« Ma main plonge dans le premier baril et en retire une poudre brune, impalpable, que je jette au torrent : une coloration splendide, et aussi instantanée qu'une déflagration, jaillit en bouquet dans la cascade ; quelques poignées la transforment en une trombe d'un vert fluorescent, inimitable et indescriptible ».
Les trois ouvrages 90 € + port |
Extrait d'une
communication reçue à l'Académie des Sciences en 1931, ce texte de
l'explorateur Norbert Casteret repris par le journal «L'illustration» raconte
comment, en la teintant, il est parvenu à identifier la source principale de la
Garonne dans le massif de la Maladetta, les «monts maudits». L'histoire est
connue, mais mérite d'être rappelée, car plus de 80 ans après cette découverte,
on lit encore que la Garonne prend sa source au pla de Beret, au-dessus de
Baqueira. Car s'il n'existe en France qu'une Garonne, il coule en Espagne
plusieurs garonas contribuant à former notre grand fleuve, nous dit la Dépêche
de Toulouse…
L'intuition de
Norbert Casteret, aventurier scientifique né en 1897 est que les cascades du «Trou du toro», gouffre qui baille au
pied de la Maladetta, ne partent pas vers le rio Esera et la Méditerranée, mais
en direction du versant océanique, et alimentent, au terme d'un cours
souterrain de 4 km, le Goueil de Jouéou. Dès 1928, il se consacre à ces recherches,
visite et scrute tous les ravins, notant les moindres filets d'eau, comparant
les débits, les températures, les alluvions. Début 1931, il publie dans le
bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Toulouse l'étude confirmant sa
thèse. Mais il veut démontrer le fait aux yeux de tous, résoudre de manière
éclatante l'énigme de la source de Garonne. L'idée de la coloration n'est pas
nouvelle. C'est à la suite d'un incendie dans la distillerie Pernod de Pontarlier, en
1901, que l'on découvrit la source de la Loue, une résurgence du Doubs !
Norbert Casteret
mène ses opérations en famille. Le 19 juillet 1931, c'est une caravane composée
de Norbert, de sa mère, de son épouse Elisabeth et de deux amies de cette
dernière, Mlles Casse et de Sède, qui part de Luchon vers le «Trou del Toro»,
suivie d'un Aragonais et de son mulet porteur du puissant colorant. Arrivés au
bord du «Trou», à 2020 mètres d'altitude, Norbert et Elisabeth Casteret projettent la
poudre.
L'équipage se serre
pour la nuit dans un refuge et se séparera avant l'aurore en deux groupes :
Elisabeth et ses amies iront du côté du Rio Esera, Norbert et sa mère au Goueil
de Jouéou, «l'œil de Jupiter». Brouillard, pluie, ils descendent difficilement
les 600 m de dénivelé. Norbert entend la cascade dans la forêt, avant de la
voir surgir… «Soudain, à travers les frondaisons, raconte-t-il, j'aperçois une
portion de l'énorme résurgence et je ressens comme un choc : le Goueil coule
vert ! » Du côté de l'Esera, confirmera Elisabeth, l'eau est plus claire que
jamais.
Traduit et écouté
dans le monde de la spéléologie, Norbert Casteret est internationalement connu, médaillé
et honoré tant pour ses découvertes, ses conférences que ses nombreux livres de
vulgarisation (plus de 45 ouvrages traduits en 17 langues). Il se révèle aussi
un naturaliste expert concernant les animaux vivant dans les cavernes et
notamment l’ours des cavernes.
Il demeure jusqu’au
bout un homme simple, affable, plein d’humour et bavard avec ses visiteurs. Son endurance et le rythme lent
de son cœur lui permettent de mener de longues immersions sous l’eau. Ceci lui
vaut en 1923, la médaille d’or de l’Académie des Sports pour son exploit
exceptionnel de plongée dans la Grotte de Montespan. C’est à 90 ans
qu’il décède en 1987, conservant par la marche à pied une bonne condition
physique et valant exemple de courage et d’endurance pour tous.
Je vous propose,
aujourd'hui, trois ouvrages traitant de spéléologie. Deux sont de la plume de
Norbert Casteret. Le troisième a été publié par le Père abbé André Glory,
célèbre explorateur du royaume d'Hadès, maitre des enfers (sic). Pierre
Au pays du grand silence noir. Paris, Alsatia, sd (1930). 1 volume in-8. Reliure demi-chagrin
tabac à coins, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes colorées,
couverture et dos conservés. 275 pages. Nombreux clichés. Bel état. 34 € + port
(André).
Au fond des gouffres. Paris, librairie académique Perrin, 1936. 1 volume in-8. Reliure
demi-chagrin tabac à coins, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes
colorées, couverture et dos conservés.. 299 pages. Nombreux clichés. Bel
état. 34 € + port
( ).
Dix ans sous terre, campagnes d'un explorateur solitaire. Paris, librairie académique
Perrin, 1937. 1 volume petit in-8. Reliure
demi-chagrin tabac à coins, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes
colorées. 314 pages. Nombreux clichés. Bel état. 34 € + port
( ).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire