Je n'ai jamais lu une seule ligne de Paul Scarron : je l'avoue (sous la torture)... Je connais le bonhomme ; je connais sa vie, ses souffrances, son épitaphe, son illustre veuve, et tout ceci m'interdirait légitimement d'en parler si je n'avais pas cette heureuse absence de pudeur morale qui me permet d'aborder un sujet sans en connaitre le début du commencement.
Pris d'un accès irrépressible d'honnêteté intellectuelle, je
viens cependant d'effacer le brillant texte que j'avais pondu sur l'auteur pour
le remplacer par un avis au lecteur où Scarron, encore plus faux-cul que moi,
se décharge des imperfections de son édition pour en faire porter la
responsabilité aux imprimeurs et demander, par conséquent, aux lecteurs d'acheter assez d'exemplaires de cette édition pour qu'il puisse la faire imprimer une seconde fois, augmentée
et corrigée. Malin, le Scarron !
" Au lecteur scandalisé des fautes d'impression qui
sont dans mon livre : Je ne te donne point d'autres errata de mon livre que mon
livre lui-même, qui est tout plein de fautes. L'imprimeur y a moins failli que
moi qui ai la mauvaise coutume de ne faire bien souvent ce que je donne à
imprimer que la veille du jour que l'on l'imprime […] Si tu est en peine de
savoir pourquoi je me presse tant, c'est ce que je ne veux pas dire et si tu ne
te soucies pas de le savoir, je me soucie encore moins de te l'apprendre
". Je vous propose deux éditions à la vente.
La première publiée en 1713 à Amsterdam, a pour titre Les
nouvelles œuvres tragi-comiques de Monsieur Scarron tirées des plus fameux auteurs
espagnols où sont agréablement decrites diverses aventures amoureuses, dans
lequelles se découvrent les ruses, pratiques, & commerces d'amour des
courtisans de ce temps ". Il faut
dire que Paul Scarron s'y connaissait en séduction, lui qui s'était marié à
une très belle femme …
La deuxième édition, remarquablement imprimée par Guiraudet
et Jouaust - comme à leur habitude – pour Jannet, libraire à Paris en 1857, aborde
Le Roman comique, œuvre inachevée de Scarron, déformé par une maladie rhumatoïde,
sous la dépendance de fortes doses d'opium, qui mourra à 50 ans. Cette édition
a ceci d'intéressante - hormis l'excellence de l'exemplaire – de contenir en
préface une longue étude de Victor Fournel sur l'auteur qui ravira les
amateurs.
Cela vous donnera surement envie d'en savoir plus sur cet
écrivain. Enfin, j'espère… Pierre
Les nouvelles œuvres Tragi-comiques de Monsieur Scarron tirées des
plus fameux Auteurs Espagnols. A Amsterdam, Chez R.
& G. Wetstein, 1713. Un volume in-12. Reliure plein veau raciné , dos à
nerfs orné de caissons à fleurs de lys dorées, roulette sur les coupes, gardes
colorées. [2ff bl], 263 pp [2ff bl]. Orné d'un titre frontispice de Penningen. Bel
état. 75 €+ port
Le
Roman comique. Nouvelle édition revue, annotée et précédée d'une introduction
par Victor Fournel. Paris, Jannet, Bibliothèque Elzévirienne,
1857. 2volumes in-12. Reliure demi porc* fauve à coins, plats colorés, dos à
nerfs, motifs estampés entre les nerfs, pièce de titre en maroquin tabac, pièce
de tomaison verte, gardes colorées, toutes tranches rouges, beau papier vergé.
Tome I : lxxxiij + 352pp – Tome II : 304pp. Joli ex libris. Imprimé par
Guiraudet et Jouaust. Très bel état. Bel ex-libris "Tourne Feuille". 95 € + port
* A moins que l'on dise cochon ou cochonne ?
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