jeudi 21 avril 2011

L'antiquité dévoilée au moyen de la genèse & La chronologie de la genèse, dans un seul volume par Gosselin


"En général, il parut à Newton que le monde était de cinq cents ans plus jeune que les Chronologies ne le disent; il fonde son idée sur le cours ordinaire de la nature et sur les observations astronomiques. Les Anciens composèrent leur grande année du monde, c'est à dire la révolution de tout le Ciel d'environ 36000 ans. Mais les Modernes savent que cette révolution imaginaire du Ciel des étoiles n'est autre chose que la révolution des pôles de la terre, qui se fait en 25900 années. Je ne sais si ce système ingénieux fera une grande fortune. Peut être les savants trouveraient-ils que c'en serait trop d'accorder à un même homme l'honneur d'avoir perfectionné à la fois la Physique, la Géométrie et l'Histoire; ce serait une espèce de Monarchie Universelle dont l'amour-propre s'accommode malaisément."


Ce propos spirituel de Voltaire (XVIIe Lettre Philosophique, 1728) nous rappelle que Newton, célèbre par ses travaux sur la gravité, fut tout aussi renommé pour ses recherches concernant la datation chronologique de la genèse. Ce sujet, très en vogue de nos jours chez les partisans du fixisme, a continué tout au long du 19eme siècle à occuper les plus grands savants. Certains sont restés confinés à l'astronomie pure. D'autres ont flirté avec l'occultisme et l'ésotérisme. L'ouvrage que je vous présente aujourd'hui est de ceux là. Sans mention d'auteur, il est attribué à Charles Gosselin (Gosselin, Charles Robert, 1740-1820) comme il est indiqué de façon manuscrite en première page de la plaquette par le propriétaire de l'époque.


En 1806, un autre astronome Charles-François Dupuis publia trois ans avant sa mort deux textes consacrés au Zodiaque (zone céleste qui contient les douze constellations) qui sert de base à cette datation : L’article de la Revue Philosophique, consacré au Zodiaque de Dendérah et le Mémoire explicatif du Zodiaque chronologique et mythologique. Une des réactions les plus intéressantes sera celle de Charles Gosselin avec son Antiquité dévoilée au moyen de la Genèse dont la première édition de 1807 ne prenait pas encore en compte cette récente production. En 1808, une nouvelle édition augmentée (exemplaire non conservé à la BNF) comporte, en annexe, une Chronologie de la Genèse confirmée par les monuments astronomique, tout à fait intéressante. Curieusement Gosselin y parle d’un "L. Dupuis". Cette addition sera elle-même commentée par J. D. Lanjuinais (Magasin Encyclopédique, février 1810, p. 451), texte ajouté à l’édition de 1812 de l’ouvrage de Gosselin, ainsi que dans l’édition de 1817.


Le débat tourne autour de la date du Zodiaque : Dupuis, note Gosselin, se gausse de ceux qui veulent faire débuter le zodiaque par une étoile imperceptible de la queue du Bélier et il suggère pour vrai commencement une étoile de la constellation de la Balance, ce qui ferait, note Gosselin, remonter le zodiaque de 15000 ans du temps présent. (??) En bref, la datation du Zodiaque de Dendérah n’est pas résolue ce qui, en soit, ne me gène pas trop ;-))


"Selon Dupuis, reprenant une argumentation de Pluche (Histoire du Ciel où l’on recherche l’origine de l’idolâtrie et les méprises de la philosophie sur la formation & sur les influences des corps célestes, Paris, 1739) seule l’Egypte aurait le bon profil pour rendre compte de la succession des symboles zodiacaux à condition toutefois de supposer que le point de départ du zodiaque soit placé en Balance et non en Bélier ou en Taureau, repoussant ainsi d’un demi-cycle précessionnel de 25920 ans, le cadre chronologique biblique traditionnellement admis de son temps, ce qui ne fait que contribuer à sa déconstruction du christianisme… ". Je vous dois un aveu : Je viens de faire un copier-coller de ce pavé sur un article universitaire. Et bien, vous n'allez peut-être pas me croire (si, si, je vous connais…) mais je n'ai pas compris un traite mot de cette démonstration, ce qui en dit long sur la légèreté de mes notices …


Je vous conseille donc, si vous voulez en savoir un peu plus sur le sujet, de vous plonger dans l'ouvrage proposé. Il est remarquable en ce qu'il est présenté en deux textes qui sont complémentaires mais paginés de façon non continue, dans des papiers de grammage et de qualité différents et semblent avoir eu des destins séparés avant leur réunion car la chronologie présente des traces de mouillures claires que ne présente pas la première partie qui est très propre. Le premier propriétaire a laissé aux générations à venir des commentaires pertinents de l'époque. Ouvrage rare pour bibliophile amateur d'ésotérisme, il me semble… Pierre


ANONYME. [GOSSELIN Ch. Robert]. L'Antiquité dévoilée au moyen de la Genèse, source et origine de la mythologie, et de tous les cultes religieux. Nouvelle édition augmentée de la chronologie de la genèse. A Paris chez Egron et Lenormant. Paris, 1808. [2ff titre], X, [1f errata], 128pp, 39pp. Un volume in-8 broché en couverture d'attente brune. Beau papier vergé épais. Trace de mouillures claires en fin d'ouvrage. Bel ensemble. Vendu

6 commentaires:

Jeanmichel a dit…

Qui osera affirmer saisir clairement le sens de l'article proposé ?
Tenter de déterminer l'âge d'un monde sans inventer au prélable un instrument fiable pour mesurer le temps est illusoire. Ce serait comme mesurer une tour Eiffel à l'aide d'un mètre aux dimensions aléatoires, tantôt elle sera grande tantôt elle sera petite.
Car le temps est élastique et reste encore de nos jours un grand mystère. Pour rassasier l'esprit autant admettre que nos sens ne nous permettent pas de l'appréhender, cela vaudrait mieux que toutes ces circonlocutions zodiacales incompréhensibles, qui ont toutefois cet avantage de permettre d'explorer les arcanes dérivatifs d'un cerveau humain en plein désarroi.

Anonyme a dit…

Bonjour Pierre, il faudrait aller visiter le temple de , je ne sais plus lequel...il y avait un systéme de calcul perpétuel trés ingénieux, avec sa représentation du temps, remonter le panthéon egyptien à dos de chameau et peut être auriez vous une idée de ce qu'il raconte.
Pour avoir un peu lu des ouvrages ésotériques et pseudo scientifiques sur la question, cette étude est parfaite pour qui veut comprendre la plupart des idées reçues véhiculées par les futurologues patentés.
Les calculs égyptiens étaient trés précis, si on part du fait qu'ils se basaient sur les crues du nil et la clepsydre, et une bonne part de hasard et de coïncidences... Alexandrie ayant brulée... ils restent des hypothéses.
Bonne journée.
Sandrine

Pierre a dit…

Jean-Michel,

Vos propos sont ceux d'un sage à qui on ne la fait pas. Quelle clairvoyance et quelle lucidité dans vos remarques ! Il m'arrive quelquefois de ne pas comprendre une chose et d'en rejeter la faute sur l'étroitesse de mon esprit. Je reprends dorénavant vos judicieuses réflexions à mon compte sans jamais donner mes références. Vous ne m'en voulez pas trop ? Je vous assure que j'en impressionne plus d'un ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Cette bibliothèque d'Alexandrie, elle nous manque, Sandrine. Tous les secrets de l'humanité devaient y être entreposés. Une vie de Jésus commentée par les journaux de l'époque serait sympa à feuilleter. Pierre

Textor a dit…

Cette question de la durée de l’histoire depuis la Genèse perturbait beaucoup nos ancêtres qui se sont lancés dans des calculs compliqués pour réconcilier la durée du déluge, l’âge de Noé, les heures d’ouverture de la bibliothèque d’Alexandrie, etc.

Dans ce genre un peu délirant, je vous conseille la lecture de l’ouvrage de JL Rochex sur la gloire de l’abbaye de la Novalaise, Chambery 1670 ; Il s’est lancé dans un décompte qui couvre plusieurs dizaines de pages. Cette abbaye peu connue est une merveille couverte de fresques qui remonte d’avant l’an mil. Y avait de quoi perdre ses repères chronologiques !

Textor

Pierre a dit…

Pour légitimer la "Foi", les anciens se sont escrimés à donner des bases scientifiques ou pseudo-scientifiques aux textes qui leur servaient de socle (comme l'abbé Faillon l'a fait dans l'ouvrage que je présente à la suite de ce billet). Il est vrai que les attaques des savants du siècle des lumières les obligeaient à jouer sur leur terrain...

Bien mal les a pris car certains nous ont fait des démonstrations abracadabrantes ;-)) Il a fallu attendre que la religion catholique soit apaisée (et l'appui de quelques savants croyants) pour réconcilier la science et la Foi. La littérature qui s'est appuyée à ce débat est importante mais inégale. Pierre