Je vous ai présenté dernièrement des Mémoires des guerres de Vendée (on peut cliquer) par deux de ses intervenants. Voici maintenant le "pendant" normand de cette guerre civile… Là encore, elle a laissé des cicatrices qui ne sont pas encore complètement refermées. Tous les ans, des normands attachés à leur histoire et à leur patrimoine se réunissent pour déposer une gerbe et écouter l’évocation de la Chouannerie Normande, aux Trois Croix, là où fut assassiné l’Abbé Gouvetz, chanoine de la cathédrale d’Avranches.
Dès 1791, la
Vendée et la Bretagne forment une zone de résistance. Les protestations
s’intensifient en 1793 lorsque la Convention décide de lever 300 000 hommes
pour les besoins de l’armée. L’insurrection éclate et laisse place à une
guérilla dans laquelle les chouans (nom venant du cri de la chouette)
combattent les partisans de la République et ses soldats : les Bleus.
La Chouannerie
se met en place en Normandie en 1794. Ce sont d’abords des réactions
ponctuelles de jeunes gens qui refusent de répondre aux levées d’hommes.
Contraints de vivre cachés, ils agissent en brigands. A la fin de l’année, des
bandes dirigées par un chef sont constituées et leurs actions s’amplifient. En
1795, avec le retour du comte Louis de Frotté qui avait émigré après la fuite
du roi, ces troupes de Chouans sont véritablement structurées.
Il forme à 29 ans l’Armée Catholique et Royale de Normandie. Le territoire
insurgé est réparti en divisions avec des légions. Sur la rive droite de la
Seine, il existe une autre armée composée surtout de cadres nobles, confiée par
l’Agence Royale de Paris à Malet de Crécy. La révolte se développe grâce à la
complicité d’une partie de la population rurale qui protègent, ravitaillent et
renseignent les Chouans. Ils se cachent dans des lieux favorables aux
embuscades tels les bocages et les bois. Leurs actions armées vont des
expéditions punitives contre des adeptes de la république aux attaques de
communes et combats contre les Bleus.
Après une année
de guerre, il reste impossible aux Chouans de contrôler la région. Un accord de
pacification est signé le 6 juillet 1796. La première Chouannerie est terminée
mais c’est le retour du brigandage comme en 1794. Parti en Angleterre, Frotté prépare la lutte
qu’il veut reprendre. Il confie sur place le commandement au vicomte
d’Oilliamson. Les actions des Chouans recommencent en 1798. Dans l’Eure, elles
se durcissent en mai 1799 à tel point que l’on nomme le département "le
tombeau des républicains". Frotté revient
le 22 septembre 1799 et reprend la direction des opérations sous le nom de «
Blondel ». La seconde Chouannerie commence. Le 3 novembre, les Chouans ne
pouvant pas repousser les Bleus lors de la bataille de la Fosse, Frotté échoue
dans son projet de grande offensive. Une trêve est signée le 17 décembre 1799.
Elle est rompue par la légion des Chouans de Picot " le boucher des Bleus
", qui attaque les habitants du Sap, le 5 janvier 1800.
La Chouannerie
est relancée mais la résistance républicaine s’intensifie avec l’arrivée de
renforts. Frotté et six compagnons décident de se rendent à Alençon pour
négocier une paix. Ils y sont arrêtés le 16 février 1800. Sans défenseurs ni
témoins, la commission militaire les condamne à mort. Ils sont fusillés le 18 février. Ces normands ont
défendu, avec plus de courage et d’honneur que de moyens, leur mode de vie et
leur foi. Leur sacrifice est mémorable, tout comme le sens du devoir de leur
illustre général : Louis de Frotté. Tel est le synopsis de l'ouvrage en trois tomes de Léon de la
Sicotière que je propose aujourd'hui à la vente. Léon de La
Sicotère, avocat à Alençon, membre de plusieurs sociétés savantes, inspecteur
des monuments historiques de l'Orne, a participé à la rédaction de la plupart
des recueils littéraires et scientifiques de la Normandie, à son époque. Pierre
Louis de Frotté et les insurrections normandes. 1793-1832. Paris, Plon, 1889. Trois tomes en deux volumes in-8 (25/16,5cm). Reliure
demi chagrin tabac, dos à nerfs, filets et roulettes dorées, titres et tomaison
en lettres dorées, tranche supérieure mouchetée, gardes colorées. Deux
portraits en frontispice, XXXI + 629 & 812 + 55 pages, 1 carte dépliante. Edition
originale. Des rousseurs marginales. Très bel état général. L'ensemble : Vendu
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