mardi 22 novembre 2011

Henry Bordeaux : Ecrivain, académicien et savoyard. Triplé gagnant au siècle dernier…

Si on aime Paul Bourget, on aime donc Henry Bordeaux. Certains diront que c'est décrescendo… Pourtant, pendant près de 60 ans, Henry Bordeaux (1870 – 1963), aujourd'hui oublié, fut l'un des romanciers français les plus populaires. En 1894, alors qu'il travaille, à Paris, comme avocat-rédacteur à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, il publie son premier livre, "Âmes modernes", qu'il adresse à tout hasard à ses écrivains préférés. "Quelques jours plus tard, le dernier jour d'octobre 1894, je déchiffrai une lettre de quatre pages qui était signée : Paul Bourget. Il y a longtemps, disait-il, que je n'ai éprouvé à la lecture d'un volume autant de plaisir qu'au vôtre ! ''.


Il est cependant difficile de résumer une œuvre aussi abondante (plus de deux cents ouvrages), abordant tous les genres (poésie, théâtre, romans, romans psychologiques, romans policiers, nouvelles, biographies, études littéraires, études critiques, études historiques, mémoires, récits de voyage,...).


Henry Bordeaux fut élu à l’Académie française, le 22 mai 1919, au fauteuil de Jules Lemaître. Il fut témoin, et parfois acteur, de périodes importantes tant au niveau historique (1re guerre mondiale, mouvements sociaux des années 1930, 2eme guerre mondiale) qu'au niveau de l'évolution des mœurs (modification de la place occupée par les femmes dans le couple et dans la société, amélioration des conditions de vie des ouvriers…). Ce souci de l'engagement concret dans son époque se retrouve dans toute son œuvre.


Henry Bordeaux devait siéger à l’Académie française pendant plus de quarante ans et en devenir le doyen d’âge et d’élection. Il reçut sous la Coupole nombre de ses confrères : Henri Brémond en 1924, Louis Madelin en 1929, Charles Le Goffic en 1931, Georges Duhamel en 1937, Charles Maurras en 1939, René Grousset en 1947 et a laissé de son passage quai Conti un intéressant témoignage intitulé Quarante ans chez les quarante. Aujourd'hui c'est un ouvrage édité pour la première fois en1902 - La peur de vivre - que je vous présente. L'auteur a reçu le prix de l'Académie française pour ce roman populaire.


Henry Bordeaux, qui appartenait à une vieille famille de magistrats et d'avocats de Savoie, utilisa souvent le cadre de sa région pour son œuvre : Chambéry (Les Roquevillard), la vallée de la Maurienne (La Maison morte, La Nouvelle Croisade des enfants, La Chartreuse du Reposoir), le Chablais (La Maison, Le Pays sans ombre)…


Comme c'est bientôt la période des étrennes (et qu'il faut faire son choix à l'avance), j'ai pensé qu'une version de luxe (non ostentatoire) bien illustrée et au premier plat décoré serait une belle idée de cadeau. Pierre


BORDEAUX (Henry). La Peur de Vivre. Tours, Maison Alfred Mame et Fils. 1931. Reliure d'éditeurs polychrome grise et orange. Tranche en tête dorée. Illustrations d'Emile Beaume. Format In-4, 311 pages. Frontispice en noir et blanc hors-texte. Nombreuses illustrations en noir et blanc dans le texte et hors-texte. Cartonnage d'éditeur. Infimes rousseurs clairsemées. Très bon état. 35 € + port


Quelques ouvrages de Henry Bordeaux en boutique : Henry de Bournazel (Plon), La maison (Plon-Nourrit), Ménages d'après-guerre (Flammarion), La neige sur les pas (Plon-Nourrit), Les yeux qui s'ouvrent (Plon-Nourrit), La claire Italie (Plon), Romanciers et poètes (Plon), Un printemps au Maroc (Plon)...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si vous me branchez sur Henri Bordeaux…je vais vous raconter une anecdote à propos d’un de ses derniers romans intitulé « Mémoires secrets du Chevalier de Rosaz - 1796-1876 ».
Ce chevalier, anobli par Charles X était un aventurier, fils d’un prêtre apostat, qui s’enrichit pendant la révolution de 1830 en spéculant sur les biens des émigrés. Les riches aristocrates, inquiets des évènements, mettaient leurs biens au nom d’une personne de confiance pour les protéger avant de fuir à l’étranger. (Selon un mécanisme proche du trust anglais). Il faut croire que beaucoup d’émigrés ne revinrent jamais car François de Rosaz s’enrichit rapidement au point d’avoir une fortune considérable, un hôtel particulier sur les Champs Elysées, des maisons à Brighton, etc… Et une bibliothèque ...
Malheureusement pour moi, Le Chevalier de Rosaz, pour racheter la faute de son père, légua toute sa fortune à diverses œuvres, l’hospice de Montmélian et à l’académie de Brighton, dont les instruments d’astronomie et les livres. (Au grand dam de ses héritiers, évidemment !).
Cette histoire vraie, à peine romancée par Henri Bordeaux, avait déjà donné lieu à une petite plaquette de l’érudit savoyard Philibert Falcoz, «Le Chevalier François de Rosaz, bienfaiteur de la Ville de Montmélian (Savoie) »(1924), qu’il est difficile de trouver aujourd’hui. La plaquette donne ses sources: les recherches faites par mon grand-oncle qui était parent par sa mère avec François de Rosaz. Voilà comment on passe à côté d’une belle bibliothèque !! :))

Textor

Pierre a dit…

L’honnêteté ou le repentir ne paient pas (enfin pas toujours !). Merci de lever le voile, Textor, sur un pan de notre histoire un peu oublié : Les trois glorieuses.

Nul doute que Henry Bordeaux restera dans la mémoire des bibliophiles autant comme un bon écrivain que comme un illustre savoyard.

J'ajoute à ce billet une petite liste d'ouvrages de l'auteur présents en boutique. Pierre