine et l’ambition emploient le poison plus souvent que le
fer ; cet esprit général, cette âme de l’État, qu’on appelait amour de la
Patrie, et qui en tenait toutes les parties liées ensemble, s’anéantit et fait
place à l’intérêt personnel ; tout se désunit et les Barbares pénètrent jusque
dans le cœur de l’Empire.»
La publication de cette Histoire du Bas Empire couvrant
presque douze siècles s’étalera sur plusieurs années. Le Beau n’en verra pas la
fin, puisqu’il meurt après avoir rédigé le vingt-et-unième volume. (il était
parvenu à l’an 1255). Son œuvre sera continuée par Ameilhon qui dans cette
édition d’époque se termine au 24eme volume (1341).
La Révolution arrive qui interrompra la
publication ! Elle reprendra après cette parenthèse… Quelques années plus
tard, un libraire nommé Ravier établira deux volumes de tables. C’est pourquoi on trouve
souvent cette œuvre avec des reliures différentes. Ici, nous avons à faire à une
reliure uniforme alors à la mode dans le style du XVIIIème siècle : c’est
assez rare pour le mentionner ! L’œuvre de Charles Le Beau (1701-1778)
peut judicieusement s’adosser avec celle de son confrère contemporain Edward
Gibbon (1737-1794) que je propose aussi sur le blog (on peut cliquer). Pierre
LE BEAU (Charles) – AMEILHON. Histoire du Bas-Empire en
commençant à Constantin Le Grand (Continuée par M. Ameilhon pour les trois
derniers volumes).Tome 1 à 24. Paris, Desaint et Saillant, Nyon
successeur, 1757-1786. 24 volumes in-12
(17/10cm). Reliure plein veau marbré, encadremeent des plats par un filet
estampé, dos à nerfs, caissons fleuronnés, filet sur les coupes et les coiffes, gardes marbrées coquille,
toutes tranches rouges. Grande fraicheur extérieure et intérieure. Menus défauts de reliure. Très bel
exemplaire en reliure uniforme 18eme siècle. 720 € + port
2 commentaires:
LE BEAU livre
Textor
Comme vous me le faisiez remarquer sur un autre support, entre le Haut-Empire et le Bas-Empire, il y a l'Empire du Milieu qui n'a pas été traité par l'auteur ! Question d'époque, peut-être...
Un information surprenante qui m'a fait pensé à présenter l'ouvrage aujourd'hui : L’œuvre a été proposée sur Ebay la semaine dernière et a affiché pas moins de 52 enchères pour arriver à un prix final qui se rapproche du mien ! Les lecteurs existent...
Pierre
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