Cette vie des Saints que je propose aujourd’hui à la vente est l'œuvre de l'historien janséniste Adrien Baillet (1649-1706), qui fut bibliothécaire de Lamoignon et auquel on doit la première biographie de René Descartes. J'ai déjà eu l'occasion de présenter sur le blogue une autre de ses publications : L'histoire des démêlez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel, Roi de France.(on peut cliquer)
Manifestement, ce prêtre avait quelques
comptes à régler avec les dogmes de la
religion ! Prêtre, théologien et homme de lettres, il a vu certains de
ses ouvrages mis à l’Index par l’Église car il mettait en doute «l’immaculée
conception» et «l’assomption» de Marie, mère de Jésus de Nazareth, et refusait
de reconnaitre certains «miracles» non confirmés par des faits irréfutables. La
plus grande partie de ces Vies de Saint furent d'ailleurs mise à l’index !
Pour vous donner, a contrario, un exemple irréfutable, voici,
maintenant, la vie de Sainte Marthe, notre sainte tarasconnaise afin que, lors
de votre prochain passage en notre bonne ville, vous en sachiez autant que moi…
Marthe, qui donna l’hospitalité à Jésus, descendait de race royale et avait pour père Syrus et pour mère Eucharie. Marthe possédait avec sa sœur trois châteaux, Magdalon, Béthanie et une partie de la ville de Jérusalem. On ne trouve nulle part qu'elle se soit mariée, ni qu'elle ait eu commerce avec aucun homme. Or, cette noble hôtelière servait le Seigneur et voulait que sa sœur le servît aussi. Après l’ascension du Seigneur, quand les apôtres se furent dispersés, elle et son frère Lazare, sa sœur, Marie-Magdeleine, ainsi que saint Maximin qui les avait baptisés et auquel elles avaient été confiées par l’Esprit-Saint, furent mis par les infidèles sur un navire dont on enleva les rames, les voiles, le gouvernail ainsi que toute espèce d'aliment… Sous la direction de Dieu, ils arrivèrent à Marseille. De là, ils allèrent au territoire d'Aix où ils convertirent tout le peuple à la Foi.
Il y avait, à cette époque sur les rives du Rhône, dans
un bois entre Arles et Avignon, un dragon, moitié animal, moitié poisson, plus
épais qu'un boeuf, plus long qu'un cheval, avec des dents semblables à des
épées et grosses comme des cornes, qui était armées de chaque côté de deux
boucliers. Ce dragon se cachait dans le fleuve d'où il ôtait la vie à tous les
passants et submergeait les navires. A la demande des tarasconnais, Marthe alla
dans le bois et l’y trouva mangeant un homme. Elle jeta sur lui de l’eau bénite
et lui montra une croix. A l’instant même, le monstre dompté resta tranquille
comme un agneau ! (quand je constate que les gens croient aux crèmes
amincissantes, je ne vois là, rien de plus surprenant…). Sainte Marthe le lia
avec sa ceinture et incontinent, il fut tué par le peuple à coups de lames et
de pierres !
Or, les habitants du pays appelaient ce dragon
"Tarasque" et en souvenir de cet évènement ce lieu s'appelle encore
Tarascon, au lieu de Nerluc, qui signifie lieu noir, parce qu'il se trouvait là
des bois sombres et couverts. Ce fut en cet endroit que Sainte Marthe, avec
l’autorisation de Maximin et de sa sœur, se fixa désormais et se livra sans
relâche à la prière et aux jeunes avec un accent circonflexe.
Plus tard, elle fit bâtir une basilique. Elle y mena une
vie assez dure, s'abstenant d'aliments gras, d'œufs, de fromage et de vin et ne
mangeant qu'une fois par jour (mais 5 légumes !). Le jour suivant sa mort qui
était un dimanche, comme on célébrait les laudes auprès de son corps, vers
l’heure de tierce, Notre-Seigneur apparut à Saint Front qui célébrait la messe
à Périgueux, et qui, après l’épître, s'était endormi sur sa chaire (le premier
qui rigole…) : "Mon cher Front, lui dit-il, si vous voulez accomplir ce que
vous avez autrefois promis à notre hôtesse, levez-vous vite et
suivez-moi". Saint Front ayant obéi à cet ordre, ils vinrent ensemble, en
un instant, à Tarascon où ils chantèrent des psaumes autour du corps de Sainte
Marthe et firent tout l’office avec Saint Trophime d'Arles et Saint Maximin
d'Aix réunis, comme les rois mages, en Galilée, qui suivent des yeux l'étoile
du berger…
Or, plus tard, comme il s'opérait beaucoup de miracles au
tombeau de Sainte Marthe, Clovis, roi des Francs, qui s'était fait chrétien et
qui avait été baptisé par Saint Rémy, souffrait d'un grand mal de reins. Il
vint donc au tombeau de la sainte et y obtint une entière guérison. A
l'occasion des élections régionales qui vont bientôt désigner les futurs
représentants de ce territoire, on nous a promet encore de nouveaux miracles…
Pierre
BAILLET. Les vies des saints composées sur ce qui nous
est resté de plus authentique & de plus assuré dans leur histoire,
disposées selon l'ordre des calendriers & des martyrologes. Avec l'histoire
de leur culte selon qu'il est établi dans l'Eglise catholique. Et l'histoire
des autres festes de l'année.
La plus grande partie de ces Vies furent mise à l’index,
car leur auteur avait tendance à écarter les miracles qui ne paraissaient pas
avérés. Paris, J. de Nully, 1701-1707.- 4 volumes in folio
(39/26 cm). Hagiographie chrétienne. Comprend : Tome I : Janvier, février, mars
- Tome II : avril, mai, juin - Tome III : juillet, août Septembre - Tome V,
Fêtes mobiles, chronologie, topographie. Reliure plein veau, dos à nerfs,
caissons fleuronnés, roulettes sur les coupes, gardes colorées. Manques aux
coiffes. Les mois d'octobre, novembre et décembre sont absents de cet
exemplaire. Excellent état. 840 € les 4 tomes + port (13kg)
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