mercredi 27 juillet 2011

Antoine-Laurent Castellan : Des lettres d'Italie qui préfigurent la mode orientaliste…


Antoine-Laurent Castellan (1772-1838), est un peintre français, architecte et graveur né à Montpellier. Il quitte rapidement sa province pour s'installer dans la capitale. A Paris, il est l'élève de Pierre Henri de Valenciennes (1750-1819), grand peintre de paysage historique et précurseur du paysage moderne. Valenciennes encourageait ses élèves à aller peindre sur le motif, il prônait l'étude en plein air et ses esquisses témoignaient d'une nouvelle sensibilité face à la nature. L'étude en plein air devait cependant restait une esquisse, un outil préalable à composition de grands paysages historiques réalisés en atelier.

Le paysage était encore, au début du XIXème siècle, considéré comme un genre mineur, ce n'est qu'en 1816 (en partie grâce aux efforts de Valenciennes) que l'Académie crée le premier prix de paysage historique. Il faut attendre le début du XXème siècle pour que le paysage pur commence à être admis par la critique.


Après avoir étudié la peinture de paysage, il visite la Turquie, la Grèce, l'Italie et la Suisse, et publie plusieurs séries de lettres, illustrées et gravées par lui-même. Son ouvrage le plus connu est le Mœurs, usages et costumes des ottomans, publié en 1812, et très apprécié par Lord Byron. On en trouve un exemplaire sur Ebay en ce moment. Il a également publié une Etude sur le Château de Fontainebleau qui n'a été imprimée qu'après sa mort. Il fut membre honoraire de l'Académie Royale des beaux-arts et aussi l'inventeur d'un nouveau procédé de peinture à la cire.


On doit à Castellan des tableaux recherchés par les amateurs, aujourd'hui. L'utilisation de l'aquarelle et la peinture de paysage sans référence à un événement historique n'étaient pas encore reconnus et très mal considérés par la critique de l'époque. Dans ses aquarelles, Castellan se libère des carcans académiques pour expérimenter de nouvelles techniques sur la matière et sur le sujet.


L'aquarelle, à l'instar du lavis, utilise l'eau comme médium et y ajoute des pigments colorés. Les avantages de la pratique de l'aquarelle sont la transparence et la rapidité d'exécution, c'est pourquoi on dit souvent qu'elle est le médium des « peintres en voyage ». Les premiers à utiliser l'aquarelle sont les peintres anglais. Les artistes anglais, connus pour leur l'esprit voyageur, avaient constitué une société des peintres aquarellistes. Turner, Constable et Bonington sont les premiers à utiliser ce médium et le diffuser en France. Constable expose en 1824 au Salon Parisien et Bonington peignait souvent sur les côtes normandes. De véritables relations professionnelles et d'amitié se lièrent entre les peintres, les anglais étant ravis d'enseigner leur nouvelle technique aux français.


Cependant il semble que Castellan eu recourt à l'aquarelle avant même ces nouveaux contacts avec l'Angleterre, ou du moins il fut l'un des premiers à les appliquer. Antoine Laurent Castellan était-il un véritable avant-gardiste ? Il préfigure, en tout cas, la mode orientaliste des années 1850, en entreprenant un voyage en Orient. Il laisse à la postérité les Lettres sur la Morée, l'Hellespont et Constantinople publiées vers 1820. Cet ouvrage nous raconte son voyage en Orient illustré de planches dessinées et gravées à l'eau forte comme celle de la Tour Galata.


Castellan est donc un novateur tant dans sa peinture que dans sa vie. Il semble d'ailleurs qu'il n'ait pas entrepris ce voyage en Italie (étape incontournable pour un peintre) que pour mettre en pratique ses idées sur la peinture et la gravure.


Dans ses esquisses de paysages Castellan utilise la fraîcheur et l'instantanéité du paysage et se plie à la gravure pour toucher ses lecteurs. Le peintre n'exclue pas la représentation humaine, comme le feront les peintres de paysage pur, mais celle-ci n'est plus qu'une petite silhouette au milieu de l'immensité du paysage. La présence humaine semble, ici, ne servir qu'à attester de la force et de la suprématie du paysage et de la nature face à la précarité humaine. Il est d'ailleurs possible que Castellan ait rencontré Corot, Caruelle d'Aligny ou Michallon, les fondateurs de l’École de Barbizon, lors de ses ballades à Fontainebleau.


A tous ces titres, l'ouvrage que je vous présente en image se doit de faire partie de la bibliothèque d'un amateur éclairé de peinture… Pierre


CASTELLAN (Antoine-Laurent). Lettres sur l'Italie faisant suite aux lettres sur la Morée, l'Hellespont, et Constantinople. Paris, Nepveu libraire, 1819. 3 volumes in-8 de 365, 307 et 367pp, avec 50 gravures HT dessinées et gravées par l'auteur dont certaines dépliantes. Reliures demi-veau havane, dos lisse orné de filets et motifs dorés. Pièces de titre en maroquin cerise et tomaison en maroquin lie de vin. Plats et pages de garde en papier coloré. Toutes tranches joliment colorées. Papier vergé. Première édition peu fréquente ornementée de 50 jolies gravures .Très bel état, sans défaut. Vendu

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un pur bonheur!.......merci.

Pierre a dit…

Je savais que vous seriez satisfaite mais je suis heureux de vous l'entendre écrire ;-)) Pierre