vendredi 3 décembre 2010

Manuel du Jardinier. Nicolas Roret, l'encyclopédiste…


La collection des Manuels-Roret se présente sous la forme de petits manuels, complets en eux-mêmes, abordant tous les thèmes de la vie pratique. En 1822 Nicolas Edme Roret publia son premier manuel et posait ainsi la première pierre de ce qui allait devenir l'incontournable "Encyclopédie Roret". Vingt ans plus tard la collection dépassait les deux cent titres. Elle augmenta jusqu'à la fin du 18ème siècle pour avoisiner les trois cents titres, puis déclina pour prendre fin dans les années 1930 avec son fils Edme Roret. Soucieux de mettre en œuvre une pensée raisonnée, le projet s’inspire de la philosophie des Lumières. C’est aussi un projet industrialiste, soucieux de raisonner la production. C’est enfin un projet grand public soucieux de mettre cette raison pratique à la portée de tous. Et ce fut une réussite, quand on constate l’abondance des rééditions et la renommée du produit !


Presque deux siècles après le lancement des premiers volumes, les Manuels-Roret continuent d’être utilisés par les praticiens et hommes de l’Art, voire les industriels en recherche de légitimité historique...


Un regard rapide sur l’utilisation qui peut être faite des Manuels-Roret, donne à voir deux sortes d’usage. Soit une utilisation pratique comme ce manuel du jardinier, semé de bons conseils et de méthodes infaillibles, soit une approche que l'on appellerait aujourd'hui de "sociétale" et qui utilise ces manuels comme une source d'informations essentielle sur la vie au 19eme siècle. Le collectionneur fait souvent partie de cette deuxième catégorie d'utilisateur. Et le bibliophile me direz-vous ? Ces livres populaires, à la typographie simple, aux illustrations ramassées et aux reliures sans éclat (quand elles existent) devraient moins l'intéresser, je suppose…


Les artistes, les artisans continuent de consulter les manuels, comme à l’époque de leur publication. Pour connaître une technique, savoir comment elle était pratiquée, pour communiquer ce savoir, voire le remettre en vigueur, on va voir ce qu’en disent les Manuels-Roret. Plusieurs domaines se distinguent néanmoins au travers de la multiplicité des champs couverts : un domaine franchement technique, un domaine nettement artistique, un domaine plus directement scientifique, un domaine culturel enfin, tout particulièrement au sens de savoir-vivre.


Quels auteurs l'éditeur employait-il pour remplir ce contrat ? La compétence primait, on s’en doute, dans leur recrutement. Une compétence solide ce qui ne signifiait pas forcément, ce qui signifiait même rarement le meilleur de la compétence sur le domaine. Trop chers, trop occupés, ces auteurs là auraient donné à la collection une allure d’ouvrages princeps, ce qui aurait pu effrayer le lecteur commun, le détourner de l’acquisition des volumes, et donc provoquer un résultat opposé au but recherché. M. C. Bailly, membre de l'Institut est-il le même auteur qui a écrit le Manuel d'Astronomie, le Manuel de Physique et le Manuel du Jardinier ? Cela reste peu vraisemblable mais je n'ai pu m'y reconnaître dans tous les " C. Bailly " célèbres de l'époque ;-))



En fait, il faut voir dans ces manuels des ouvrages de vulgarisation et non des traités scientifiques. Les encyclopédies Roret sont et resteront un imposant et unique témoignage des savoirs faire artisanaux et technologiques des 18 et 19ème siècles. C'est peut-être pour cette raison qu'ils nous sont chers. Pierre



BAILLY (C.) Nouveau Manuel Complet du Jardinier ou l'art de cultiver et de composer toutes sortes de jardins. Ouvrage orné de planches. Paris, Librairie Encyclopédique Roret, 1838, 2 vol. in-12, tome I : Les jardins potagers et fruitiers : XII, 358pp., 36pp du catalogue. 1 planche en frontispice et 2 planches dépliantes : Tome II : Les jardins d'ornement, X, 508pp, 1 planche frontispice et 7 planches dépliantes. Quelques rousseurs clairsemées... Demi basane, dos lisse, pièce de titre et motifs et lettres dorées, tranches mouchetées. Défauts de reliure. Cahiers solidaires, collation complète. Vendu


4 commentaires:

Pierre a dit…

La dernière photographie présentée sur ce billet montre le résultat de la transformation d'un simple jardin de maison pavillonnaire, par le système Roret, en un luxueux décorum végétal donnant l'illusion que la maison est devenue une somptueuse demeure... Étonnant, Non ?

Textor a dit…

Interessant cet article. Bien documenté. L'avant dernière photo semble suggérer que Claude Monet a composé son jardin de Giverny un pinceau dans une main et le manuel Roret dans l'autre ! ? Pourquoi pas !
Textor

Pierre a dit…

Il y a dans le deuxième tome, Textor, des gravures sur les jardins d'ornement à la mode japonisante. Nul doute que Bailly ait été influencé par Claude Monet. Ou l'inverse ? Pierre

Textor a dit…

On vendra Samedi prochain chez Alde 87 volumes d'une réimpression des manuels Roret. Je note parmi les titres : Le relieur, la typographie, l'imprimeur en taille douce, le lithographe.
Mais aussi la vélocipédie, le fabricant d'indiennes, le chamoiseur, la galvanoplatie, l'aerostation.