André Suares, celui qu'on surnommait "le condottière des lettres", est aujourd'hui oublié des lecteurs - la faute aux critiques qui ont souvent persisté à ignorer son œuvre. Il ne s'agit pas aujourd'hui de la venger : il l'eût dédaigné ; pas d'avantage de la défendre : il n'en a pas besoin ! Je l'ai déjà présenté sur ce blogue (on peut cliquer) en raison de son exceptionnelle coopération avec l'Artisan du livre qu'était Louis Jou.
Né à Marseille en 1868, homme de lettres avant tout, il
publia sous le nom d'André Suares, une centaine de volumes qui relèvent de
genres divers, notamment l'essai et la poésie. Il utilisa volontiers, dans ses
collaborations aux revues, les pseudonymes de Caërdal, qui signifie en
celtique "amoureux de soi", et
de Scantrel, qui était le nom d'un de ses ancêtres de Bretagne. Dédaigneux de
la popularité et des honneurs, il vécut dans une solitude noble et hautaine.
Mort en 1948, il laissa de nombreux inédits qui méritent la bienveillante attention
des bibliophiles.
Voici ce qu'il
écrivait en préface d'un de ses ouvrages : " On n'a presque jamais
le courage d'être vrai avec soi même. L'esprit qu'on veut avoir dupe l'esprit
qu'on a. Pour plaire on se range à l'avis de tout le monde ; et pour être
original, on étouffe l'atome d'originalité qu'on aurait eu peut-être si on
avait laissé parler le libre sentiment. On pense enfin comme si l'on avait à
répondre de ses pensées à la barre d'un tribunal où ne siègent que des ennemis,
les uns moqueurs, les autres injurieux, tous injustes. La plupart des hommes
n'ont jamais la moindre idée qui leur soit propre. L'empire de la mode s'exerce
avec plus de rigueur et plus de tyrannie jalouse sur l'intelligence que sur les
oripeaux…".
Cette source de
mépris était une force parce qu'elle était indépendance d'esprit ! Cependant,
ceux qui se sont refusés à une si brutale liberté de jugement ont réduit la
pensée de Suares à ce grossier schéma : " Lyrique et orgueilleux, il s'enfermait
de plus en plus dans son moi intime et tentait de se libérer de ces complexes
raciaux qui sont "habituels aux israélites" (dixit Arsène Chassang)
et qui étaient aggravés chez lui par un naturel ombrageux ".
Cette conquête du
monde par le verbe est par excellence une attitude de poète. Je vous propose, pour
illustrer ce propos du jour, une œuvre poétique de l'auteur : Rosalinde sur
l'eau. Cet hymne à l'amour - et particulièrement à l'amour de la nature – est une
ode enfantée dans la douleur comme beaucoup de textes de Suares. Vous serez
peut-être emportés par la ravissante mélodie de ses anges tristes ? Normal ! Seules les personnes
de haute vertu aiment les œuvres de Suares… Pierre
osalinde sur l'eau. Illustrations de
Jacques Beltrand. Paris. Beaux Livres-Grands Amis. 1960. Un volume in folio(278
x 341mm) en feuilles, couverture, chemise et emboîtage, contient les
allocutions prononcées à l'Assemblée Générale des Beaux Livres-Grands Amis le
13 novembre 1960 à Paris. Texte inédit. Tirage à 230 exemplaires, impression
par l'Imprimerie Nationale, les belles compositions de Jacques Beltrand ont été
imprimées sur ses presses à bras par Henri Jacob. Exemplaire N°15, nominatif
pour M. Robert Beltz. Le menu du diner de l'assemblée générale du jour. Très
bel état. 280 € + port
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