Avouons-le, il n'est pas facile de déterminer ce qu'est l'histoire de l'Angleterre. L'Abbé Millot s'y est essayé au 18eme siècle. C'est son étude que je propose aujourd'hui à la vente. Être Anglais, est-ce une ethnie? (je ne parle pas de race, bien évidemment). Une appartenance territoriale ? Une culture ? Une nationalité ? Difficile d'y répondre, ce qui explique peut-être pourquoi la question ne cesse d'être posée par des personnes inquiètes pour l' "identité nationale" du peuple d'Angleterre, si tant est que cela existe.....
Les Gallois savent ce qu'ils sont, les Écossais aussi. Les Irlandais du nord savent ce qu'ils ne sont pas. Mais les Anglais ? La question de l'identité nationale des anglais n'est pas prête d'être résolue ! Il n'y a qu'à rappeler que le dernier monarque présenté par l'abbé Millot, Georges 1er dont le règne se termine avec celui de Louis XIV en France, était impopulaire en Grande-Bretagne en raison de sa supposé incapacité à parler anglais… D'ailleurs, à la différence de nombreux autres pays, l'Angleterre n'a pas de journée nationale.
Mais est-il possible de dire, pour autant, que le mot
"anglais" définit une simplement une ethnicité ? Pas sûr ! A la fin de la période glacière, il y a plus de 10
000 ans, les îles britanniques - encore rattachées à l'Europe continentale -
ont été peuplées par des nomades venus d'Anatolie et du nord de l'Espagne. Ces
peuples dits celtiques occupaient le territoire de la Grande Bretagne jusqu'à
l'invasion romaine ; les Romains les appelaient collectivement les Britanni. Pendant la période Romaine, de l'an 49 jusqu'au cinquième siècle, les Romains
se sont imposés sur le territoire nommé aujourd'hui Angleterre, sans pouvoir
vaincre les derniers Britanni réfugiés à l'ouest et au nord, régions qui ont
conservé une identité celtique (cf : Kamelott). Au cours de ces quatre siècles,
les Romains se sont intégrés à la société, pour devenir en Angleterre les
Romano-britanniques, comme les Gallo-romains en France. Mais il est à noter
qu'on dit Romano-britannique, alors qu'en Gaule on parle de gallo-romains, le
mot gallo définissant le mot romain.
La différence n'est pas anodine. Alors qu'en Gaule la
culture romaine et la langue latine se sont imposées au point de conditionner
l'avenir du pays et la langue française, en Angleterre, quand les Romains sont
partis, le pays est revenu largement à ses racines celtes, malgré la
romanisation ethnique partielle de son peuple. Après les Romains, ce furent les Vikings puis les Anglo-Saxons, venus de
Scandinavie et du nord de l'Allemagne, qui ont envahi le pays, occupant une
grande partie des zones côtières et la partie romanisée du pays. Les
Anglo-Saxons se sont imposés sur les Romano-britanniques au point de donner au
pays un nouveau nom, l'Angleterre, ou pays des Angles...
La dernière conquête de l'Angleterre remonte à 1066, quand les Normands sont venus de France. Au fil des siècles, la noblesse normande, comme une partie importante de la société, a migré en Angleterre, amenant avec elle sa langue - le français normand - et sa culture. Ainsi, dès le 11 eme siècle, la société anglaise est formée d'une aristocratie anglo-normande, d'un peuple d'origine anglo-saxonne, et sur ses franges des peuples d'origine britannique. C'est la base essentielle du peuple anglais de nos jours.
L'histoire n'en est pas pour autant terminée. Depuis le Moyen-âge, le peuple anglais a continué d'être enrichi par l'arrivé de nouveaux immigrés, souvent fuyant la persécution dans d'autres parties d'Europe. L'arrivé massive d'Huguenots (protestants français), par exemple, au 17° siècle a rajouté 1% à la population anglaise... L'abbé Millot ne sut pas, cependant, qu'ensuite et jusqu'à aujourd'hui, la société anglaise deviendrait à ce point "multiculturelle". L'accueil des migrants venant de Calais en étant un nouvel exemple… Pierre
Élémens de l'Histoire d'Angleterre depuis la conquête des Romains,
jusqu'au règne de Georges II. Par l'Abbé Millot, des Académies de Lyon de
Nancy. Nouvelle édition. En Suisse Chez Les libraires Associés, 1779. Trois volumes in-12. Reliure plein veau jaspé, dos à nerfs,
filets, caissons fleuronnés, titre et tomaison en lettres dorées, gardes
colorées, tranches jaspées. Défauts de reliure, usures aux coins, petites
restaurations discrètes, intérieur frais. 110 € + port
(Abbé).
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