vendredi 23 octobre 2009

Légendes et chants Esquimaux du Groenland.




Dans le commerce d'une librairie généraliste comme la mienne, les auteurs classiques français, le régionalisme local et les ouvrages illustrés (l'ensemble dans des éditions plus ou moins luxueuses) représentent l'essentiel de mon chiffre d'affaire moyen journalier (C.A.M.J). Si ce C.A.M.J est suffisant pour vivre modestement, il me faut quand même compter avec une ou deux "thématiques" pointues pour assurer le train de vie indécent que je mène…

Ces "niches thématiques" contiennent souvent des ouvrages tellement improbables que je ne les aurais jamais achetés si le monde n'était pas peuplé de monomaniaques…Une des spécialités de la boutique consiste, par exemple, à proposer tout ou partie des ouvrages parus entre 1928 et 1930 sur le continent Arctique.


Le livre que je vais vous présenter maintenant est l'exemple même d'une niche faite pour un bibliophile intéressé à la fois par les voyages et en particulier par les voyages au Groenland, passionné par l'ethnologie et en particulier par les Esquimaux, captivé par les légendes et en particulier les légendes polaires et ému par les chants et en particulier ceux qui sont présentés avec des paroles fournies sans partition, sans clef et sans indication qui puisse aider un mélomane!


Il doit vraisemblablement exister une petite dizaine d'exemplaires en France de ce type de bibliophile. Il n'empêche ! S'il rentre dans ma boutique, il sera comblé !

C'est pour cela que j'ai fait ce métier.

En fait, j'ai feuilleté ce livre et je l'ai trouvé émouvant. Il m'a semblé que les légendes se ressemblaient beaucoup d'un continent à l'autre. Ici la femme se transforme en phoque pour tromper la vigilance de son mari. Il est évident que la même légende bêtement transposée au Kenya donne peu de chance à un phoque de passer inaperçu sur les hauts plateaux du pays…


C'est un bon livre, bien documenté. Le Groenland n'était pas encore, en 1929, ce margouillis (nom masculin tiré du verbe margouiller / salir : lieu plein de boue et d'ordure et de l'oubli par JPP. Merci) que le monde moderne a conchié (souillé avec des excréments / sali, tiré de l'anonymat par Bertrand. Merci). Pierre

THALBITZER (W) Légendes et chants Esquimaux du Groenland. Ernest LEROUX éditeur. Paris 1929 broché 190 pp, coll. contes et chansons populaires .Broché petit in-8. Couverture usagée et traces d'annotations au crayon. Intérieur en bel état. Vendu ou perdu dans un carton...

6 commentaires:

Pierre a dit…

Manifestement, les amateurs du Groenland sont rares à Tarascon mais aussi sur ce blogue.

Je vais essayer une autre thématique plus vendeuse. Vous n'auriez pas une idée ? Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Les groen-landaises !

;-))

B.

Anonyme a dit…

Ces chants sont enseignés par les femmes aux enfants, si je me souviens.
Cela ressemble à un souffle rauque que chacune des deux interprètes émet face à face alternativement, saccadé et vif.

Les pygmées ont des chants conçus sur cette "technique"... (mais je dis là, sans doute, une grosse bêtise!)

Lorsqu'il m'est arrivé d'exprimer mon intérêt pour les chants des Inuits, j'ai senti comme un froid, et n'ai rien voulu dire pour le chant des pygmées...

Michel P

Pierre a dit…

Je me suis parfois demandé pourquoi les Inuits, qui vivaient dans des conditions climatiques très difficiles, n'étaient pas attirés par la migration... A moins que personne ne leur ait dit que l'herbe poussait plus au sud ! Pierre

pascalmarty a dit…

"Le chant du monde" a fait paraître il y a quelques années un coffret de trois CD intitulé Voix du monde où l'on peut entendre, entre autres, quelques chants Inuit. En l'occurrence il s'agit d'un équivalent local de Je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette. Deux femmes se défient à coups de borborygmes ininterrompus jusqu'à ce qu'il y en ait une qui craque. Et c'est assez magique d'entendre ces voix de mélécasses brutalement remplacées par un splendide éclat de rire des plus argentins.
En somme, si les Inuits n'ont jamais songé à émigrer, c'est sans doute parce qu'ils se marrent bien chez eux…

Pierre a dit…

Voilà qui est très pertinent ! A méditer... Pierre