mercredi 16 janvier 2013

De la main de Jacques Rocafort et dans les mains de Fréderic Mistral...


Suffit-il d'envoyer l'ouvrage que l'on vient d'écrire à Frédéric Mistral, avec une belle dédicace, pour faire partie de la bibliothèque du grand félibre ? Quel est le sort réservé aux ouvrages que vous envoyez aux personnes que vous admirez ? C'est la question que je me suis posée, ce matin, en vous choisissant ce livre de Jacques Rocafort.


Vous ne connaissez sûrement pas plus que moi cet auteur catholique à cheval sur le 19eme et le 20eme siècle. Pour résumer ses opinions, on peut dire comme il le fait dans ce livre, qu'il n'est ni libéral, ni soumissioniste, c'est-à-dire qu'il est intégral dans sa foi catholique au point d'en devenir intégriste… Je n'en serais pas troublé, s'il n'associait à son intégrisme une haine irraisonnée, des juifs, des protestants et des francs-maçons qu'il voit comme les principaux responsables des maux de l'église de l'époque.


Jacques Rocafort est le type même du chrétien légitimiste. Né en 1860, à Perpignan, il y étudia d’abord au Collège S. Louis de Gonzague puis il entra au petit séminaire de Prades et enfin revint au collège de sa ville natale. Il prit ses titres d’enseignement supérieur et fut professeur en Afrique et en France. En 1888, il tombe malade et va se reposer à Rome où il suit les cours de la Grégorienne et du séminaire français. En 1891, il est professeur à l’Université de Nîmes et l’année suivante, il se marie.


En 1899, il est nommé à Paris. Lorsqu’en 1907, le Gouvernement confisqua illégalement la correspondance du représentant de la Nonciature à Paris, Jacques Rocafort fut envoyé à Rome pour s’informer sur ce qu’on appelait : Le cas Montagnini. Alors Mgr Benigni était le sous-chef du bureau où travaillait Mgr Montagnini. C’est ainsi qu’il rencontra Rocafort. Celui-ci était déjà anti-républicain, anti-libéral, imbu profondément des principes catholiques et déterminé à suivre les directives pontificales. Il s’entendit donc aisément avec Mgr Benigni et donna son adhésion au S. P (services de renseignements pontificaux), assurant une collaboration assidue avec le Saint Siège ce qui lui attira l’hostilité violente d’évêques gallicans, de libéraux, d’hommes politiques, socialistes et radicaux, ainsi que de tous les laïques (c'est la moindre des choses, quand même...).


Le 16 janvier 1910, le député radical-socialiste Besnard attaque devant la Chambre ce " professeur d’Université adversaire des lois républicaines, de l’enseignement laïque et des catholiques libéraux ". Il s’en prend, ensuite à Mgr Benigni et au Sodalitium Pianum [S.P] " contraires à la pacification intérieure de la France ". Deux jours plus tard, le Ministre de l’Instruction Publique, Doumergue, lui répond dans un sens plus doux. Mais la presse hostile s’empare du " cas Rocafort " et c’est la véritable curée anti-curé !


Un an après, Rocafort se retirait du S. P, sans cesser d’agir en son sens. Il écrit alors Mes campagnes catholiques traitant des intervenants dans la mouvance anticléricale de la troisième république et des répercussions de la politique religieuse du Pape sur la France. Il y raconte aussi ses mésaventures. C'est cet ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente, dédicacé à Mistral dont on peut assurer qu'il fut, lui aussi, un fidèle croyant. N'est-ce pas lui qui a écrit " Perdre la foi de son enfance est un vrai malheur, car il n'y a rien sur terre qui puisse relever l'homme qui, pour horizon, n'a plus que le tombeau ". Pierre


ROCAFORT (Jacques). Mes campagnes Catholiques. Préface de Mgr De Cabrières, éveque de Montpellier. A Paris chez P. Lethielleux, 1910. Un fort volume broché in-12. xvi, 589pages. Ex-dono à Frédéric Mistral. Bel état. 32 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Brillant. Bonjour Pierre. je le partage cet article qui donne à méditer ... :-) Peut être trouvera-t-il acquéreur pour qui veut comprendre d'où viennent les toutes ces idées nouvelles de la
3ème république.
;-)
Bien à vous, Sandrine.

Pierre a dit…

Touché ! (par le compliment). Pierre