La rencontre qui s’opère par l’intermédiaire du livre entre le plus célèbre des écrivains de la littérature jeunesse, un illustrateur de talent et un libraire utilisant tous les perfectionnements de l'édition ne peut être que profitable aux jeunes lecteurs. Plus tard, et c'est le cas de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente dans son cartonnage romantique éditeur, il deviendra, par là même, un objet de collection désirable pour les grands enfants que sont les bibliophiles.
Les contes de Perrault relèvent d’une tradition
littéraire très présente à la fin du XVIIesiècle en France : la rédaction d’un
recueil de contes empruntés à la tradition orale ou à la littérature étrangère
notamment aux Italiens Basile et Straparola. Ils paraissent
en 1694 (contes en vers) et en 1697 (contes en prose). Cette même année voit la
sortie des Contes de fées de Madame d’Aulnoy bientôt suivie d’une cohorte
d’autres contes comme ceux de Mademoiselle Lhéritier ou de Madame de Murat. Ces
contes sont parfois illustrés de quelques vignettes reproduisant un épisode de
l’histoire ou montrant un personnage en train de discourir devant un auditoire,
pour rappeler l’origine orale de ces contes.
Les éditions des contes se sont multipliées au XVIIeet au
XIXesiècle aussi bien dans le registre bibliophilique (Lamy 1781 et le Cabinet
des Fées qui en intègre une partie dans ses quarante volumes de contes
1785-1789) que dans l’édition populaire (images d’Épinal et livrets de
colportage). L’édition romantique que je présente ici y voit un marché et
considère que ce chef-d’œuvre doit faire partie de chaque bibliothèque. C’est
aussi l’époque où l’on commence à se préoccuper de l’existence d’un lectorat
enfantin qui ne possède pas de pouvoir d’achat mais auquel on peut montrer les
images et raconter les histoires. Tour à tour les éditeurs Curmer (1843), la
Librairie pittoresque de la jeunesse (1847), Blanchard (1850) Lecou (1851)
Langlumé (1855) se lancent dans l’aventure. Les illustrateurs ne sont pas des
moindres : Doré, Demerville, Nanteuil, Gavarni, Bertall, Gigoux, Devéria,
Tony Johannot, Adrien Marie, etc...
Cette nouvelle publication des contes de Perrault tombe
au moment où le débat fait rage autour de la place des contes de fées dans ce
qu’on commence à appeler la littérature enfantine. " Il n’y a qu’eux de vrai
! ", proclame Laboulaye, l’auteur des Contes Bleus . " Mensonge !
", rétorque le naturaliste Figuier. " Au lieu d’appeler
l’attention admirative des jeunes esprits sur les fables de La Fontaine, les
aventures du Chat Botté, l’histoire de Peau-d’âne ou les amours de Vénus, il
faut la diriger sur les spectacles simples et naïfs de la nature : la structure
d’un arbre, la composition d’une fleur, les organes des animaux, la perfection
des formes cristallines d’un minéral ".
Ce débat n'est toujours pas terminé. Entre les tenants du
Père Noël (il n'existerait pas, en fait !) et les adeptes de la vérité vraie, rien ne va plus ! La
ligne de partage entre le réel et la fiction a traversé trois siècles de
littérature de la jeunesse ; son tracé ne va pas s'arrêter comme cela. Si on
ne conte plus, que racontera-t-on aux enfants avant de se coucher ? On ne va
quand même pas leur avouer dès maintenant comment on fait les bébés… Pierre
PERRAULT. Les Contes des fées illustrés par J.-C. Demerville. Paris, librairie pittoresque de la jeunesse, 1847. Un grand volume In-8 ( 24/16). Cartonnage éditeur, percaline noire estampée, fer signé Haarhaus sur le premier plat, dos et second plat ornés de fers dorés, toutes tranches dorées, gardes colorées. 160pages, 10 lithographies aquarellées. L'ouvrage présente sur le premier plat un fer réalisé par Haarhaus spécifiquement pour les contes de Perrault, qui sera utilisé plus tard notamment pour l'édition des contes proposée par la librairie Victor Lecou en 1851. Des rousseurs. Le Petit Chaperon rouge, La Barbe Bleue , Les Fées, Le Chat botté, La Belle au bois dormant, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet, L'adroite Princesse, Peau d'âne, Les Souhaits ridicules. Bel état général. Très rare (à moins que l'on me prouve le contraire). Réservé
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