mercredi 2 mars 2011

Livres d'église destinés aux fidèles.


Dix ? Quinze ? ...Une incroyable liste de noms désigne les livres d'églises qui gravitent plus ou moins autour des célébrations et qui sont destinés aux fidèles !

Commençons par ordre chronologique, avec les Livre d'heures. N'en cherchez pas sur votre table de nuit, ils sont rangés sur les rayonnages des plus grands bibliothèques nationales et internationales ! Le livre d'Heures n’était pas destiné à la récitation d’un office en commun mais à la dévotion privée des laïcs, même s’il était parfois utilisé en famille. C'est un recueil de prières et d’offices à l’usage des fidèles qui ressemble au bréviaire par son découpage en heures. Les premières éditions parisiennes datent de 1485. A la fin du XVIe siècle, on n’en publie presque plus mais les bibliophiles les reconnaissent comme des chefs-d'œuvre de l'édition.


On trouve trois grandes catégories de textes dans le livre d'heures : Les textes essentiels, issus du bréviaire avec le calendrier des fêtes religieuses et des saints, les psaumes (de la pénitence, par exemple) et des litanies en l’honneur de Dieu, de la Vierge et des Saints - Des textes secondaires choisis dans les quatre évangéliques – et des textes accessoires, comme des prières diverses issues de la piété populaire, dont certaines peuvent être en langue vernaculaire. Ces textes n'étaient pas soumis à l’approbation de l’autorité ecclésiastique ce qui en fait les premiers livres d'église, destinés aux fidèles. Tous les autres ouvrages seront dorénavant soumis à l'imprimatur. Nombre de ces livres contiennent des explications et des commentaires historiques, liturgiques, théologiques ou spirituels.


Le premier d'entre eux est le missel paroissien ou Paroissien qui est un livre de prières dont on se sert principalement pour suivre l'office ordinaire de la messe qui se dit à l'église. Il se distingue aisément du missel d'autel qui est souvent de format in folio. Certaines périodes de l'année étaient l'occasion pour les éditeurs de proposer aux fidèles des ouvrages de toute beauté. C'est certainement l'Office de la Semaine Sainte qui a le plus inspiré les imprimeurs et les relieurs. Il n'est pas d'Ebayana qui n'en présente un, chaque jeudi, sous un joli maroquin cerise aux armes de Louis XV !


D'autres sont des livres de prières diverses appelés livres de piété : Sont rassemblés, prières du matin et du soir, méditations (y compris, à certaines époques, méditations pendant la célébration de la messe), chemin de croix, litanies ou Saluts du Saint Sacrement. Ces ouvrages étaient offerts aux jeunes filles et aux jeunes hommes dans les pensionnats, par exemple, pour accompagner leur vie scolaire. Si vous trouvez des " Paillettes d'or" dans vos greniers, ils sont pour vos enfants…


On trouve aussi de nombreux textes bibliques réunis en un seul recueil comme les Psaumes (psaumes de David) ou des extraits des Évangiles. Une mention particulière est à conférer aux Imitations et en particulier à l'Imitation de Jésus-Christ. Cet ouvrage attribué à Thomas Kempis ou à Gerson, moines de l'époque médiévale, est un livre de dévotion chrétienne qui se calque sur la vie du Christ faite d'abnégation, d'humilité et de méditation. Toutes les traductions de l'Imitation de Jésus expriment l'adoration débordante du lecteur pour le Christ. Ces ouvrages ont eu leur heure de gloire, après le Concordat quand les rites catholiques, ayant été mis à mal par la révolution, l'église s'est appuyée sur ces textes pour rallumer la Foi des fidèles.

S'il faut parler de succès d'édition, pour ce qui est des livres d'église, nous devons citer aussi les nombreuses éditions de Sermons qui ont émaillé le XVIIIeme siècle à une époque où la compagnie de Jésus, s'opposait, en chaire, aux prêtres de l'Oratoire (Bossuet, Massillon, Bourdaloue, etc…).


Je terminerai cette litanie par les livres historiques qui sont le plus gros de l'édition des livres d'église depuis l'ère de l'édition industrielle. Les histoires de la vie des Saints, de la vie des Jésuites, de la vie des Missionnaires, de la vie des Papes et de la vie des fidèles, eux-mêmes, sont innombrables, souvent bien reliés et bien illustrés. Je vous engage à les collectionner, surtout ceux qui sont recouverts par des reliures romantiques

Tous les ouvrages pris en photo sont à la vente. Je ne présente que deux notices pour que ce billet ne devienne pas trop "étouffe-Chrétiens" !!! Pierre


BAUZEE. Imitation de Jésus-Christ. Paris, Saintin. 1816. Traduit par M. Bauzée, de l'Académie française, édition imprimée pour la Cour, ornée de belles figures. 1 volume in-8, reliure plein maroquin cerise, plats ornés de filets et d'une fine dentelle, dos lisse orné de motifs, filets et titre dorés, coupes dorées, toutes tranches dorées, dentelle intérieure et papier coloré. xii-354 pp. Reliure frottée et défauts de reliure. Bel aspect, néanmoins. Cahiers très solidaires et intérieur parfait. Ex-libris 1820. 65 € + port

SONNET DE COURVAL (Thomas). L'office de la semaine Sainte et de l'octave de Paque en latin et en françois, à l'usage de Rome,& de Paris suivant la réformation du missel et du bréviaire parisien et divisée en deux parties sur ce qui se dit dans la matinée ; l'autre le soir. A Paris chez Denis Thierry, 1691. 1 volume in 12, reliure plein maroquin cerise, plats à encadrements, type "à la du Seuil". Dos à nerfs ornés de motifs dorés dans les caissons. Toutes tranches dorées, dentelle intérieure et papier coloré. Nombreuses gravures. Reliure frottée et défauts de reliure. Bel aspect, néanmoins. Cahiers très solidaires et intérieur parfait. 80 € + port

15 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est l'heure de la pause... et effectivement, peu de monde sur ce sujet qui n'est pas ininteressant :)
Sandrine

Pierre a dit…

J'avais prévenu !! ;-))

Il n'empêche que cette petite mise au point n'est pas inutile. Je dois reconnaitre qu'elle m'a obligé à faire quelques recherches qui me seront précieuses en bibliophilie. Pierre

Textor a dit…

Jolies reliures, celle en maroquin aux armes avec 3 fers de mule du Pape et 3 losanges fait penser aux armes de ma famille, les Textor de Textor.
C'est vrai qu'on se demande comment autant de livres religieux ont pu résister aux autodafés révolutionnaires. Pourtant cela devait être mal vu de cacher un prêtre non réfractaire dans sa grange ou d'avoir un livre de messe dans sa bibliothèque à une certaine époque...

Ceci dit certains sont assez recherchés. J'ai un "tableaux de la croix" Paris, Chez F. Mazot, 1651, en maroquin de chez Ruette qui est assez agréable. Et aussi un grand livre pour dire la messe en gros caractères qu'il faudrait que je vous présente un jour. (Bertrand m'interdit de présenter des livres de messe sur son site ...)

T

Textor a dit…

Et ‘Les Dix Solitudes’ du père le Boullanger, Paris, Veuve Nicolas Buon & Denys Thierry 1645, en dix chapitres et dix gravures pieuses, qui permettent de tuer le temps pendant une retraite spirituelle de dix jours, vous le mettez dans quel catégorie ?

T

Pierre a dit…

Dites à Bertrand que c'est du Bakounine et il publiera tout ce que vous lui demanderez ;-))

Les Armes du petit marquis me posent, en fait, un problème mais si vous me dites que ce sont les vôtres, j'arrête les recherches.

Il semble que Denis Thierry, qui a imprimé un des ouvrages que je présente, se soit spécialisé dans les livres de Piété. Pierre

calamar a dit…

comment ça, Pierre, vous présentez un livre aux armes, sans avoir identifié le propriétaire ??? je suis sans voix... Ah si vous m'aviez demandé... mais maintenant c'est trop tard. ;)

Anonyme a dit…

Excellent billet ami Pierre !

Je n'ai jamais rien interdit a l'ami Textor ! Seulement mon esprit libertaire ne s'interdit pas de publier un jour l'histoire des livres d'heures de Pigouchet et le lendemain de publier la flûte de jade ou le jardin des plaisirs...

C'est mon probleme je suis sensible a tout ....

B

Pierre a dit…

Comme c'est dommage, calamar ! J'aurais tellement aimé vous le demander. Peut-être quelqu'un saura t-il nous aider ?

J'ai dis "nous" ? Tiens donc ? Pierre

Textor a dit…

Après avoir agrandi la photo, il me semble que ce ne sont pas des fers de mules de sable, comme pour mes ancètres, mais des demi-lunes ou des croissants, il faut donc chercher ailleurs :). D"ailleurs je n'ai pas d'ancètre en Avignon...
T

Pierre a dit…

Ce sont bien trois bandes de gueules et trois croissants de gueules comme calamar aurait pu me le dire si je le lui avais demandé... Pierre

Anonyme a dit…

AH! La liberté... Aucun mot ne peut la qualifier, au risque de l'enfermer.

Dogmes religieux et sermons bretons font sourire les bretons à l'envers, surtout le Dimanche matin à la messe, de Gwiseni,(en Pays Pagan qui veut dire paîen);
Du vécu... chacun avec son livre de messe, serré dans la main, de peur que le curé ne s'arrêtat devant lui, le fusillant d'un regard massacreur et lui intimant la pénitence immédiate... Les têtes s'enfoncent dans les épaules, les nuques se baissent, les cirées jaunes dégoulinent dans les bottes.
Un rayon de soleil salvateur illumine la robe verte, et son visage me fait dire que Dieu est avec lui, tant je lis, sur son visage, la satisfaction d'avoir pris ses ouailles, la main dans le sac, la veille, à la fête du village voisin...
Il ne s'arrête pas devant moi, innocente brebis égarée, non, mais deux rangs plus loin. Je peux palper la tension qui s'installe dans l'église, quand l'orgue résonne à ma gauche. Ouf! le curé poursuit son chemin, la crise est passée.
Vacances égarées Aout 2010.
:-))
Vous voyez, Pierre, votre billet saint prend tout son sens pour certains d'entre nous.
J'imagine sans peine,(si je suis croyante, pratiquante), avoir dans ma main un livre de messe en maroquin cerise à caresser en de pareils moments... comme un doudou d'enfant qui attend que ses parents soient moins énervés pour reprendre le cours de son existence joyeuse. Devinant sous ses doigts, les armes de sa famille qui le rassurent.
Bien à vous,
bonne journée
Sandrine.

Pierre a dit…

Beau récit qui sent le "Avant Vatican II", quand le prêtre en chaire dominait ses ouailles...

Aujourd'hui, il est à notre niveau, a perdu le statut social du à son sacerdoce depuis que les voleurs pillent les églises comme les supermarchés et n'est pas plus salué dans la rue, que le médecin ou l'instituteur... Bien heureux s'il rencontre encore une innocente brebis égarée !

C'était vous ? Pierre ;-))

calamar a dit…

ce n'est pas vrai de toutes les paroisses... chez nous, bien que jeune encore, il est d'avant Vatican II, et prêche la bonne parole au son du Grégorien, et en Latin quand il le peut, et organise des processions et autres retraites, avec tout le décorum. Comme dans les illustrations des ouvrages de Mame et Cie !

Pierre a dit…

C'est pas vrai ? Désolé, mais c'est pas de chance ;-))

Les prêtres sont, comme nous, bien différents les uns des autres. On ne peut leurs reprocher de faire "leur boulot" et d'être un peu figé sur les dogmes (comme un magistrat va l'être sur ses textes de loi) mais il y a des côtés qui peuvent être irritants. Moi, c'est l'excès de fumée d'encens qui m'irrite les yeux... Je supporte pas le benzene ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Il faut venir à Montoire sur le Loir et voir les curés en robe faire la course en vélo... Et en Bretagne... c'est un récit veritable, Pierre.
J'ai vu les têtes s'enfoncer dans les épaules et les épaules ployées sous le regard de ce prêtre, qui s'est arrêté devant un groupe de personnes. Je n'étais que de passage et j'ai eu envie d'aller voir l'art de cette église ou il y a un trés beau retable.Je suis tombée en pleine messe...
un souvenir impérissable lié à cette église.
je ne suis pas pratiquante mais je respecte le culte et le choix de ces personnes. C'est juste un clin d'oeil. La fête au village... Pure invention pour ce jour mais un rappel des fest noz liés aux Pardons bretons, qui ne sont pas des inventions mais de reelles fêtes.
Bien à vous
sandrine