De 1870 et jusqu’en 1918, l’Alsace et la Lorraine sont annexées par l’Allemagne. Une université entièrement nouvelle, voulue par Bismarck pour des raisons de prestige, est construite en territoires annexés afin d’attirer les meilleurs scientifiques du monde entier. C’est dans ce contexte que F.A. Flückiger (1828-1894) est nommé professeur de chimie et de pharmacognosie puis directeur de l’Institut pharmaceutique de l’Université de Strasbourg, poste qu'il conservera jusqu'à sa retraite en 1892. Pharmacien d’origine suisse, de 1873 à1892, il améliorera les connaissances sur les drogues végétales et développera une approche nouvelle en associant les progrès récents de la botanique et de la chimie à la connaissance de l’histoire de drogues.
Flückiger excella dans ce domaine, servi par sa parfaite
connaissance des langues anciennes et l'usage de plusieurs langues modernes. Il
donna à l'Université de Strasbourg ses lettres de noblesse. Il ressort cependant
de sa correspondance que son séjour dans une ville partiellement détruite par
les graves bombardements du siège de 1870 ne lui était guère agréable, non plus
que la fréquentation de ses collègues hauts fonctionnaires allemands dont il ne
partageait pas les opinions politiques, ni la modicité de son traitement. Il
n'était pas en bonne santé et souhaitait un prompt retour dans sa Suisse natale… Quant à son assistant, auquel il confia son institut lors de son départ, il
estimait qu'il n'avait pas l'étoffe pour lui succéder !
Il est associé dans l'ouvrage de
référence que je propose aujourd'hui à la vente à Daniel Hanbury (1825-1875), botaniste
et pharmacologue britannique, qui
était l'un des principaux experts du 19ème siècle sur la pharmacognosie, l'étude
des applications médicinales de
la nature, principalement de
plantes. Les connaissances approfondies de la botanique d'Hanbury étaient
basées sur des années d'études et de collecte de végétaux acquises pendant ses
voyages au Moyen-Orient et en Europe et étaient complétées par une
correspondance abondante avec des collègues à travers le monde. J'imagine qu'il
devait aussi posséder une belle bibliothèque riche d'herbiers anciens.
Peut-être avait-il sur ses rayonnages le remarquable ouvrage de pharmacognosie
ancienne que j'ai présenté ici ? (on peut cliquer pour le plus grand bonheur de votre animateur)
Les produits d'origine végétale, issus du règne végétal, utilisés
comme matière première, en l'état ou après un procédé de production approprié,
dans les préparations pharmaceutiques sont encore et toujours très nombreuses. On
pense en premier aux produits dérivés des produits narcotiques et des produits
stupéfiants ; mais il y en a bien d'autres !
Les drogues végétales sont essentiellement des plantes,
parties de plantes ou algues, champignons, lichens, entiers, fragmentés ou
coupés, utilisés en l'état, soit le plus souvent sous forme desséchée, soit à
l'état frais. Certains exsudats (gommes) n'ayant pas subi de traitements
spécifiques sont également considérés comme des drogues végétales.
Des conditions appropriées de collecte, de culture, de
récolte, de séchage, de fermentation et de stockage sont essentielles pour
garantir leur qualité. Et il n'y a pas que les colombiens qui soient de bons
professionnels dans ce domaine… Un ouvrage de référence, donc, à ne pas mettre
entre les mains de tous les cartels. Pierre
Histoire des drogues d'origine végétale. Traduction de l'ouvrage
anglais "Pharmacographia", augmentée de très nombreuses notes, par le
Dr J.-L. de Lanessan, avec une préface par H. Baillon. Deux volumes In 8. Paris, Octave-Doin ,1878. Reliure demi-chagrin
rouge, dos à nerfs, tranches mouchetées, gardes colorées. Tome 1 : xi et 667 pp
– tome 2 : 671 pp. 320 figures dessinées pour cette traduction de L. Hugon. Rares
rousseurs. Bel état. Vendu
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