mardi 10 juin 2014

Paul Scarron : Edition 18ème siècle ou 19ème ?


Je n'ai jamais lu une seule ligne de Paul Scarron : je l'avoue (sous la torture)... Je connais le bonhomme ; je connais sa vie, ses souffrances, son épitaphe, son illustre veuve, et tout ceci m'interdirait légitimement d'en parler si je n'avais pas cette heureuse absence de pudeur morale qui me permet d'aborder un sujet sans en connaitre le début du commencement.


Pris d'un accès irrépressible d'honnêteté intellectuelle, je viens cependant d'effacer le brillant texte que j'avais pondu sur l'auteur pour le remplacer par un avis au lecteur où Scarron, encore plus faux-cul que moi, se décharge des imperfections de son édition pour en faire porter la responsabilité aux imprimeurs et demander, par conséquent, aux lecteurs d'acheter assez d'exemplaires de cette édition pour qu'il puisse la faire imprimer une seconde fois, augmentée et corrigée. Malin, le Scarron !


" Au lecteur scandalisé des fautes d'impression qui sont dans mon livre : Je ne te donne point d'autres errata de mon livre que mon livre lui-même, qui est tout plein de fautes. L'imprimeur y a moins failli que moi qui ai la mauvaise coutume de ne faire bien souvent ce que je donne à imprimer que la veille du jour que l'on l'imprime […] Si tu est en peine de savoir pourquoi je me presse tant, c'est ce que je ne veux pas dire et si tu ne te soucies pas de le savoir, je me soucie encore moins de te l'apprendre ". Je vous propose deux éditions à la vente. 


La première publiée en  1713 à Amsterdam, a pour titre Les nouvelles œuvres tragi-comiques de Monsieur Scarron tirées des plus fameux auteurs espagnols où sont agréablement decrites diverses aventures amoureuses, dans lequelles se découvrent les ruses, pratiques, & commerces d'amour des courtisans de ce temps ".  Il faut dire que Paul Scarron s'y connaissait en séduction, lui qui s'était marié à une très belle femme …


La deuxième édition, remarquablement imprimée par Guiraudet et Jouaust - comme à leur habitude – pour Jannet, libraire à Paris en 1857, aborde Le Roman comique, œuvre inachevée de Scarron, déformé par une maladie rhumatoïde, sous la dépendance de fortes doses d'opium, qui mourra à 50 ans. Cette édition a ceci d'intéressante - hormis l'excellence de l'exemplaire – de contenir en préface une longue étude de Victor Fournel sur l'auteur qui ravira les amateurs.
 

Cela vous donnera surement envie d'en savoir plus sur cet écrivain. Enfin, j'espère… Pierre


SCARRON (Paul). Les nouvelles œuvres Tragi-comiques de Monsieur Scarron tirées des plus fameux Auteurs Espagnols. A Amsterdam, Chez R. & G. Wetstein, 1713. Un volume in-12. Reliure plein veau raciné , dos à nerfs orné de caissons à fleurs de lys dorées, roulette sur les coupes, gardes colorées. [2ff bl], 263 pp [2ff bl]. Orné d'un titre frontispice de Penningen. Bel état. 75 €+ port


SCARRON (Paul). Le Roman comique. Nouvelle édition revue, annotée et précédée d'une introduction par Victor Fournel. Paris, Jannet, Bibliothèque Elzévirienne, 1857. 2volumes in-12. Reliure demi porc* fauve à coins, plats colorés, dos à nerfs, motifs estampés entre les nerfs, pièce de titre en maroquin tabac, pièce de tomaison verte, gardes colorées, toutes tranches rouges, beau papier vergé. Tome I : lxxxiij + 352pp – Tome II : 304pp. Joli ex libris. Imprimé par Guiraudet et Jouaust. Très bel état. Bel ex-libris "Tourne Feuille". 95 € + port


* A moins que l'on dise cochon ou cochonne ?

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