L'abbé Pluche, l'auteur du Spectacle de la nature, a rendu un service incontestable en vulgarisant, au dix-huitième siècle, les premières notions des sciences naturelles. Il confie, d'ailleurs, au lecteur dans sa préface les limites de ses compétences.
Ne désirant pas faire un traité scientifique dont il ne se sent pas capable, il préfère présenter ce traité sous forme d'une conversation comme c'était la mode à l'époque (Fénelon) : D'un côté un jeune homme épris de connaissance, de l'autre côté deux savants dont un ecclésiastique qui nous rappellera que l'œuvre de Dieu est partout et pour édulcorer le tout, une caution féminine diplomatique…
Noël-Antoine Pluche, plus connu sous l'appellation de l'abbé Pluche est né en 1688. il se voua de bonne heure à l'enseignement public. Il était à vingt-deux ans professeur d'humanités au collège de sa ville natale, et parvint rapidement à la chaire de rhétorique. Ordonné prêtre, il obtint de l'évêque de Laon la place de principal du collège de cette ville. Sur la recommandation de Rollin, il fut ensuite appelé à Rouen pour diriger l'éducation du fils de l'intendant de Normandie, Gasville. Revenu à Paris, il vécut quelque temps en donnant des leçons d'histoire et de géographie, puis renonça à l'enseignement pour se consacrer entièrement à la composition d'un ouvrage à destination de la jeunesse, le Spectacle de la nature. On doit encore à l'abbé Pluche La Mécanique des langues et l'art de les enseigner (1735).
Le Spectacle de la nature, qui fut publié à Paris, en 1732 (8 tomes en 9 volumes in-12), renferme des notions de physique et d'histoire naturelle, la description des principaux procédés des arts mécaniques, et des dissertations sur quelques questions de morale. Le tome IV contient, entre autres sujets, une centaine de pages sur l'éducation.
Bernard nous rappelait, il y a quelques temps sur Bibliomab que Voltaire parle avec ironie de cet ouvrage dans une lettre de défense de Montesquieu : "A propos, monsieur, mes compliments à M. Pluche, qui continue si intrépidement à copier des livres pour étaler le Spectacle de la Nature, et qui s’est fait le charlatan des ignorants. On ne peut être plus content que je le suis de voir une préparation et même une démonstration évangélique à côté de la manière d’élever des vers à soie. Il est toujours fort beau à lui de faire de Moïse un excellent physicien, de soutenir hardiment, malgré toutes les académies, que la lumière ne vient point du soleil et des autres corps lumineux, et d’avancer que les Nègres sont devenus noirs petit à petit, en qualité de descendants de Chus. Ce Pluche n’a jamais vu apparemment de Nègre disséqué. J’apprends aussi qu’il a trouvé la place du paradis terrestre où l’on conserve la côte d’Adam et la peau du serpent qui parla à sa femme ".
Avec leurs défauts, ces ouvrages du XVIIIe siècle n'en sont pas moins recherchés par les bibliophiles. La raison en revient à la qualité des éditions et à leur richesse en illustrations. Une petite déception, malgré tout : Bien que complets en eux-mêmes, les volumes ont souvent été séparés au cours du temps lors des successions. On trouve donc fréquemment des collections incomplètes sur les rayonnages des libraires et les reliures sont parfois très abîmées. C'est pourquoi, ne cherchant pas à me démarquer de mes confrères, je ne vous en présenterai que deux !
J'ai choisi, néanmoins, deux reliures parfaites ;-)) Pierre
PLUCHE Noël-Antoine]. Le Spectacle de la nature, ou Entretiens sur les particularités de l'histoire naturelle, qui ont paru les plus propres à rendre les jeunes gens curieux, & à leur former l'esprit. 2 volumes in-12. Tome I : à Paris chez Knapen, 1782 - Tome III : à Paris chez Estienne, 1780. Les deux volumes avec planches gravées, la plupart en dépliant. Reliure plein veau marbré fauve racinée, dos à nerfs et ornés de motifs dorés, tranches rouges (reliure XVIIIeme). Collation : Tome I. Concernant ce qui regarde les animaux et les plantes [2ff]-xxiij-563 pp-[1f] – Tome III. Contenant ce qui regarde les dehors & l'intérieur de la terre [4ff]-575pp-[1f]. Beaux exemplaires sans défauts majeurs et complets des planches. 145 € les deux tomes + port
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
7 commentaires:
Le livre indique-t-il où est la peau du serpent qui parla à Eve ? Si je le tenait celui-là !
Si je le tenais (avec un s comme serpent) pour lui faire la peau, évidemment !
Textor
Vous voudriez lui faire la peau ! Dieu lui a fait les pattes ;-))
Je rappelle qu'avant d'avoir été l'instigateur du pêché, le serpent était pattu... (désormais tu ramperas sur le ventre et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie...) Pierre
Bien fait pour lui !
C'est quand même à cause de ce pattu-là que nous avons été obligé de quitter le Paradis Terrestre, qui était un endroit magnifique, composé d'une suite de galeries hexagonales tapissées de livres et de manuscrits enluminés...
oui, mais situées au dessus des cuisines. Maintenant c'est mieux, seuls les livres du même nom y trônent.
Malgré cela, le paradis sur terre existe, une fois que l'on a chassé quelques contingences domestiques de notre vie.
Plus difficile est l'accès au paradis céleste... Pierre
Calamar, vous m'avez troublé et j'ai relu la Bibliothèque de Babel. Je ne vois pas qu'elle ait été construite au dessus des cuisines ?!!
Enregistrer un commentaire