Charles Marguetel de Saint-Denis, plus connu sous le nom de Saint-Évremond (1614-1703) est un écrivain libertin qui a eu la particularité d'avoir été très connu de son vivant mais édité essentiellement après sa mort.
Jeune élève des
jésuites et brillant étudiant en droit, il préférait alors être remarqué pour
ses dons de cavalier et son adresse à l'épée. Vous connaissez peut-être " La
botte de Saint Evremond " ?
Entre deux faits d'armes, il discutait philosophie avec Gassendi, bonnes
manières avec la Marquise de Rambouillet et libertinage avec Marion de Lorme et
Ninon de L'Enclos. Sa séduction ne tenait pas à son physique si l'on en juge
par son portrait…
La " Comédie des Académistes pour la réforme de la langue française " marquera sa première disgrâce auprès des bien-pensants. S'étant attiré l'antipathie du Cardinal de Mazarin, il s'exila en Angleterre où il resta même quand il lui fut possible de rentrer en France. La cuisine sans doute… Il s'était lié à Swift et sa réputation était grande au café "Will" qui lui tenait lieu d'Académie ; en tout cas c'est ce que disait le patron (en anglais, of course).
Lecteur de Montaigne et de Cervantès, il correspondit avec Corneille, La Fontaine et Spinoza. Il écrivit un " Jugement sur quelques auteurs Français " qui montre qu'il était visionnaire et lucide. Sauf en amour ! A cinquante six ans, il tomba amoureux d'une demoiselle Hortense de vingt huit ans qui le ruina. Les temps n'ont guère changé me direz-vous !
Plutarque est
suspendu, Don quichotte interdit
Montaigne auprès d'Hortense a perdu tout crédit
Racine lui déplait, Corneille l'importune
Et ce bon La Fontaine a la même fortune.
Montaigne auprès d'Hortense a perdu tout crédit
Racine lui déplait, Corneille l'importune
Et ce bon La Fontaine a la même fortune.
Cette Hortense lui fit donc perdre la tête. Elle l'a perdit aussi en 1699 quand elle se suicida. Dans ses derniers jours, on le conjura de se réconcilier avec la Foi. " Je préfère que l'on me réconcilie avec l'appétit " dit-il dans une dernière bravade de mousquetaire. A 86 ans, il s'éteignit. Ses derniers vers l'annonçaient :
Aucun vin ne me
fait envie
D'aucuns mets je suis tenté,
Que puis-je faire dans la vie ?
Je prends peu de plaisir à lire,
J'oblige le public en m'abstenant d'écrire…
D'aucuns mets je suis tenté,
Que puis-je faire dans la vie ?
Je prends peu de plaisir à lire,
J'oblige le public en m'abstenant d'écrire…
Il y a des langueurs magnifiques, n'est-ce pas ? Les anglais qui sont clairvoyants l'ont enterré à côté de leurs poètes à l'Abbaye de Westminster. Hats off, gentlemen ! Pierre
Mélange curieux des meilleures pièces attribué a Mr De
Saint-Evremond et quelques autres ouvrages rares ou nouveaux. Quatrième édition où l'on a retranché plusieurs pièces pour en
ajouter de plus intéressantes. Enrichie de figures gravées par P. Picart le
Romain. Amsterdam, chez Covens et
Mortier, 1739. 3 tomes in 12 reliure plein veau marbré, encadrement des plats
par un filet estampé, dos à nerfs, caissons fleuronnées, pièce de titre et
lettres dorées, roulette sur les coupes, gardes colorées. Tome I : [2ff titre], xxiv, [1f table], 516pp.
Tome II : [2ff titre], [1f table], 460pp, [2ff avert], [5ff table]. Tome
III : [2ff titre], [1f table], 443pp, [8ff table]. Restauration coiffe et
coins et un plat. Une gravure H.T par tome. Agréable ensemble des trois premiers tomes d'une
collection inconnue en plus de tomes... 185 € + port
1 commentaire:
Il ne m'a pas été possible de retrouver une édition équivalente en plus de trois tomes dans les bibliothèques de référence.
Peut-être est-ce - pour 1739 en tout cas - une édition complète ?
Pierre
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