Les auteurs de ces Mémoires sur la Vendée sont Madame de Sapinaud (de Bois-Huguet), retranscrites par son fils, et Pierre Durand. L'une est la veuve d'un chef vendéen, l'autre un commis de la République venu faire plier un mouvement de fronde né dans l'ouest de la France pendant la Terreur. Il s'agit d'une judicieuse juxtaposition des récits des deux belligérants présentés sous forme de deux recueils à pagination séparée comme si, 25 ans plus tard, l'histoire de ces deux parties n'était toujours pas miscible dans l'imprimerie…
Madame de Sapinaud est la veuve de M.de Sapinaud de
Bois-Huguet, dans la famille duquel se trouvent de nombreux chefs vendéens. Les
mémoires de Pierre Durand sont quant à elles remarquables en ce que leur auteur
déplore les excès commis par les républicains, comme par leurs ennemis royalistes
vendéens : les Chouans.
Petit retour sur la genèse de cette guerre civile: Les
vendéens (au sens de Vendée militaire) sont des gens simples qui vivent dans
l'austérité. Ils vivent de peu et travaillent beaucoup. Ils sont très attachés
à leurs traditions, à leur terre et à leur religion. En 1789, Ils fondent de
grands espoirs dans la révolution lorsque celle-ci commence. Ils participent même
à l'élaboration des cahiers de doléances. Ils sont représentés aux états
généraux pour la bourgeoisie et accueillent avec satisfaction les premiers
changements. L'aristocratie de la Vendée, quant à elle, vit assez modestement
dans sa campagne et aspire elle aussi au changement. Elle en fait part dans les
cahiers de doléance en souhaitant que la monarchie absolue laisse place à une
monarchie plus démocratique. Dernier interlocuteur, le prêtre en campagne vit
lui aussi très simplement, il n'a pas de fortune comme certains prélats. Son
mode de vie ressemble à celui de ses paroissiens : Simple et austère…
Depuis avril 1792, l'armée républicaine se bat à ses frontières contre la Prusse et l'Autriche. En 1793, l'Espagne et l'Angleterre s'associent à la Prusse et à l'Autriche pour mettre à bas la révolution française et moucher les républicains qui veulent annexer toute la rive gauche du Rhin. L'armée française qui n'est pas au mieux, n'arrive plus à trouver de volontaires. Face à la moitié de l'Europe, elle est obligée de recourir à l'enrôlement de force. La mesure est très mal accueillie. Par tirage au sort, 300 000 hommes célibataires de 18 à 40 ans vont être réquisitionnés pour aller défendre la France. Les fonctionnaires (malins !) échappent à la réquisition, tout comme la bourgeoisie qui peut s'acheter un remplaçant. Ce sont donc les paysans et artisans qui seront tirés au sort et qui devront partir loin de chez eux, sur le front est, défendre la République.
Les paysans et artisans vendéens n'acceptent pas que les principaux bénéficiaires de la république, les fonctionnaires et les bourgeois (qui a dit "comme aujourd'hui ?"), ne fassent pas parti du tirage au sort. C'est la conscription, à Saint Florent le Vieil qui met le feu aux poudres ! Le jour du tirage au sort, toute la foule est là pour refuser la conscription. La foule se fâche et lynche les patriotes qui s'enfuient. Leurs munitions sont dérobées. Saint Florent entre en guerre. Plusieurs patriotes ont été tués, la guerre est maintenant irrémédiable...
Nous passerons sur les premières victoires et les premières défaites des vendéens. Elles ont leur lot commun de haine, d'exploit, de gloire et de morts… Luçon, Nantes, Le Mans sont de véritables boucheries où les adversaires meurent par milliers. En février 1795, le climat en Vendée est plus serein. Les républicains proposent aux insurgés de signer un accord de paix. Charette mène les négociations qui débouchent sur les accords de La Jaunaye mais il sera cependant arrêté. Durand écrit alors : " Sans cesse aux prises avec la faim, la soif et les besoins les plus urgents, cet homme courageux s'était habitué à souffrir, et le jour de sa mort dut être, à ses yeux, un véritable jour de repos… ". Pierre
SAPINAUD (Mme de). DURAND (Pierre). Mémoires
sur la Vendée, comprenant les mémoires inédits d'un ancien administrateur
militaire des armées républicaines et ceux de madame de Sapinaud. Paris, Baudoin, 1823. Un volume in-8. Reliure romantique
demi-basane verte estampée à coins, dos lisse, filets dorés, pièce de titre
rouge, tranches mouchetées. 123 pages et 224 pages. Bel état. Vendu
2 commentaires:
je pense être un collectionneur ( Jules Verne Hetzel): je fais comme vous, je les ouvre souvent, les regarde..j'en revends certains mais j'en rachète d'autres! dont un que je vous ai acheté récemment. J'en ai 80 environ mais je connais des amis qui en ont bien plus..question de budget évidemment
Nous sommes tous limités, et c'est tant mieux, par notre budget. Quel serait le plaisir de l'acquisition sans la réflexion ? Il y a un principe de "Peter" chez le collectionneur (ne jamais dépasser son niveau de compétence pour tomber dans l'incompétence - voire l'inconséquence !) comme il en existe dans le monde du travail.
Le bibliophile est raisonnable. Le prix du raisonnable n'est simplement pas le même pour tout le monde, j'en conviens. C'est ce qui le distingue du bibliomane. Pierre
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