vendredi 3 octobre 2014

Eugène Fromentin, peintre et écrivain par Louis Gonse, édition originale de 1881.


Louis Gonse est né en 1846. Critique d'art, directeur de revue, commissaire d'expositions, collectionneur, homme de musée, je vous propose aujourd’hui à la vente un ouvrage qu’il a consacré à Eugene Fromentin, célèbre illustrateur et écrivain, spécialiste du Moyen Orient. Je reprends en toute petite partie un excellent article de Rémi Labrusse qui retrace le travail de l’auteur.


Louis Gonse s'est situé à la charnière de plusieurs mondes : l'histoire de l'art, le marché, les musées, la presse ; et sa singulière énergie a conféré à son œuvre d'écrivain un impact que n'avaient pas celles d'érudits traitant pourtant avec parfois plus d'acuité, voire de nouveauté, des sujets analogues. À quoi il faut ajouter que les libertés relatives prises avec les exigences de rigueur de la recherche historique ont aussi favorisé, chez lui, la formulation de principes généraux qui incarnaient une remarquable prise de conscience des mutations esthétiques de son temps : son histoire de l'art est une histoire tournée vers le présent, auquel elle manifeste ardemment le désir de conférer une plus grande richesse de sens.


Cette démarche s'est illustrée avec le plus d'éclat à travers sa défense de l'art japonais, au cours des deux dernières décennies du XIXe siècle : la publication des deux lourds et luxueux volumes de L'Art japonais en 1883, avec ses milliers d'illustrations, puis sa réédition sous forme maniable et populaire, en 1886, 1891, 1900, 1904 et 1926, sa traduction en anglais en 1891, en japonais en 1893, les débats passionnés auxquels ce livre a donné lieu, les nombreux articles que Gonse en a lui-même tirés par la suite sont autant de signes de l'importance de l'événement, autant chez les savants, les collectionneurs et les marchands que chez les artistes et les décorateurs.


Pour mieux le comprendre il faut d'abord évoquer les origines de la vocation de Gonse et prendre la mesure des multiples voies par lesquelles il a pu exercer son influence, au-delà de ses écrits proprement dits. François Gonse, dans la série de remarquables travaux qu'il a consacrés à son aïeul, a souligné l'importance, au cours de ses années de formation, de sa fréquentation de l'École des chartes, où le futur historien d'art a conçu sa vocation et où il a, qui plus est, établi des liens d'amitié ou d'admiration dont l'action est restée sensible tout au long de sa carrière.


C'est là qu'a commencé à se manifester son goût pour le gothique français et pour les primitifs européens (ce qui allait conditionner son intérêt postérieur pour l'art japonais), là aussi qu'il s'est pris de passion pour la défense du patrimoine français – monuments historiques autant que collections muséales –, là qu'il s'est convaincu de la valeur signifiante des objets, pour bâtir un discours d'histoire de l'art et là, surtout, qu'il a intégré un milieu grâce auquel, rapidement, il a pu gagner une certaine respectabilité dans le monde des écrivains d'art, au point d'accéder en février 1875, c'est-à-dire à moins de trente ans, au poste de rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts, une publication à laquelle n'étaient guère contestées, à l'époque, une des toutes premières places au sein des revues d'art européennes et la première, certainement, parmi les revues françaises.


Dans l’ouvrage proposé aujourd'hui et dès ses premiers textes sur Eugène Fromentin, il évoque l'importance des « conditions climatériques et physiologiques » (Eugène Fromentin, page 199, j’ai vérifié…) ; toujours, il mesure l'originalité d'un art au fait que celui-ci soit « l'expression exacte des mœurs, du climat, de la race, de l'état social » –, ce qu'il retrouve aussi bien chez les Japonais qu'en Grèce classique, chez les Arabes, les Persans ou les Turcs qu'en France gothique. Fidèle à sa vocation de connaisseur, il ne sépare jamais le jugement de goût de l'analyse historique et il fonde presque toujours ce jugement sur des considérations précises de technique, des « questions de métier » (Eugène Fromentin, page 186), comme les appelle Eugene Fromentin. De cet ouvrage riche de documents inédits, Gonse dit dans sa préface qu’il a été écrit pour solliciter la curiosité du lecteur. Ce souhait s’applique aussi aux lecteurs du blog… Pierre


GONSE Louis. Eugène Fromentin Peintre et Écrivain, Ouvrage augmenté d’un voyage en Egypte et D'autres notes et morceaux inédits de Fromentin. Paris, A. Quantin, Imprimeur-Editeur, 1881.Un fort volume in -4 (29,5/21,5cm). Reliure demi-chagrin à coins lie de vin, dos à nerfs, titre en lettres dorées, tranche supérieure lie de vin ornée d’un semi de fleurs de lys dorées, gardes colorées. 363 pages. Illustré de 16 hors-texte dont 12 en eaux-fortes et de 45 figures dans le texte dont 15 à pleine-page d'après les dessins de Fromentin. Des rousseurs éparses, brunissement des hors-textes. Bel ouvrage dans une belle reliure. 120 € + port

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