Salomon Gessner a son patronyme qui
s'écrit avec deux "s " et non un seul comme il est mentionné dans le
dictionnaire du 19eme siècle de Pierre Larousse. Cette erreur typographique est-elle
la raison de la parfaite méconnaissance de l'œuvre de l'écrivain en France ? C'est
probable ! Certains ont pu croire, à tort, que Salomon Gessner n'avait existé que
dans le cerveau fantasque de quelques traducteurs héxagonaux…
Il faut donc rendre justice à Wikipédia
de l'avoir fait renaitre en le mettant à la bonne place et à la bonne page. Salomon Gessner est un célèbre poète et
paysagiste suisse, contemporain de Jean-Jacques Rousseau, né à Zurich en 1730.
Son père qui était imprimeur dans cette ville voulu lui apprendre son état et
l'envoya en apprentissage à Berlin. Mais
le jeune Gessner qui s'était épris de passion pour la lecture et le dessin
délaissa l'atelier et rechercha la société des artistes et des poètes.
Il entra
en relation avec le peintre de la Cour, Kempel, fréquenta de nombreux poètes et se lia d'amitié, aussi, avec son célèbre compatriote Sulzer de Winterthur, l'auteur du dictionnaire
des beaux-arts, que le grand Fréderic avait attiré à Berlin.
De retour à Zurich, Salomon Gessner se
livra tout entier à ses goûts. Il s'enthousiasma pour Longus et Théocrite et
chercha bientôt à les imiter à sa façon. Son début dans le genre fut Le poème
de la nuit (1752) suivi d'un second nommé Daphné (1754). Un poème tous les deux
ans, pour un suisse, ça va !
L'année 1756 vit la publication de ses
Idylles, traduites presque immédiatement en français par le genevois Huber. Cet
ouvrage eut à Paris un succès enthousiaste et une vogue extraordinaire. L'esprit
français blasé des faux bergers de Fontenelle et de Mme Deshoulières accueillit
avec bonheur les bergeries, non moins conventionnelles de Gessner mais plus
intimes et plus pastorales…
On comptait parmi les admirateurs de
Gessner, Rousseau bien sûr, mais aussi Mirabeau et Chénier. Au talent de poète,
Gessner unissait aussi celui de peintre, de critique d'art comme dans ses Lettres sur
le paysage (Briefe uber landschaftmalerei) et de grand épistolier.
Pour les spécialistes de l'écrivain,
Salomon Gessner a crée un genre. Un monde idéalisé par l'art poétique mais en
parfaite inadéquation avec le monde moderne ; d'où sa méconnaissance actuelle. On peut espérer que quelques amateurs de
belles reliures - en maroquin cerise - en feuilletant l'ouvrage, nouent de
nouvelles idylles avec l'auteur… Pierre
GESSNER (Salomon). Œuvres complètes. Paris, Bossange Masson et Besson, An V -1797. 3
volumes petit in-12. Reliure plein maroquin cerise, plats encadrés d'un filet
doré, dos lisses ornés de filets dorés, titre et tomaison en lettres dorées,
filet doré sur les coupes, roulette intérieure, toutes tranches dorées, gardes colorées.
[2 ff bl], [3ff titre], 285 pp, [2 ff bl] / [2 ff bl], [2ff], 271 pp, [1f table], [2 ff
bl] / [2 ff bl], [2 ff], 335 pp, [2 ff bl]. Belle édition illustrée d'un
portrait en frontispice, de 3 titres gravés et 14 figures H.T, copies très exactes
de celles de Marillier gravées par Delvaux. Très bon état. Vendu
2 commentaires:
déjà vendu ! bravo Pierre.
Ou alors il n'était pas assez cher ? ;)
C'est un questionnement permanent, pour le libraire, que de déterminer le bon prix de vente de ses livres, calamar.
J'en viens à penser que le prix proposé à l'achat doit être le prolongement de celui que nous espérons à la vente avec un coefficient qui doit être toujours décent...
Dans le cas présent, je suis convaincu que la qualité des illustrations (même si comme je l'ai précisé, elles sont des copies exactes de Marillier), le caractère cosmopolite de l’œuvre, et la charmante reliure en maroquin cerise plaidaient pour une transaction rapide - ce qui a été le cas...
Pierre
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