lundi 11 avril 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Quand les macrobites emmerdent les microbites…


"La vieillesse est une maladie". Est-il Dieu possible d'entendre des choses pareilles ! La vieillesse est une des trois périodes de la vie. Elle est autre, elle ne vaut ni plus ni moins que les deux autres.


Il faut avouer que lorsque, ce matin, je me suis baissé pour tourner la clé dans la serrure qui ouvre la grille de la boutique ; qu'en dépliant les genoux pour me lever, j'ai poussé une petite plainte larvée ; et qu'un jeune quidam de passage s'est senti obligé de susurrer entre ses dents, assez fortement pour que je l'entende, " la vieillesse est une maladie", cela m'a mis d'humeur exécrable !


Bien entendu, il y a des maisons décrépites mais on y voit souvent luire un flambeau ! A contrario, bien de jeunes échafaudages sont à la merci des coups de vent et on n'y voit jamais briller de lumière. Alors… que l'on ne me parle pas de maladie ! De"gouffre" comme le disait si bien le Général de Gaulle, je veux bien. Mais pas de "maladie".


Disons-le tout de suite, en préambule, avant que quelques esprits chagrins, j'allais dire immatures, ne s'engouffrent dans cette brèche : La santé est effectivement un atout pour la jeunesse mais santé et longévité sont deux termes qui s'excluent plus souvent qu'ils s'allient. Je peux assurer que c'est une erreur de voir dans chaque doyen et dans chaque duègne un demi-fossile, pétrifié par l'âge, comme si la neige de ses cheveux glaçait ses caractères et ses passions ! On peut être vieux et avoir l'esprit alerte. La pratique régulière de la lecture et la passion bibliophile sont les meilleurs garants d'une longévité à toute épreuve ; c'est ce que je viens vous dire, ici, pour le plus grand plaisir du lectorat de Pierre dont je sais la moyenne d'âge, disons, respectable…


Tout le monde s'accorde pour constater que la vie intellectuelle est une condition de la vie tout court ! Merveille d'une opinion universelle qui, pour une fois, n'est pas erronée. "La lame n'use pas le fourreau" disaient les anciens. Les ecclésiastiques, les médecins, les hommes de lettres, les savants et l'ensemble du corps professoral sont de grands viveurs selon les statistiques qui ne se trompent pas. Et je ne parle même pas de ceux qui ont eu la chance de vivre célibataires et dont l'absence de contrariétés tout au long de leur vie a assuré, en conséquence, une longévité exceptionnelle ; fallait-il que Philippe Gandillet le précise ?


"La fonction fait l'organe", dit-on. Gardez donc votre passion intacte et gardez-là d'autant plus si vous en faites un métier, comme cette activité de libraire d'ouvrages anciens qui peut se pratiquer très tardivement sans inconvénient. Trous de mémoire ? Pas de problème. Une bonne faculté de jugement contrebalancera ce léger désagrément et l'informatique est là qui sera votre bâton de vieillesse.


Les passions sont conservatrices : On définit la vie en trois petits mots : pipi, joujou, dodo. Tant qu'on fait joujou, on retarde l'heure du dernier dodo… Voilà ce que je dis !


Il n'empêche qu'il faut surveiller sa santé, ne serait-ce que pour permettre à Pierre de vendre quelques ouvrages traitant des différents moyens de la conserver… C'est pourquoi, j'ai choisi pour vous, aujourd'hui, un traité en deux tomes qui fit autorité pendant longtemps et qui aurait pu permettre, après sa sortie en 1939, de garantir à notre pays la présence d'une flopée de centenaires dans ses rangs si la barbarie humaine ne s'était pas immiscée dans les paramètres pour modifier la courbe des statistiques… J'ai la chance, pour ma part, de connaître l'immortalité Académique. Vous pouvez, chers lecteurs et chères lectrices, vous consoler en citant ce distique :

S'il était un pays où l'on vécut toujours
J'irais avec plaisir y terminer mes jours…

Votre dévoué. Philippe Gandillet


Houdré (Doctoresse). Ma doctoresse guide pratique d'hygiène et de médecine de la femme moderne. Editorial Argentor., Montpellier 1939 - 495 + 482 pages. 2 volumes In4.Reliure éditeur en percaline verte. Bien complet de ses deux planches à système en début de volume. Ouvrage orné de nombreuses planches H.T en couleurs et noir. Très bon état. 50 € + port

21 commentaires:

Anonyme a dit…

RBPC ! La jeunesse est un défaut dont on se guérit un peu tous les jours.

Essayer la Médecine Mattéï.

René, vieillard de 72 ans aux genoux cagneux.

Pierre a dit…

Ai cherché ce qu'était le RBPC. Il semblerait que le sigle soit anglais. Une Checklist, c'est ça ? Et la médecine mentionnée serait une médecine Électro-Homéopathique ? C'est ça aussi ?

Si la vieillesse n'est pas une maladie, elle n'a pas besoin de traitement ;-)) Pierre

christophe a dit…

Bonjour Maître Gandillet,

il me semble avoir lu que le fait d'être marié assurait une longue vie.

Il est aussi vrai qu'une longue peut paraître trop, surtout si il y a les contrariétés.

Ainsi l'immortalité ne peut se concevoir que dans le célibat. CQFD

Vous avez donc fait le bon choix.

Christophe

Anonyme a dit…

Cher Christophe,

Je ne peux cautionner votre propos sans qu'on me taxe, à tort, de misogynie. Mais c'est vrai que , quitte à être immortel, il vaut mieux s'éviter les contrariétés ;-)) Ph Gandillet

Anonyme a dit…

RBPC = PPH, CQFD ! Rien de britannique.

Révolu Bon Pour la Casse = Passera Pas l'Hiver.
Expressions "In" dans les années 1960-1970.

Quelles sont les équivalents actuels ? Faut suivre.

René

Anonyme a dit…

PS La médecine Mattéï, basée sur l'électricité verte, est bien une thérapeutique Electro-Homéopathique en vogue au XIXe siècle. Un Comte successeur de Mesmer - à ne pas confondre avec Messmer.

René

Nadia a dit…

Et peut-on m'expliquer ce que viennent faire dans cet article la notion de "microbites" et "macrobites" ?

Parce que si on parle bien de ce que j'ose penser, on peut être vieux et en avoir une micro et être jeune... bref, je vous laisse ajuster.

Il semblerait que Maître Gandillet ait été réellement mortifié pour employer de telles dérives littéraires.

Anonyme a dit…

Nadia, qu'allez vous donc penser ?

Un macrobite est une personne qui vit plus longtemps que la durée moyenne de vie de l'espèce considérée, c'est tout ! (Voir tout bon dictionnaire) Un microbite est une néologisme employé par les macrobites pour désigner une jeune personne qui n'a aucune considération pour les cheveux blancs...

La haute tenue littéraire de mes billets ne supporteraient pas la moindre trace de vulgarité, vous pensez bien. Ph Gandillet

Anonyme a dit…

:))Bonsoir,
j'arrive en cours de discussion.
Nadia, pas de panique. Les dérives, ça fait longtemps qu'elles sont cassées dans cet endroit, le Lundi, avec tout le respect que je doive aux hotes de ce lieu.
Le gouvernail n'est plus dans le bon sens mais bon, quand il y a pétole... un bateau neuf est à la même enseigne qu'un vieux raffiot.
Pourvu qu'on prennent les amarres en partant pour s'amarrer aux bites d'amarrages à l'arrivée au port,
Je suis une fille de la mer, alors forcément, je parle le marin.
Bien le bonsoir chez vous.
Sandrine.

Anonyme a dit…

Pourvu qu'on prenne.
avec mes excuses.

Jeanmichel a dit…

Fille de la mer, vous parlez le marin, on voit ça ! :-)
Mais pour parler comme on parle dans la Marine il vaudrait mieux mettre un second "t" à bitte.

Anonyme a dit…

:))
Sans commentaires.
bonne journée
Sandrine.

Anonyme a dit…

De Gaulle aurait dit "la vieillesse est un NAUFRAGE". C'est bien pire qu'un "gouffre"
Bien cordialement
Patrick C.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

"la vieillesse est un NAUFRAGE" disait ma grand-mère sur la fin de sa vie comme une rengaine, en bonne gaulliste qu'elle était, ce qui ne l'a pas empêché de sombrer. Faites confiance aux politiques après ça !!

B.

Pierre a dit…

L'espérance de vie pour les hommes était, en 2007, de 77,6 ans et pour les femmes de 84,5 ans. Elles sont fortes, quand même ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Comme le capitaine d'un navire prêt à sombrer, je resterai sur la passerelle, indifférent, détaché de tout, en attendant l'heure...

Vous avez raison Patrick. Un naufrage avait-il dit. L'homme était visionnaire. Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

mais il est mort ... (sourire)

B.

Nadia a dit…

DECLARATION :

Il semblerait qu'hier au soir, les hormones printanières dont parlait Bertrand il y a quelques jours se soient attaquées à moi. Vous savez, ces trucs pernicieux qu'on ne voit pas venir, qui rodent autour de vous, et qui, d'un coup, vous sautent dessus sans préavis !

On se croit sage, on devient olé-olé, on se croit brune, on devient blonde, on se croit un rien cultivée, et paf ! (allez, encore) on se retrouve au dernier rang de la classe, près du poële.

Je quitte donc la classe, des oreilles d'âne rivées au sommet du crâne, une punition longue comme la muraille de Chine et le rouge aux joues.

Anonyme a dit…

Nadia,

On n'est pas concupiscent parce qu'on voit des macrobites où il n'y en a pas ;-)) La langue française est ainsi faite qu'elle est truffée de chausse-trapes destinées à nous piéger. J'en abuse souvent, il faut le reconnaitre, pour cacher la vacuité de mes propos. C'est moi qui devrait m'excuser. Ph Gandillet

Textor a dit…

Le Charles de Gaulle a coulé ? je ne savais pas. Un coup de Kadhafi ?
T

Anonyme a dit…

Il ne manque plus que le syndrôme du Titanic et le panorama est complet, en ce qui concerne la vieillesse, la politique, et tout le reste.
Ce n'est plus dans quelle étagére, j'erre, c'est: Mais, dans quel monde on vit, disait déjà mammie Picpoil.
Pas de chirurgie esthétique pour elle, pas d'antidepresseurs non plus, un bonne gousse d'ail tous les matins, à cru pour son coeur, et un p'tit wiski, avec un cigare le soir, pour faire dodo.
"florilége de personnages de la famille reuni en un seul."
Ah! le vieillesse, elle n'épargne personne.
Heureusement, dans les étagéres de Pierre, il y a de quoi se remonter le moral, à pas trop cher.
Bonne journée
Sandrine.