lundi 9 juin 2014

Les Provinciales de Pascal : édition de 1766. A suivre à la lettre...


" L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête… ". Les Provinciales sont une série de dix-huit lettres écrites par Blaise Pascal sous un pseudonyme (ou Lettres écrites par Louis de Montalte à un Provincial de ses amis et aux R.R. Pères Jésuites), publiées entre 1656 et 1657. Une dix-neuvième lettre, absente dans l'édition de 1766 proposée à la vente, aujourd'hui, est fréquemment incluse avec les autres dans les éditions contemporaines.


Antoine Arnauld, chef de file des jansénistes depuis la mort de Jean Duvergier de Hauranne, était en désaccord avec la Sorbonne au sujet d'une bulle d'Innocent X (mai 1653). Cherchant à défendre l'un de ses amis - le marquis de Liancourt - il s'attira les foudres de la Sorbonne. Les jansénistes cherchèrent un défenseur en la personne de Pascal.


Blaise Pascal accepta. Il commença à publier les lettres à partir du 23 janvier 1656 sous le pseudonyme de Louis de Montalte et attaqua avec subtilité la "casuistique", forme de réflexion, chère aux jésuites. Les Provinciales prétendaient être les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux R.R.P.P. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères. Il s'adresse à un ami qui vit en province à propos des discussions sur la morale et la théologie qui excitaient les cercles intellectuels et religieux de la capitale, particulièrement la Sorbonne.


Pascal allia la ferveur d'un nouveau converti et l'esprit brillant d'un homme du monde, avec un style de la prose française inconnu jusque là. À côté de leur influence religieuse, les Provinciales ont été une œuvre littéraire populaire. Pascal se servit de l'humour, de la moquerie et de la satire méchante dans ses arguments, pour permettre une utilisation publique des lettres qui influenceront plus tard des écrivains français comme Voltaire et Jean-Jacques Rousseau.


Les cinq premières lettres promeuvent les principes majeurs des enseignements jansénistes, par exemple les dogmes du « pouvoir proche » (Lettre I) et de la « grâce suffisante » (Lettre II) et expliquent pourquoi ils ne sont pas hérétiques. La lettre V (20 mars 1656) est particulièrement virulente. Ses attaques contre les autorités prennent, selon Jean Lacouture, un ton polémique tel que « Voltaire lui-même n'a jamais peut-être atteint à cette fulgurance » : il nomma personnellement et par écrit un grand nombre de personnalités. Les dernières lettres montrent Pascal davantage sur la défensive – les pressions sur les jansénistes de Port-Royal pour qu'ils renoncent à leur enseignement sont croissantes pendant ce temps – et contiennent l'attaque contre la casuistique. 


La première édition des dix-huit lettres, publiées entre 1656 et 1657 par Pierre Le Petit, choque Louis XIV, qui en demande l'autodafé. En 1661, l'école janséniste de Port-Royal fut condamnée à son tour et fermée, ceci aboutissant à la signature d'une bulle papale condamnant l'enseignement des jansénistes comme hérétiques. La dernière lettre défiait le pape lui-même, provoquant Alexandre VII à condamner les lettres le 6 septembre 1657. Mais ceci n'empêcha pas la France cultivée de les lire.


La position officielle de l'Église romaine était de déplorer l'aveuglement de Pascal qui ne se rendait pas compte que, par de tels écrits, il donnait des armes aux adversaires du catholicisme. La position officieuse était plus bienveillante : « Que Pascal ait pensé faire un travail utile, c'est toute sa vie qui en témoigne, aussi bien que ses déclarations à son lit de mort. Sa bonne foi ne peut pas sérieusement être mise en doute, mais certaines de ses méthodes sont plus discutables. […]. Le reproche le plus grave qu'on puisse lui adresser est d'avoir injustement fait tort à la Société de Jésus, en l'attaquant exclusivement et lui attribuant un désir d'abaisser l'idéal chrétien et de mitiger le code de la morale dans l'intérêt de sa politique ».


Les Provinciales ont été largement diffusées dès leur parution. Voltaire les a jugées "le meilleur livre qui ait jamais paru en France", et quand il a été demandé à Jacques Bénigne Bossuet quel livre il aurait aimé écrire, il a répondu : les Provinciales de Pascal. Vous pouvez donc acheter cet ouvrage en toute confiance… Pierre

PASCAL (Blaise). Les Provinciales, ou Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites, sur la morale & la politique de ces Pères. Avec un Discours préliminaire contenant un abrégé de la vie de M. Pascal, & l'histoire des Provinciales. Nouvelle édition. Sans lieu d'édition, 1766. Un volume in-12.  Reliure plein veau marbré, dos à 5 nerfs, caissons fleuronnés, roulettes et filets dorés, roulette sur les coiffes et les coupes, tranches rouges, gardes colorées. lxxxij pp, [3 ff table], 336 pp. Menus défauts, très bel exemplaire dans une fine reliure. Vendu

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