L'auteur de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente, Arsène Alexandre, cite en préface un mot de Léon Willette : " Il n'y a pas à chercher un nouveau mot pour désigner l'œuvre d'un caricaturiste ; ni fantaisie, ni charge… Seul le mot dessin suffit ! Il n'y a pas de caricature, il y a des caricaturistes…".
Depuis toujours, depuis le Moyen-âge, depuis le XVIème
siècle et la Réforme, depuis la Révolution, depuis les grandes guerres, la
caricature accompagne l’histoire. Sorte de pamphlet graphique, favorisé par
l'imprimerie et par l’essor de la presse, elle constitue un contre-pouvoir
d’une redoutable efficacité.
En fait, la caricature n'est qu'une affaire de liberté
d’expression. L’impertinent Charlie Hebdo est là pour nous le rappeler :
apprendre à lire une caricature et pouvoir en rire est aussi une question
d’éducation. Alors, ce ne serait pas tant la caricature qui pose problème que
son interprétation... Ainsi, nombreux sont ceux qui de nos jours, bien que
défendant la liberté d’expression, viennent pondérer leur soutien en affirmant
que telle caricature n’est pas de bon goût, pas pertinente ou allait trop loin !
Le caricaturiste, en accentuant les traits d’une société,
ouvre nos yeux parfois trop prisonniers de leurs rides. S’il peut légitimement
être apparenté à une figure de poète, c’est bien par sa faculté de saisir
l’essence même d’un sujet, d’aller au fond des choses pour en extraire une
substance fondamentale qu'il pose problème. Plonger au sein de la gravité, de
l’austérité et réussir à en tirer un principe comique qui égaierait les cœurs,
n’est-ce pas ce qu’ont toujours fait nos dramaturges de comédie ? Des
"Molière modernes", ainsi pourrait-on appeler ces dessinateurs qui
bravent le politiquement correct dans un caustique esprit de dérision. Bergson,
en 1899, montre dans son essai Le Rire la difficulté à faire ressortir de
l’être un élément comique. Il affirme alors qu’« il y a des caricatures
plus ressemblantes que des portraits, des caricatures où l’exagération est à
peine sensible » et qu’à l’inverse, « on peut exagérer à outrance
sans obtenir de véritable effet ».
L'ouvrage que je présente ici n'est cependant pas une étude
sérieuse nous dit l'auteur mais "une
sorte de panorama de l'art du risible et du satirique dans le dessin.". La
caricature de l’Égypte Ancienne jusqu'à Willette... Quel régal pour les yeux et
quel plaisir de fin gourmet que de feuilleter cet ouvrage qui semble effleurer
l'histoire mais qui nous en apprend parfois plus sur notre passé que cent
traités ennuyeux ! Pierre
L'art du rire et de la caricature. Paris,
Librairies-imprimeries Réunies, ancienne maison Quantin, S.d. (1892). Un volume
in-4. Reliure demi-chagrin vert empire, , dos à 5 nerfs, nom de l'auteur et
titre doré, caissons fleuronnés, plats colorés,
couverture conservée. 350 pp. Ouvrage orné de 300 fac-similés en noir et
12 planches en couleurs d'après les originaux. Petits défauts d'usure. Bon
état général. Vendu
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