samedi 6 novembre 2010
Revue "Le Chat Noir". Salis pour les uns, Steinlein pour les autres et Allais pour moi…
Voici l'article de tête de la Revue du Chat Noir ( N° 305) parue le 12 novembre 1887: Je reçois la lettre suivante : [….] nous vous prions de recevoir aujourd'hui notre démission collective. Alphonse Allais – Georges Auriol – Charles Cros etc… Je n'ajouterai qu'un mot. Toute cette affaire est un malentendu que je pourrais dissiper par une interjection, mais point ne m'agrée. Le Chat Noir doit dépasser le mouvement parfois, le surpasser toujours ! Rodolphe Salis. Seigneur de Chatnoirville-en-Vexin.
Il faut admettre que Rodolphe Salis (1851/1897) avait une personnalité très controversée : Il imagina de créer un café « du plus pur style Louis XIII… avec un lustre en fer forgé de l'époque byzantine et où les gentilshommes, les bourgeois et manants seraient dorénavant invités à boire l'absinthe et l'hypocras dans des coupes d'or ». En réalité, Le Chat Noir, ouvert en novembre 1881, commença par servir du mauvais vin dans un décor sommaire, mais déjà, à la porte, les clients étaient accueillis par un Suisse splendidement chamarré, couvert d'or des pieds à la tête, chargé de faire entrer les peintres et les poètes tout en laissant dehors les « infâmes curés et les militaires ». Le premier Chat Noir était situé dans deux petites pièces boulevard de Rochechouart. Il dut son nom à un chat noir perdu sur le trottoir que Salis trouva pendant les travaux. Progressivement, le décor fut amélioré pour donner un aspect pseudo-historique.
Salis avait rencontré, quelque temps auparavant, Émile Goudeau qu'il avait convaincu de transférer ses Hydropathes, qui se réunissaient sur la rive gauche, dans son établissement. Très rapidement, les poètes et les chansonniers qui se produisaient au Chat noir attirèrent la meilleure clientèle de Paris. On trouvait au Chat noir les peintres Willette, Henri Pille, les chansonniers Aristide Bruant, Jules Jouy, Jean Goudezki et son ami l'humoriste Alphonse Allais et les poètes Georges Lorin, Charles Cros, Albert Samain, Maurice Rollinat, Maurice Mac-Nab, Jean Richepin, etc. Léon Bloy fut un habitué ! C'était avant sa période mystique, bien sûr… Rodolphe Salis eut l'idée d'installer un piano, ce qui était une première dans un cabaret, de sorte que la chanson de cabaret vit véritablement le jour au Chat noir.
Le succès aidant, Salis transféra le cabaret dans un immeuble de trois étages situé à proximité. Dans les différentes salles, il fit réaliser des décors farfelus, sous l'égide d'illustrateurs tels que Henri Rivière et Caran d'Ache. Il créa également, avec l'aide d'Henri Rivière, un théâtre d'ombres en couleurs sur lequel furent données de véritables petits chefs d'œuvres dont la musique était composé par Georges Fragerolle . Il déménagea peu après pour s'installer au 68, boulevard de Clichy.
Pour assurer la promotion du cabaret, Rodolphe Salis et Émile Goudeau créent la revue hebdomadaire, Le Chat Noir, dont les derniers numéros furent publiés de façon plus ou moins régulière jusqu'en 1892 si l'on en croit les offres de vente. Les renseignements donnés sur Internet sont, à cet égard, faux car ils fixent le dernier numéro au 30 septembre 1897. Cette revue incarna l'esprit « fin de siècle » et avait pour collaborateurs les chansonniers et les poètes qui se produisaient dans le cabaret ainsi que les artistes qui l'avaient décoré : Caran d'Ache y donnait des scènes militaires et Willette des Pierrots et des Colombines. Le Chat noir fut un des premiers à publier de petits articles de Jean Lorrain. On y trouve la signature d’auteurs prestigieux comme Paul Verlaine ou Jean Richepin, le tout magnifiquement illustré par Steinlen.
Vous comprendrez donc que ce recueil que je vous propose dans un état impeccable vaut son pesant d'absinthe… Pierre
COLLECTIF. Le Chat Noir. 98 numéros (N° 208 du 2 janvier 1886 au N° 306 du 19 novembre 1887). Paris, Rue Victor Massé. Reliure demi-basane de revue au format in folio en parfait état. Cahiers bien solidaires. La page 815 est incomplète car partiellement déchirée. S'adresser à Francisque Sarcey pour la récupérer. Une mine d'informations loufoques. 700 € + port
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3 commentaires:
En avril 1944, lors du bombardement aérien de La Chapelle, une bombe anglaise égarée est venue frapper de plein fouet la sépulture de Allais. Plus rien - L'emplacement seul est resté... Normal pour un artificier des mots !
J'arrive du salon du livre d'Aigues-Mortes où j'ai passé une agréable journée. Bonne organisation.
Nous n'étions que trois libraires d'ouvrages anciens mais de nombreux auteurs indépendants, Acte-Sud et un libraire d'Aigues-mortes étaient présents dans la Chapelle des Capucins mise à disposition pour l'occasion. J'ai pu faire une tour dans la ville, à l'heure du déjeuner. La ville est loin d'être morte !
J'avais amené des ouvrages sur "Le Général" : De Gaulle, en dehors du 9 Novembre, se vend mal... Et nous n'étions, semble t-il, pas le 9 novembre ;-)) Pierre
Pas grave, vous les vendrez le 18 juin prochain !
Vous avez de la chance de pouvoir faire encore un salon; dans le Nord, c'est à dire à Valence et au dessus, il a plu toute la journée, on a du se résoudre à lire nos livres...
Textor
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