Voici un ouvrage dont personne n'a jamais désiré s'attribuer la paternité ! Dans la préface du Tome I, le "préfessier" Thomas Wright, membre correspondant de l'Institut de France nous suggère que l'ouvrage libertin est à attribuer à Antoine de la Sale. En fait, il s'agit de récits grivois de même nature, écrits pendant la même période, et peut-être dans un même lieu au centre duquel on pourrait trouver le futur roi Louis XI... Ce fut un genre littéraire qui connaîtra son apogée pendant la Renaissance et jusqu'au qu'au XIXe siècle avec Les Cent Contes drolatiques d'Honoré de Balzac ! Dans la même veine, vous trouverez plusieurs auteurs, tant de langue italienne que française, L'Heptaméron de Marguerite de Navarre en étant la plus fidèle reproduction en littérature française, Les Contes de Cantorbéry de Chaucer, l'équivalent dans la langue de Shakespeare...
Dans le Decameron, dix jeunes gens, narrant chacun une nouvelle pendant dix jours, produisent un total de cent nouvelles. Ici le principe est le même avec les cent nouvelles nouvelles attribuées à Antoine de la Sale.
L'auteur naquit en Provence, dans la région arlésienne, vers 1386 (vraisemblablement à Tarascon car le climat est propice à la
luxure). Il voyagea en Italie et fut attaché d'abord à Louis III, duc
d'Anjou, roi de Sicile, qui le prit comme secrétaire de 1423 à 1434. À la mort
de ce prince, il passa au service de notre " bon Roi René " d'Anjou.
En 1448, déçu, car il avait été peu rémunéré pour ses services, La Sale quitta
René d'Anjou et vint dans le nord de la France, à la cour de Louis de
Luxembourg, comte de Saint-Pol, futur connétable de Louis XI, qui le présenta
peut-être à Philippe le Bon. Celui-ci avait alors donné asile au Dauphin fuyant
la colère de son père. La Sale ne tarda pas à s'attirer les bonnes grâces de
l'exilé, qui l'aurait invité à collaborer aux Cent Nouvelles Nouvelles que je
vous propose aujourd'hui à la vente.
Ces Cent Nouvelles nouvelles, dites du roi Louis XI, recueil de contes, ont été
composées de 1456 à 1461 à la cour du duc de Bourgogne pendant le séjour que
fit au château de Genappe le dauphin Louis. Pour distraire les ennuis de l'exil
du dauphin, chaque seigneur à son tour faisait un récit croustillant. Un
secrétaire, ajoute la tradition, recueillit ces histoires. On s'accorde à
reconnaître aux Cent nouvelles nouvelles, un auteur unique qui leur donna sa
forme et son style, Antoine de La Sale, à qui
l'on doit encore Les quinze joyes du mariage (que j'ai déjà présentées sur le blogue) et l'Histoire du petit
Jehan de Saintré !
Certains critiques excluent pourtant cette attribution. La Sale n'en serait pas
l'auteur et n'y collabora pas, même si effectivement
la cinquantième de celles-ci (La Cinquantiesme Nouvelle par monseigneur de La
Salle, premier maître d'hôtel de monseigneur le Duc) porte son nom. Bon ! Mais
alors, qui a écrit ces petits récits grivois ?
Dans l'édition publiée en 1486 par Ant. Vérard, les "Nouvelles" portent les noms
de ceux qui les contèrent, et celles qui sont attribuées à Monseigneur, sans
autre désignation, appartiennent, dit l'éditeur, au dauphin lui-même... De là à dire que l'auteur de
l'essentiel du livre serait le futur Louis XI, il
n'y a qu'un pas à faire ! Que nous ne ferons pas… Pierre
Sale (Antoine de la). Les Cent
Nouvelles Nouvelles. 2 tomes in-12. Bibliothèque
Elzévirienne, P. Daffis, P. Jannet, Jouaust-imprimeur, 1858 [1857 pour le second tome !]. Cartonnage
pleine percaline rouge d'éditeur, plats estampés, dos lisses ornés. XLIII-303
et XXXII-323 pp., Introduction et notes par Thomas Wright. Bel exemplaire de cette remarquable édition dans sa reliure
d'éditeur. Ex-libris. 40 € + port
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire