C'est avec tristesse que nous fêtons aujourd'hui, la disparition, du grand bibliothécaire et de l'ami des bibliophiles que fut Svend Dahl, décédé à Copenhague, le 15 novembre 1963. Son Histoire du livre éditée la première fois en 1927 en danois, puis en 1933 en français, peut être légitimement considérée comme LA référence dans ce domaine. C'est pourquoi, quand je reçois un petit courrier par porteur, comme celui déposé ce matin, ma réponse à la question posée va vous paraître lumineuse…
Cher Maître,
Salariée dans une bibliothèque d'une ville du sud, je me bats contre plusieurs éléments : En été, le soleil, la proximité de la mer et la météo clémente. En d’autres saisons, la météo tout court : Pluies diluviennes, mistral. Ce sont les dires de nos abonnés, en tout cas, quand ils expliquent la défection de plus en plus large de notre local, et ce, malgré un achat important de nouveautés, la diffusion d’un petit bulletin mensuel et des animations telles que le "Printemps des poètes" et la "Journée du livre". Il me semble difficile de mobiliser nos concitoyens autour de la lecture. Que Faire ?Chère Madame,
Ou plutôt, devrais-je dire, chère Mademoiselle, car c'est un des privilèges de la jeunesse que de vouloir faire changer les choses. Votre désarroi est compréhensible... La lecture de livres a clairement perdu son statut de pratique évidente et dominante. Cette réflexion peut vous conduire à penser la bibliothèque autrement qu’à travers la lecture. Et si la bibliothèque était aussi un lieu de travail, de séjour calme, de sociabilité ? D’une certaine façon, cela pourrait conduire à conclure que pour promouvoir la lecture, il faudrait comme la mettre entre parenthèses et penser à ceux qu’on voudrait voir lire et à l’espace qu’on leur propose... La connaissance de l'histoire du livre et la promotion de la bibliophilie font parties de ces voies inexplorées. Lisez donc l'ouvrage de Svend Dahl que j'ai trouvé sur les rayonnages de la librairie, à côté de l'encyclopédie Diderot-D'Alembert ( Eh oui, il l'a ! ). Formule de politesse. Ph.GL'édition française dans laquelle les passages traitant spécialement de l'art du livre au Danemark ont été abrégés ou supprimés et au contraire ont été développés les chapitres consacrés au livre français et en particulier au livre contemporain.
Svend Dhal, nous offre un résumé très clair de l'histoire,de la technique, et du commerce du livre manuscrit et imprimé depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Sans se cantonner dans tel ou tel pays mais au contraire en s'efforçant de donner des précisions sur toutes les régions du monde, il nous montre par des exemples bien choisis en quoi les copistes enlumineurs imprimeurs graveurs et relieurs français, italiens anglais et allemands ont influé les uns sur les autres.
Né en 1887, il était entré, dès 1906, à la Bibliothèque royale de Copenhague. En fait, toute la carrière de Svend Dahl s'écoula dans les bibliothèques de son pays, où il occupa successivement des postes de plus en plus importants. Enfin, en 1943, il fut nommé directeur des bibliothèques d'État, poste qu'il conserva jusqu'en 1952. De bonne heure, Mr Svend Dahl avait compris que la formation professionnelle des bibliothécaires est chose sérieuse, et qu'elle doit s'appuyer sur de bonnes connaissances générales alliées à un esprit méthodique.
L'ouvrage pourvu d'une bibliographie sommaire mais bien choisie s'orne, dans cette édition, de 170 figures qui contribuent à l'élégance d'une présentation digne de la qualité du texte. Beaucoup de matière en peu de pages, c'est sans doute le meilleur éloge que l'on puisse faire d'un livre à l'heure où, dans tant d'ouvrages réputés sérieux, presque tout est sacrifié à l'image et que le texte laisse, bien souvent, le lecteur insatisfait… Votre dévoué. Philippe Gandillet
DAHL Svend. Histoire du livre de l'antiquité à nos jours. Préface par Julien Cain. Paris, éditions Lamarre-Poinat, 1967.format grand in-8. Reliure cartonnage éditeur, titre en lettres dorées. 348pp. Bel état. Vendu
11 commentaires:
Comme la musique, la lecture s'apprend dès la naissance ... de la mère ou à défaut, du père.
René
Et quand les deux sont inaptes à transmettre ce savoir, on peut alors se tourner vers les bibliothèques municipales. L'école a tenu pendant longtemps ce rôle ;-)) Philippe Gandillet
Encore faut-il avoir la soif d'apprendre... et je me demande dans quelles proportions la force doit être présente pour faire pousser la porte des bibliothèques à ceux que l'on a pas baignés dès le plus jeune âge dans la joie de lire.
La grisaille du ciel automnal me cache peut-être la réalité mais je crois qu'une bibliothèque municipale, en étant plus qu'un lieu de lecture (un lieu de rencontre ) peut attirer la jeunesse et donner gout aux livres (en passant par l'histoire du livre, par exemple).
C'est un problème de timing (je devais attendre le car pendant près de deux heures pour rentrer chez moi, quand j'étais étudiant) qui m'a fait découvrir la bibliothèque municipale de Dinan et les livres...
Une société peut-elle avancer sans la lecture ? Pierre
Le(s) "patron(s)" des bibliothécaires : Melvill Dewey pour la classification, Gabriel Naudé pour la bibliothéconomie, Charles Nodier pour le côté romantique, Jorge Luis Borges pour l'imaginaire des bibliothèques, Henri-Jean Martin pour l'histoire du livre et de l'édition et Louise-Noëlle Malclès (enfin une femme) pour la bibliographie ! ;-)
Léo Mabmacien
C'est un professionnel qui écrit. Je m'incline ;-)) Mais l'ouvrage de Svend Dahl reste pour moi une référence (en 1 volume) sur l'histoire du livre.
Votre avis, Léo, sur une autre approche de la bibliothèque pour attirer les jeunes ? Pierre
Les jeunes et les moins jeunes.
On peut prendre conscience de lacunes qu'on a eues étant jeunes, et décider d'y remédier une fois adulte. Je suis assez pour l'auto-éducation ou l'auto-culture quand celles ci ont été insuffisamment prodiguées (ou n'ont pas touché à l'époque leur cible). Avez-vous remarqué le nombre d'adultes qui reprennent leurs études ? je pense que cette période de note vie où on est sensés apprendre tombe au mauvais moment, celui où l'on a envie de folâtrer et où l'on se cherche trop pour savoir qui l'on veut être...
On pourrait aussi commencer notre vie professionnelle par la retraite pour en profiter pendant qu'on est en forme ;-))
Je crois bien avoir eu ce genre de raisonnement dans ma période post-soixantehuitarde-écologico-auto-gestionnaire-de gauche... Mais c'est aussi vrai que l'apprentissage de la connaissance ne s'arrête pas à la fin des études comme certains le pensent.
Petite parenthèse : Le nombre de cas d'Alzeimer semble suivre une courbe exponentielle en France. La faute n'en revient-elle pas à ce que nous avons fait de la télévision, et qui shunte du cerveau ? Je n'en suis pas un adepte de La fonction crée l'organe mais je me pose des questions . Pierre
Vaste problème Pierre ! Des espaces accueillants, des horaires très étendus, des coins pour papoter et d'autres pour travailler, peu de livres et beaucoup d'écrans.... L'histoire du livre et la bibliophilie sont deux pistes très intéressantes, peut-être plus à faire en classe comme Bertrand qui un temps allait porter la bonne parole auprès des élèves...
Léo Mabmacien
Je voudrais celui là si il est encore disponible à la vente.
Bien à vous,
Sandrine.
Pas de problème Sandrine, je l'ai encore. Pouvez-vous m'envoyez un courriel [13gandillet@gmail.com) car je ne sais si j'ai la bonne adresse mail pour vous. Merci. Pierre
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