Un ouvrage vient de sortir des presses en cette fin d’année 1951. La rédaction en a été commencée en 1937 : " Michel est un garçon de vingt ans, ancien élève des Pères, ardent, intelligent et pauvre qui débarque à Paris dans les années vingt pour y terminer ses études. Il découvre Paris : musique, peinture, théâtre, littérature, et le plaisir. Il y a de quoi l’enivrer quand intervient un événement qui le fait changer de direction. Son ami Régis, demeuré à Lyon, lui apprend qu’il veut devenir prêtre, et même jésuite, et en même temps qu’il aime une jeune fille nommée Anne-Marie. Quand Régis entrera au Séminaire, Anne-Marie commencera son noviciat dans un ordre féminin. L’évocation de l’amour mystique et pur, mais brûlant qui les unit bouleverse si bien Michel qu’il tombe à son tour amoureux d’Anne-Marie sitôt qu’il la rencontre.
Le seul moyen de rejoindre Anne-Marie lui paraît être de
rejoindre à la fois Régis et Anne-Marie dans leur aventure spirituelle. Michel
essaie donc de se convertir mais vainement. Il n’ose pourtant avouer la vérité
et son amour à Anne-Marie que le jour où Anne-Marie et Régis se séparent. Elle
se tourne alors vers lui. Mais Michel est un être à qui la terre suffit,
Anne-Marie une de ces créatures qui sont perdues lorsqu’elles ont perdu leur Dieu...
Après un étonnant voyage en Italie et en Turquie, les familles sont prêtes à
marier les jeunes gens mais Anne-Marie refuse et rompt avec Michel. Elle ne
retrouvera pas la foi, cependant elle en garde la nostalgie et la marque
profonde. Elle dit elle-même que le christianisme est une « drogue », mais
qu’elle en a pris « une trop forte dose » et « qu’elle ne s’en remettra jamais
». Régis et son Dieu triomphent… mais sur les ruines du bonheur humain ! ".
Voici un bien beau quatrième de couverture, n’est-ce
pas ? Mais ce roman - Les deux étendards - qualifié de remarquable par
les critiques littéraires, ne sera pas, ou très peu, diffusé par l’éditeur Gallimard
qui avait pourtant acquis
clandestinement le manuscrit de
l’auteur : Lucien Rebatet. Victime d’une
conspiration du silence du fait des positions politiques de son auteur durant
la seconde guerre mondiale, le roman a eu, depuis, deux nouveaux tirages mais
n’est toujours pas sorti en livre de poche ! Pourtant l’intrigue ne parle que de religion
et d’amour… La faute au parcours
politique chaotique de l’écrivain Rebatet !
Écrivain, journaliste, critique musical et
cinématographique, Lucien Rebatet (1903-1972) est surtout connu pour être une
figure de la collaboration, auteur des Décombres (le livre le plus vendu de
l’Occupation), long ouvrage qui alterne mémoires et pamphlet antisémite. Il ne
reniera d’ailleurs jamais complètement ses idées… Condamné à mort en 1946, puis
gracié en 1951, ce vaincu de l’histoire a écrit une grande partie de ce roman
extraordinaire de 1300 pages en prison, les chaînes aux pieds, dans l’attente
de son exécution, n’ayant d’autres angoisses que de ne pas pouvoir l’achever…
En 1945, il fit partie avec Louis Ferdinand Céline
et Abel Bonnard des écrivains réfugiés à Sigmaringen dont la France voulut
faire oublier les noms. Il fut gracié en 1947 et avait bénéficié d’une pétition
qui comprenait les signatures de Paulhan, Bernanos, Roger Martin du Gard,
Roland Dorgelès, Pierre Mac Orlan, Jean Anouilh, Camus, Mauriac, Claudel,
Marcel Aymé. Il est vrai que Lucien Rebatet avait toujours revendiqué de n’être qu’un
écrivain… Pierre
Les deux étendards. Paris, Gallimard
éditeur, 1951. Deux volumes in-8. Brochés 496 et 519 pages. Première édition
(mention fictive de 10ème). Etat absolument parfait. 130 € + port
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