samedi 11 juin 2011

Les hommes à femmes doivent avoir de la mémoire… Casanova illustré par Jacques Touchet.


Casanova, ce surprenant aventurier avait un physique imposant. Il mesurait 1, 93 mètre (à l'égal de Louis XVI), le nez proéminent, le teint basané et les yeux fulgurants. Il aimait les vêtements cossus, les bijoux voyants, les voitures confortables et les bonnes auberges. Il était franc jusqu'au cynisme et d'un amour propre illimité...

Ses mémoires sont un recueil de souvenirs indiscutablement véridiques ; une peinture des mœurs de l'époque en somme. Il faut y ajouter les brillants tableaux de la vie parisienne et ceux des pires mauvais lieux. Agé de soixante ans en 1785, il se retira au château de Dux, en Bohème, où le Comte de Waldstein lui offrait la place de bibliothécaire. C'est là qu'il écrivit en français, ses célèbres mémoires, avant d'y mourir en 1798.


Après plus de deux siècles de censure, de tribulations et de traductions édulcorées, le manuscrit original des Mémoires du célèbre Vénitien a été acheté en 2010 par la Bibliothèque nationale de France, à prix d’or (7,25 millions d’euros).

Personne ou presque ne les avait vus depuis cinquante ans. Ils avaient été gardés précieusement sous clé pendant près d’un siècle et demi. Les manuscrits de l’Histoire de ma vie venaient comme de sortir de terre grâce à leur acquisition par la Bibliothèque nationale de France. Leur accueil dans le giron français fut l’aboutissement d’une négociation de deux ans avec la maison d’édition Brockhaus qui les détenait depuis 1821 !


"Les manuscrits d’œuvres majeures du XVIIIe sont exceptionnels, dira Bruno Racine, qui a mené avec opiniâtreté l’entrée de la vie relatée de Casanova à la BNF. Il s’agit en plus d’un texte mythique, qui reste encore à découvrir." On y trouve des noms complets qui ne sont qu’à l’état d’initiales dans la version intégrale, publiée en 1960 seulement.

Il faut imaginer Casanova rédigeant ses Mémoires. «Digne ou indigne, ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.» Il faut imaginer cet aventurier vieillissant . A 64 ans, il est souffrant et son médecin lui conseille en guise de remède de reprendre le récit de ses aventures entamé en 1780. En quatre ans de rédaction, il retrace les péripéties de son existence mouvementée et voyageuse, de sa naissance à 1774. Sur l’insistance du Prince de Ligne (une pensée aux lignistes qui nous lisent…), qui souhaitait lire ses Mémoires, Casanova entreprend, à partir de 1794, un minutieux travail de révision du premier jet.


En mai 1798, se sentant proche de la mort, il lègue son volumineux manuscrit à son neveu, Carlo Angiolini. Après la mort de son oncle, le 4 juin 1798, ce dernier ramène cet héritage littéraire à Dresde. Ce n’est qu’en 1820 que son propre fils décide de vendre les manuscrits et se met en rapport avec l’éditeur Friedrich Brockhaus, à Leipzig.


Le texte circule alors dans les cercles littéraires. La narration audacieuse des aventures érotiques de Casanova, qui trousse pas moins de 122 femmes dont une religieuse, choque les esprits de l’époque. Friedrich Brockhaus, convaincu de leur intérêt, tente de trouver un traducteur. Wilhelm von Schütz commence à travailler sur le texte dès l’été 1821. Le premier volume de l’édition allemande sort en 1822, expurgé de ses passages trop licencieux.


Entre-temps, des éditions pirates de ce déjà best-seller au fumet de soufre ont commencé à circuler en France. Brockhaus, décidé à s’engager dans une édition française, demande à Jean Laforgue, de s’y atteler. La consigne est de nettoyer le texte de Casanova de ses italianismes et d’épurer les passages trop osés. Les deux premiers volumes paraissent en 1826. L’œuvre est interdite après la publication du quatrième tome. Même censure en France pour les quatre tomes suivants, publiés à Paris en 1832, les Mémoires de Casanova sont mis à l’index (sic) mais édités de façon complète en 12 volumes en 1838 par Garnier.


Je vous propose ici une édition complète datant de 1947. Jacques Touchet, un des maîtres incontestés de l'illustration, a produit en trois ans de travail plus de 260 aquarelles dont la diversité égale la beauté. Il faut y ajouter environ 300 lettres ornées, vignettes et culs de lampes. Vous comprendrez donc que je sois très fier de vous proposer cet exemplaire à moins de 7,25 millions d’euros ;-)) Pierre


CASANOVA .TOUCHET (Jacques).‎Mémoires.‎ Editions du Rameau d'Or. Paris. Sans date (1947).12 volumes. Format petit in-4 brochés. Couverture rempliée illustrée. Ouvrage illustré d'aquarelles originales par Jacques Touchet. Exemplaire n° 118, un des 200 sur Vélin des Papeteries Boucher mais sans la suite des 12 aquarelles dans un tirage à part. Le prospectus pour l'achat de ces aquarelles est fourni. Dumoulin imprimeur. Aquarelles colorées à la main dans les ateliers de M. Beaufumé. Tome I. 215 pp. Notices sur ma famille. Mon enfance... Tome II. 230 pp. Mon court et trop vif séjour à Ancône... Tome III. 231 pp. Je vais tenter mon opération magique... Tome IV. 251 pages. Croce chassé de Venise... Tome V. 241 pp. Je vais loger dans la maison du chef des sbires… Tome VI. 259 pp. Portrait de la soi-disant comtesse Piccolomini... Tome VII. 253 pp. Fin de mon aventure avec la religieuse de Chambéry… Tome VIII. 245 pp. Mon séjour à Paris et mon départ pour Strasbourg... Tome IX. 280 pp. Je trouve Rosalie heureuse... Tome X. 248 pp. Les Hanovriennes... Tome XI. 228 pp. Dona Ignazia... Tome XII et dernier. 231 pp. Mes amours avec Callimène... Appendice. Le tome 9 présente un dos fendu en partie (recollé). Très bel exemplaire. Vendu

10 commentaires:

Nadia a dit…

Va falloir que j'investisse un jour dans une grande bibliothèque ! Vous le faites en format poche, aussi ?

(nota : appeler ma banquière).

Anonyme a dit…

Louis XVI mesurant 1 m 93 (en données converties), les sources sont-elles sûres ? Selon certains il aurait mesuré une tête de moins que cela.
L'index dont il est question est l'Index des livres interdits, et mettre un livre à l'index n'en interdit pas formellement la lecture, c'est un simple avertissement aux catholiques, les prévenant qu'ils risquent de perdre leur âme en s'y plongeant.
Que cette lecture doit être intéressante !

Jean-Michel

Pierre a dit…

C'est , en effet, l'index qui stimule le plaisir de l'interdit, Jean-Michel.

Casanova est d'une lecture fort intéressante, j'en veux pour preuve l'engouement pour son manuscrit même si je trouve que l'estimation donnée à ce recueil n'a plus rien à voir avec le bon sens... Pierre

Textor a dit…

On ne désire pas ce qu'on possède disait Casanova. Quel philosophe !

Pierre a dit…

Cette maxime s'applique aux livres. On ne possède pas une femme, on la mérite ;-)) Pierre

Cette belle phrase devrait, si je ne me trompe pas, m'attirer la bienveillance des femmes qui me lisent...

Nadia a dit…

Rrrrrâââââârfffff (ronron)...

Effectivement Pierre. Si vous êtes sincère, vous avez tout compris !

bertrand.bibliomane@gmail.com a dit…

Je m'abstiendrai de tout commentaire... mais je n'en pense pas moins !

Bon dimanche,
B.

Li-An a dit…

Chouette, encore du Touchet !

Pierre a dit…

Si vous aimez Touchet, Li-An, vous apprécierez la version du Tartarin de Tarascon de Daudet aux éditions Rameau d'or, éditée au début des années 1950. C'est le seul illustrateur qui a rendu notre héros tarasconnais cocasse sans le rendre ridicule. Je croyais avoir présenté cette version... Et puis, non ! Je répare rapidement l'omission. Pierre

Li-An a dit…

Du coup, je vais m'abonner aux billets pour ne pas louper ce bouquin... et les illustrations. Dommage que je ne sois pas assez riche pour me les offrir.