mercredi 18 novembre 2015

L'Abbaye de Cluny, la belle disparue révélée par Kenneth John Conant.


Ceux qui se souviennent des décors et des costumes du film "Au nom de la rose" se rappellent peut-être que l'Abbaye où est logé Guillaume de Baskerville est peuplée de "moines noirs". Ces derniers font partie de l'ordre des bénédictins comme les moines qui composaient l'Abbaye de Cluny dont je présente, aujourd'hui, l'histoire. Guillaume de Baskerville (franciscains) est un "moine blanc", ordre dont les coreligionnaires mendiants de l'époque sont les cisterciens. Chaque ordre est facile à reconnaitre par sa tenue mais aussi par l'architecture de ses abbayes. C'est ce que Kenneth John Conant s'est attaché à étudier pendant près de 22 années de recherches archéologiques entreprises à Cluny de 1928 à 1950.


Par exemple, Les abbayes "clunisiennes" ont plus de luxe (clochers, etc) et sont formées de bâtiments peu adaptés au travail manuel. De plus, celles-ci se trouvent au milieu du bourg, et donc possèdent peu de terres cultivables contrairement aux abbayes cisterciennes qui se trouvent dans des endroits isolés pour trouver le calme et avoir une rupture avec le monde extérieur... A Cluny, ce sera la major Ecclesia, dédicacée en 1130, mais dont l’immense avant-nef ne fut définitivement achevée qu’en 1220. C’était un édifice énorme et splendide, avec un grand narthex, cinq nefs, un double transept et un chœur à déambulatoire et chapelles, le tout couronné par six clochers puissants. L’édifice mesurait 187 m de long et 25 m de large, avec une hauteur de voûte de plus de 30m. Le chœur se terminait par une abside semi-circulaire entourée de 5 chapelles également semi-circulaires. Cluny fut la plus grande église romane et le plus vaste édifice religieux d’Occident jusqu’à la construction, trois siècles plus tard, de St Pierre de Rome !


Le présent ouvrage constitue ''LA" référence sur le sujet. L'ouvrage fut imprimé à petit nombre, dont une moitié partit pour les USA, l'auteur Kenneth John Conant, (1894-1984), étant un historien américain spécialiste de l'architecture médiévale. Aujourd'hui, Cluny est un lieu où il n’y a pas à voir, au sens propre du terme, mais à imaginer ! Le visiteur ne peut voir que les vestiges de ce qui fut la plus grande abbatiale du Moyen-âge.


C’est en septembre 909 que commence l’histoire de l’abbaye de Cluny. Par une charte rédigée aux assises de Bourges, Guillaume Ier dit le Pieux, donne « la villa de Cluni et toutes possessions attenantes » à Bernon, abbé de Baume-les-Messieurs (Jura). A la demande de Guillaume, Bernon y fonde un monastère de douze moines, selon la règle de Saint Benoît.


A cette période, la France est sous la dynastie carolingienne, mais l’autorité royale est affaiblie. L’Église est prise dans le système féodal, en particulier au travers de la dîme, cet impôt que les paysans doivent aux abbés. La crise est également morale, la règle de St Benoît est délaissée, ce sont des laïcs qui choisissent les abbés parmi les riches familles.


La charte fondatrice de Cluny permet précisément à l’abbaye d’être directement rattachée au Pape, et permet à ses moines de désigner eux-mêmes leur abbé. Les moines de Cluny s’engagent à la miséricorde envers les pauvres, les indigents, les étrangers et les voyageurs. La construction de l’abbaye est achevée en 927, mais son influence croît rapidement, le nombre de moines augmente, et il faut agrandir l’église. Cluny II est consacrée en 981 et reçoit des reliques de St Pierre et St Paul. Toutefois, un projet grandiose est lancé avec Cluny III, dont la construction débute en 1088 : il s’agit d’une église capable d’accueillir un millier de moines ! Les abbés de Cluny insistent sur l’office divin, l’hospitalité et l’aumône. Ils se tiendront d'ailleurs à l’écart des croisades et de l’Inquisition. L'abbaye sera plus tard, et particulièrement après la Révolution, utilisée comme outil de construction par les habitants de la cité. Les Pierres des maisons de Cluny sont donc chargées d'histoire religieuse… Pierre


CONANT (Kenneth John). Cluny, les églises et la Maison du chef d'ordre. Mâcon, Imprimerie Protat Frères, 1968. Un fort volume au format in-folio (38/26cm) de 169 pp. Cartonnage demi-percale rouge, dos lisse, titre manuscrit, plats colorés, gardes colorées. Rare et importante monographie, elle s'agrémente de nombreuses planches photographiques. Table : Bibliographie - Textes et documents sur l'histoire de l'abbaye - Eclosion du monastère, étude archéologique, épisodes de la construction et reconstruction de l'abbaye et son église - L'épopée de l'abbé Hugues - Ses continuateurs - L'œuvre des abbés de la période gothique et du régime de la commende - Appendices - Planches - Index et tables. Bel état. 240 € + port

2 commentaires:

calamar a dit…

relevons une erreur fréquente : Bernon, quand il part fonder Cluny, n'est pas abbé de Baume les Messieurs, il dirige Gigny (dans le Jura également). Pour fonder Cluny il emmène 12 moines, 6 de Gigny et 6 de Cluny.
Gigny est moins connue que les deux autres abbayes, mais à la différence de Cluny son abbatiale est toujours debout !

Pierre a dit…

Mise au point qu'il fallait préciser, mon Révérend... Mon prochain voyage en Lons-le-saulnie me fera visiter Gigny, c'est sûr. Pierre