mercredi 24 février 2010

L'almanach Royal . Deux éditions de 1735 et 1736 à la suite.


Paul Féval fils se pencha sur sa page blanche… Son éditeur lui avait demandé d'écrire, sous forme d'un feuilleton hebdomadaire paraissant dans le journal des annales, un roman de cap et d'épée comme son père avait si bien su le faire avec son " Bossu ".

- Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi !

Ce sera donc " Le fils de Lagardère " L'action se passe en 1735. Le fils de Lagardère rencontre dans le bureau des économats, l'Abbé d'Argenson, Conseiller d'état et Chancelier de l'Ordre de Saint Louis, Méssire François Chicoyneau, Premier médecin Ordinaire du Roy ainsi que le Prévost de Paris, Mr de Bullion, Comte d'Esclimont…


Dans ce type de roman tout est vrai, sauf l'intrigue ! Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ... n'est pas le fruit du hasard mais s'explique par l'utilisation fréquente d'informations puisées dans un Almanach Royal de l'époque. Celui que je vous propose aujourd'hui, s'il ne brille pas par sa reliure est très solide, englobe deux années et sera un excellent outil de travail pour le feuilletoniste ou l'historiographe qui sommeille en vous.


L’Almanach Royal est un annuaire administratif français fondé en 1683 par le libraire Laurent d’Houry, qui parut sous ce titre de 1700 à 1792, et sous d’autres titres jusqu’en 1919. Il présentait chaque année, dans l’ordre officiel des préséances, la liste des membres de la famille royale de France, des princes de sang, et des principaux corps du royaume : grands officiers de la Couronne, membres du haut clergé, abbés des grandes abbayes (avec le revenu de chaque abbaye), maréchaux de France, colonels et officiers généraux, ambassadeurs et consuls de France, présidents des principales juridictions, conseillers d'État, banquiers, etc. Malgré le caractère indigeste qu’il pouvait présenter en raison des nombreuses listes dont il était composé, il jouissait d’une large diffusion auprès d’un lectorat essentiellement composé de financiers, de politiques et de toutes les personnes qui avaient un intérêt à connaître l’organisation administrative de la France.

Les premiers Almanachs n’ont pas été imprimés par Laurent D’Houry. L’Almanach de 1706 est ainsi imprimé par Jacques Vincent, installé rue de la Huchette, à l’enseigne de l’Ange. En 1712, Laurent d’Houry devient imprimeur et commence aussitôt l’impression de son ouvrage. Ensuite, tous les almanachs seront imprimés par leur éditeur.


L’almanach est vendu soit broché, soit relié par l’imprimeur. La version brochée permet à l’acquéreur de faire relier son livre comme il le désire, et c’est ainsi qu’il est possible de trouver des ouvrages aux reliures très ouvragées, avec dentelle, armes des familles, rehaussées de nombreuses couleurs ou de dorures, etc. La version reliée fournie par l’imprimeur se présentait habituellement dans une reliure en veau ou maroquin plein, et des fleurs de lys dans les caissons du dos. Avec la révolution, les fleurs de lys sont remplacées par des bonnets phrygiens à cocardes.


Vous y trouverez toutes les bibliothèques du Royaume et vous constaterez avec satisfaction que dans les processions d'honneurs des Universités, les libraires, imprimeurs, relieurs, enlumineurs et doreurs n'étaient pas exclus du défilé. Quelle reconnaissance !


Un coup de chapeau à Wikipédia pour un excellent article sur les almanachs. Pierre

ALMANACH Royal. Paris, Veuve d'Houry, 1735, in-8, 422 p & 1736 à la suite, in-8, 418p, Reliure ancienne mais restauration amateur moderne, dos à nerfs. Traces de mouillures sur le premier almanach, rousseurs. Cahiers très solidaires. Exemplaire de travail intéressant en ce qu'il contient deux années successives. Vendu

4 commentaires:

Jeanmichel a dit…

Et les rubricateurs ? Où sont-ils placés dans cette procession les rubricateurs ?...
Cet almanach est très pointu mais moins drôle que le Vermot.

Pierre a dit…

Les rubricateurs sont à l'Académie, bien sûr !

J'imagine le travail que devait donner le tirage d'un pareil ouvrage à une époque où les informations n'utilisaient pas le réseau hertzien mais circulaient par le réseau équin.

Le bouclage de l'almanach dans les délais, sans compter le temps de la reliure devait être un sacré défi. Je ne parle même pas des erreurs dans la transcription des noms ou des fonctions qui devaient être à l'origine de nombreux procès...

Je connais l'almanach Vermot de nom mais je n'en ai jamais feuilleté. Je sais que cela se collectionne aussi. Est-ce vraiment drôle ? Pierre

Jeanmichel a dit…

L'Almanach Vermot peut être drôle au second degré, celui-ci s'étant en effet spécialisé dans le jeu de mots de premier ordre, c'est-à-dire le plus souvent dans la remotivation d'expressions figées, en les prenant au pied de la lettre.
Par exemple cette légende d'une vignette datant de 1906 montrant un homme attablé dans un restaurant auquel un autre homme s'adresse : "- Prête-moi un louis, vieux : je suis à la côte... - T'as plus de chance que moi, je n'en suis qu'à l'entrecôte."
On y apprend en prime le sens d'une expression un peu perdue : "être à la côte", qui signifie être ruiné.

Pierre a dit…

S'en payer une bonne "tranche" sur des gens qu'ont "paleron", c'est pas drôle ;-))

Pierre Vermot