Marie Mauron était appelée la " Colette provençale ". La popularité de cette écrivaine prolifique - près de 130 ouvrages - fut considérable après guerre. Elle a touché à tout : romans, contes, souvenirs, récits de voyages, commentaires et biographies d'artistes, le plus souvent en français, mais aussi dans sa langue première, le provençal. Elle est par excellence une conteuse, qui allie la verve au sens du récit, comme on peut s'en rendre compte dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente.
Née Marie-Antoinette Roumanille (de la famille du
compagnon de Frédéric Mistral, co-fondateur du Félibrige), le 15 avril 1896 à
Saint-Rémy, elle est d'abord une institutrice, laïque et socialiste comme son
mari Charles Mauron, ingénieur devenu un spécialiste de littérature anglaise,
fils du maire de la commune, maire lui-même à la Libération au sortir de la
Résistance à laquelle elle a participé à ses côtés. Cet engagement date
peut-être de son passage à l'École normale de jeunes filles d'Aix-en-Provence,
d'où elle est partie ensuite enseigner non loin de chez elle, à Mas Blanc à
côté de Tarascon puis aux Baux, village pour lequel elle se prend de passion.
C'est aux Baux de Provence qu'elle commence à écrire en donnant une
sorte de chronique villageoise qui retient l'attention d'écrivains britanniques
aussi connus que Virginia Woolf et c'est pourquoi son premier ouvrage paraît à
l'Université de Cambridge en 1934 (Mount Peacok, publié en français chez
Denoël sous le titre de Mont Paon en 1937). Démissionnant de l'Éducation
nationale en 1941, elle se consacre alors, avec succès, à l'écriture, avec pour
sujet principal la Provence.
Issue d'une famille de souche paysanne, Marie Mauron
revient sans cesse sur les coutumes et les légendes de la Provence, idéalise le
peuple des mas, les bergers et la vie rurale d'antan suivant en cela la ligne
fixée par Frédéric Mistral. Les titres de ses livres en témoignent : Le
sel des pierres publié en 1942 n'échappe pas à cette règle.
Elle s'engage de plus en plus dans le combat pour la préservation
de cette Provence et contre le modernisme qui la menace et la défigure.
Pourfendant les promoteurs, l'industrie, les administrations, elle participe à
la protestation contre le déversement des " boues rouges "
en Méditerranée et se fait exclure de la télévision où elle animait l'émission
"La Provence au coin du feu". Elle devient la figure emblématique de
la Ligue de défense des Alpilles, créée en septembre 1969 contre l'ouverture
d'une carrière de bauxite par Pechiney non loin des Baux, contre le "mitage" du paysage par la
prolifération des résidences…
Ce Sel de Pierre est le Sel de la vie. Il est ici
parfaitement illustré par son ami, Louis Jou, célèbre artisan du livre, installé
après guerre dans ce village haut perché des Baux de Provence. Une remarquable
publication (dédicacée) pour amateurs de Louis Jou ! Pierre
Le Sel des pierres. Paris, Robert
Laffont, 1947. 1 volume In-8° raisin (16 x 25,3cm). En feuilles sous couverture
rempliée au 1er plat illustré, en portfolio et étui bordé rouge. 227 pages. Édition originale illustrée de bois gravés originaux de Louis Jou. 1er plat
couleurs, frontispice en camaïeu, 23 bandeaux, 23 lettrines, 23 culs-de-lampe,
1 colophon, ornements. 1 des 946 exemplaires sur vélin pur fil des papeteries
Johannot, le notre HC n° XVI. Bel état. Envoi autographe de l'auteur. 145 € +
port
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