jeudi 26 novembre 2015

Rosalinde sur l'eau. Seules les personnes de haute vertu aiment les œuvres de Suares…


André Suares, celui qu'on surnommait "le condottière des lettres", est aujourd'hui oublié des lecteurs - la faute aux critiques qui ont souvent persisté à ignorer son œuvre. Il ne s'agit pas aujourd'hui de la venger : il l'eût dédaigné ; pas d'avantage de la défendre : il n'en a pas besoin ! Je l'ai déjà présenté sur ce blogue (on peut cliquer) en raison de son exceptionnelle coopération avec l'Artisan du livre qu'était Louis Jou.


Né à Marseille en 1868, homme de lettres avant tout, il publia sous le nom d'André Suares, une centaine de volumes qui relèvent de genres divers, notamment l'essai et la poésie. Il utilisa volontiers, dans ses collaborations aux revues, les pseudonymes de Caërdal, qui signifie en celtique  "amoureux de soi", et de Scantrel, qui était le nom d'un de ses ancêtres de Bretagne. Dédaigneux de la popularité et des honneurs, il vécut dans une solitude noble et hautaine. Mort en 1948, il laissa de nombreux inédits qui méritent la bienveillante attention des bibliophiles.


Voici ce qu'il écrivait en préface d'un de ses ouvrages : " On n'a presque jamais le courage d'être vrai avec soi même. L'esprit qu'on veut avoir dupe l'esprit qu'on a. Pour plaire on se range à l'avis de tout le monde ; et pour être original, on étouffe l'atome d'originalité qu'on aurait eu peut-être si on avait laissé parler le libre sentiment. On pense enfin comme si l'on avait à répondre de ses pensées à la barre d'un tribunal où ne siègent que des ennemis, les uns moqueurs, les autres injurieux, tous injustes. La plupart des hommes n'ont jamais la moindre idée qui leur soit propre. L'empire de la mode s'exerce avec plus de rigueur et plus de tyrannie jalouse sur l'intelligence que sur les oripeaux…".


Cette source de mépris était une force parce qu'elle était indépendance d'esprit ! Cependant, ceux qui se sont refusés à une si brutale liberté de jugement ont réduit la pensée de Suares à ce grossier schéma : " Lyrique et orgueilleux, il s'enfermait de plus en plus dans son moi intime et tentait de se libérer de ces complexes raciaux qui sont "habituels aux israélites" (dixit Arsène Chassang) et qui étaient aggravés chez lui par un naturel ombrageux ".


Cette conquête du monde par le verbe est par excellence une attitude de poète. Je vous propose, pour illustrer ce propos du jour, une œuvre poétique de l'auteur : Rosalinde sur l'eau. Cet hymne à l'amour - et particulièrement à l'amour de la nature – est une ode enfantée dans la douleur comme beaucoup de textes de Suares. Vous serez peut-être emportés par la ravissante mélodie de ses anges tristes ? Normal ! Seules les personnes de haute vertu aiment les œuvres de Suares… Pierre


SUARES André. BELTRAND Jacques. Rosalinde sur l'eau. Illustrations de Jacques Beltrand. Paris. Beaux Livres-Grands Amis. 1960. Un volume in folio(278 x 341mm) en feuilles, couverture, chemise et emboîtage, contient les allocutions prononcées à l'Assemblée Générale des Beaux Livres-Grands Amis le 13 novembre 1960 à Paris. Texte inédit. Tirage à 230 exemplaires, impression par l'Imprimerie Nationale, les belles compositions de Jacques Beltrand ont été imprimées sur ses presses à bras par Henri Jacob. Exemplaire N°15, nominatif pour M. Robert Beltz. Le menu du diner de l'assemblée générale du jour. Très bel état. 280 € + port

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