samedi 27 novembre 2010
Page manuscrite ou page imprimée ? Le talent des copistes...
Je présentais hier un billet dans lequel un ouvrage à la vente présentait une planche habilement remplacée par un ancien propriétaire, à une période qui semble tout à fait concomitante avec la parution de l'ouvrage.
Erreur de l'imprimeur, oubli du relieur, arrachage involontaire ou volontaire sont les trois possibilités qui s'offrent à notre sagacité.
Sur des ouvrages du 16eme et 17eme siècle, la probabilité d'une erreur professionnelle est envisageable car les normes de qualités n'étaient pas, au début de l'imprimerie, ce qu'elles sont aujourd'hui.
Sur des ouvrages postérieurs, j'aurais tendance à penser qu'il faut rechercher dans le remplacement d'une planche, une fraude involontaire ou volontaire.
J'ai vu des ouvrages auxquels des gravures jugées licencieuses avaient été enlevées sciemment pour cause de pudibonderie religieuse. J'imagine également que les lecteurs étaient tout aussi maladroit qu'aujourd'hui et qu'une planche pouvait être déchirée lors d'une manipulation hasardeuse. Il y a surement beaucoup d'autres raisons qui peuvent expliquer les incomplets et je sais que de superbes ouvrages ont payé un lourd tribut la mode de l'encadrement, par exemple !
Au-delà du fait de savoir si l'ouvrage devait être considéré comme complet ou incomplet après le remplacement de l'original par une page ou par une planche manuscrite, c'est la qualité du travail de la personne qui a procédé à ce remplacement qui m'amène à vous soumettre ce petit billet…
Alors… Dans les exemples que je vous propose... page manuscrite ou page imprimée ? Pierre
J'ajoute un autre exemple envoyé par René de BLC. Je profite de l'occasion pour le remercier de son aimable sollicitude.
Je possède un Missale Romanum de 1629, livre d'un intérêt bibliophilique fort réduit bien que comportant de superbes gravures (certaines de Cornelius Galle) .
On trouve à la fin 4 pages ajoutées, entièrement en "typographie" manuscrite. Il ne s'agit pas du remplacement de feuillets manquants mais d'une addition concernant sans doute une fête particulière. Elles se trouvent après le verso blanc du dernier feuillet, le recto se terminant par FINIS. Il s'agit là aussi d'un travail de grande patience réalisé par un habile copiste.
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13 commentaires:
quelles écritures ! il faut regarder dans les détails pour se rendre compte que ce sont des manuscrits (à part peut-être la dernière, j'ai un doute, elle est vraiment parfaite).
La dernière est aussi un manuscrit...
Le Père Fihlol devait s'ennuyer ferme en sa Provence ou bien désespérer de l'âme humaine et en particulier de celle des éditeurs qui ne voulaient pas faire imprimer son recueil. Il fit en sorte qu'on crut à une version imprimée. C'était un juste retour des choses puisque les premiers incunables s'étaient largement inspirés des manuscrit d'alors... Mais quel talent de copiste !!
En fait, c'est une chance que l'ouvrage que j'ai présenté hier ait eu cette planche remplacée par un manuscrit à l'identique, de l'époque. Cela m'a permis de trouver une nouvelle valeur à ce livre ;-)) Pierre
Joli billet en forme de pied de nez aux maniaques des ouvrages complets. Qu’une gravure soit manquante et l’ouvrage serait bon à jeter au panier, selon eux. Je possède une superbe traduction de l’Enéide de Virgile par Perrin, en caractères de civilité, ornée de gravures des plus pittoresques. Une seule a été arrachée. Dommage certes, mais à la vente, pour 50 euros personne n’en voulait ! J’ai donc été obligé de me dévouer pour que le livre ne soit pas ravalé, et je n’arrive toujours pas à le regretter 5 ans après !!
Dites, en admirant ces beaux manuscrits, on se demande si Gutenberg n’a pas commis une erreur en inventant l’imprimerie !
Textor
Mais toujours persiste un regret lancinant quant à ces ouvrages auxquels il manque une page, dû sans doute à une propension à croire aux cartes aux trésors : mais qu'y avait-il donc sur cette page qu'on crût bon de la faire disparaître ?
Cela m'évoque ces cartes géographiques de territoires pas vraiment importants, telles que les îles australes, hâtivement relevées par avion un jour où le temps n'était pas absolument clair et qui dessinaient les nuages présents lorsque la photographie fut prise.
Comment ne pas s'imaginer, d'instinct, des eldorados invisibles sous ces nuages ?
Ces pages présentées sont très belles ! Tout à la main, sans Normograph, quelle patience angélique !
On ne peut qu'être touchés par ce travail d'orfèvre, à l'heure où l'on écrit ses cartes de voeux électroniquement, ses courriers par mail, jusqu'à nos listes de courses qui peuvent être propulsées par téléphone jusqu'au gentil Carrefour livreur, bref, à l'heure où l'on écrit plus guère, il est émouvant d'imaginer le temps qu'il aura fallu pour poser son écriture sur ces pages, comme le dit Jean-Michel, ce temps que l'on ne s'accorde plus, même pour penser !
Ce ne serait pas un blasphème de dire que le plaisir esthétique éprouvé par le Père Filhol à l'élaboration de ces pages devait être supérieur à sa motivation religieuse...
Cet exemple nous montre bien que la notion "d'ouvrage complet" est sujette à discussions et que Le LIVRE est vraiment une source inépuisable de recherches et de trouvailles comme me le faisait remarquer René dans un courriel hors blog.
Il m'a d'ailleurs envoyé quelques manuscrits en sa possession qui rivalisent avec les miens ;-)) Pierre
Nous voulons les voir immédiatement !!
Voilà qui est fait ;-))
René ne m'en voudra pas d'avoir dévoilé quelques uns de ses trésors, j'espère. Pierre
Bien petits trésors en vérité ... ;-)
René
ceci dit, ces calligraphieurs avaient plus de temps que nous : ils n'avaient pas à maintenir leur blog ou autre page Facebook.
Merci René d'avoir partagé ces images avec nous. Ces ouvrages sont de véritables unica ( comme tous les manuscrits, d'ailleurs !) Tiens, il va falloir que je paie des royalties à La Palisse... :)
C'est vrai que la gravure de la page de titre de ce missel ne manque pas de qualité esthétique.
Elle me fait penser, toutes choses égales par ailleurs, aux Tableaux de la Croix de Mazot, les perspectives en abîme en moins.
Textor
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